Aussi, Macky Sall et son équipe sont pressés d’ouvrir de multiples chantiers, ça et là, afin de donner un signal fort à l’opinion, prouver que le fameux «Yoonu Yokkuté» est bel et bien sur la bonne voie. Que malgré les tergiversations et autres récriminations, le Président tient le bon bout et garde le cap de la relance.
En effet, l’équation n’est pas simple. Le Président a besoin de quelque 3000 milliards pour financer sa trentaine de projets prioritaires qui devront changer complètement le visage du Sénégal et l’inscrire, résolument, sur les sentiers de l’émergence. Vaste programme ! Et les Chinois, qui ne s’embarrassent pas trop de procédures, sont prêts à les financer, clés-en-mains, sous certaines conditions.
“Le temps du politique n’est pas le temps du régulateur. Le politique est souvent pressé de passer ses marchés, même en sacrifiant les règles pour rendre visible son action. Il réfléchit toujours à la prochaine élection alors que le régulateur tient à ses procédures en négociant pour voir comment en raccourcir certaines, mais sans que cela n’ait un impact négatif sur le dispositif de transparence”
Des conditions qui horripilent les tenants de la légalité et du respect scrupuleux des procédures qui commencent à crier à la mal gouvernance, à soupçonner des deals et autres violations du Code des marchés publics. Et ça cafouille partout…
Juste pour dire qu’il y a urgence à s’asseoir et se parler, entre patriotes soucieux du devenir du pays. Il est vrai que ce sont de nouvelles réalités économiques qui font ainsi irruption dans notre univers concurrentiel, au niveau continental, bien entendu. L’Afrique étant devenue la dernière frontière de la croissance, certains investisseurs veulent y financer de grosses infrastructures, mais sans vraiment s’y perdre en tracasseries administratives et autres conditionnalités politiques.
Le gouvernement a obligation à inviter les parties prenantes à un débat sans fard, en pesant le pour et le contre, en faisant valoir tous les arguments afin que notre pays sorte vainqueur de cette compétition à laquelle il est obligé de prendre part, pour ne pas rater le coche du développement.
Il est vrai qu’il y a «à boire et à manger», comme on dit trivialement, dans ces gros marchés, plus que corruptogènes et qu’il faille être très vigilant pour ne pas tomber dans un piège similaire à celui de l’Anoci. Comme le rappelle, et fort opportunément, le Forum Civil.
Pour une plus grande chance de réussite, il faudrait imposer à ces partenaires d’un genre nouveau, l’implication du secteur privé local, pour un partage plus élargi du «gâteau», à toutes ces petites et moyennes entreprises qui ont du mal à survivre à une crise impitoyable et meurtrière d’entreprises.
D’ailleurs, récemment, la Cour des Comptes s’émouvait, dans son Rapport annuel, de la récurrence des actes délictuels dans la gestion de nos managers publics, mais surtout du non-respect de ses recommandations, souvent laissées lettre morte dans les tiroirs des cabinets ministériels et présidentiel.
Il y a un gros pari à faire sur l’intelligence pragmatique et la conscience morale de tous ces acteurs de la commande publique pour un consensus minimal sur les voies et moyens de réaliser cette ambition pour ce Sénégal émergent de tous nos vœux.
Autant d’engagements à prendre et à tenir pour que le Sénégal continue à figurer dans le peloton de tête des pays réformateurs, très «business friendly» et où les détenteurs de capitaux aiment bien vivre et y trouvent de belles opportunités d’investissements. C’est le prix à payer et l’avenir du Sénégal en vaut le coup…
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