Cette sortie du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur traduit la nouvelle vision du chef de l’Etat de recentrer notre diplomatie vers «plus d’économie». En effet, Mankeur Ndiaye a ajouté qu’à l’heure de la mondialisation et de la compétition économique entre les Etats, il n’est plus question, pour l’Etat du Sénégal, de payer (très cher), des salaires, des loyers à l’étranger et qu’en retour, ça ne rapporte pas grand-chose au pays…
Il faut se féliciter de cette nouvelle approche de la diplomatie sénégalaise qui traine une réputation de qualité dans tous les cénacles internationaux. Mais aujourd’hui, la nouvelle donne est qu’il faut que nos diplomates se transforment en véritables marketers de la Destination Sénégal auprès des milieux d’affaires de leurs pays d’accréditation. Ils doivent informer leurs interlocuteurs sur les opportunités d’investissements, le climat des affaires, les différentes stratégies de développement pour conduire le Sénégal vers l’émergence économique.
Aujourd’hui, notre diplomatie est marquée par une orientation économique très prononcée, avec une obligation de résultats. Nos postes à l’étranger doivent être rentables. Nous leur avons demandé de faire la promotion de la Destination du Sénégal et y attirer les investissements directs étrangers. Mankeur Ndiaye.
Nos ambassadeurs, consuls généraux et surtout chefs des bureaux économiques doivent être les relais directs de la mission de l’APIX dans le déploiement de sa stratégie de promotion de la Destination Sénégal, notamment par le marketing et le lobbying pour drainer plus d’Investissements Directs Etrangers (IDE) dans le pays. Quitte à leur faire des formations pour qu’ils apprennent à «vendre» le Sénégal, non plus seulement comme un modèle démocratique, mais aussi comme une terre d’opportunités de business où on peut bien gagner de l’argent.
Et le premier à se plier à cette nouvelle exigence, c’est le président Macky Sall, himself, qui doit être le VRP de luxe de l’économie nationale. Il doit se faire accompagner, dans ses voyages à l’étranger, par les plus importants de nos investisseurs et industriels, leur ouvrir les portes et leur faciliter les opportunités d’échanges avec leurs homologues des pays qui peuvent présenter des enjeux économiques et commerciaux certains pour ces hommes d’affaires.
La preuve, les présidents américains et européens sont les premiers représentants commerciaux de leur secteur privé à l’international. D’ailleurs, pour son périple africain, Barak Obama était accompagné d’une forte délégation de 500 hommes d’affaires à qui il a ouvert un boulevard d’opportunités de business, notamment avec son African Power Initiative destiné à trouver des solutions et financements US pour le règlement de la lancinante question énergétique qui traverse toutes les frontières en Afrique. Dommage qu’au Sénégal, Obama ne nous a parlé que de démocratie attendant d’arriver en Afrique du Sud et en Tanzanie pour enfin discuter «business»…
Et puis, la reconfiguration de la cartographie économique au niveau mondial est telle que tout pays, qui ne promeut pas son secteur privé et son business, est voué à ne jouer que les seconds rôles. Et le général De Gaulle nous l’avait enseigné, il y a longtemps, que «les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts…».
Aujourd’hui, le Sénégal a intérêt à bien se positionner pour capter au maximum les flux massifs de capitaux qui convergent vers l’Afrique considérée dorénavant comme la dernière frontière pour faire des investissements productifs et générer de la croissance pour un marché d’un milliard de consommateurs. Et c’est à une bataille féroce que se livrent les pays occidentaux qui sont en train de perdre du terrain sur le continent au profit des pays émergents comme la Chine, l’Inde, etc.
Venue clôturer la 4ème conférence des ambassadeurs et consuls, le Premier ministre leur a rappelé que « la redéfinition des relations économiques internationales qui induit une réorganisation sensible du jeu des puissances, se fait par le prisme des opportunités économiques qu’une puissance peut faire prévaloir sur la scène internationale« . CQFD !
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