Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du magazine Réussir, qui est Madame Khady Ciss Wade ?
Parler de soi est toujours une entreprise difficile, quand bien même j’essayerai de partager avec notre lectorat une partie de ma vie. Pour commencer, je vais vous dire que ma vie professionnelle, tout comme privée, est indissociable à celle de Baye Dame Wade. D’ailleurs, si je suis actuellement à la tête du Groupe Réussir Business, c’est parce qu’il a cru à mon leadership. Il m’avait poussée à la démission pour me passer les reines petit à petit.
Autrement dit, je ne suis pas une professionnelle des médias. Loin de là, je suis financière de banque à la base. Mais aujourd’hui, il faut me voir comme la patronne de presse venue de la banque. Mon parcours estudiantin a été fortement influencé par mon défunt mari qui est, avant tout, un parent proche. Il m’avait conseillée après mon Brevet de collège, notamment après le Bfem, de suivre la Série G qui s’est substituée récemment, aux Sciences et technologies de l’Economie et de la Gestion, et guidas mes pas dans les Sciences Economiques et Financières :
A part cela, je suis une femme qui, au fil du temps, s’est forgée grâce à mon expérience et aux défis qui n’ont jamais cessé de s’imposer à moi. Déjà à 13 ans, j’ai eu sous ma responsabilité une famille. Ce qui n’a pas eu un impact considérable dans mon cursus scolaire, car je devais assurer, en l’absence de mes parents établis à l’étranger pour des raisons professionnelles.
Ce qui signifie que j’ai managé des hommes et femmes de tout temps. Un atout de taille pour faire face aux lourdeurs de l’entreprise liées à la gestion des « Hommes ».
Sinon, je suis Khady Ciss, née à Dakar. J’y ai fait la plus grande partie de mes études. Je suis allée à l’étranger pour poursuivre mes études… Je suis rentrée aussitôt, car s’il y a deux choses auxquelles je crois fortement, c’est à mon pays et au leadership féminin.
Comment êtes-vous arrivée dans le Groupe Réussir ?
Réussir est « notre premier bébé », Baye Dame et moi. L’idée n’est pas mienne, mais on en a beaucoup discuté. Il écoutait religieusement mes conseils, surtout pour le côté administratif. A ce moment-là, nous n’étions pas en couple. Je me souviens encore de cette panoplie d’appellations sur lesquelles on discutait pour le titre du Magazine. On avait pensé à « Réussite », puis à « Emergence », ensuite à « Valeur », entre autres, et un jour, il est revenu pour me dire qu’il avait trouvé son « sept », notamment « Réussir » en sept lettres. Oui ! En tant que véritable croyant musulman, il a cette relation particulière avec le symbolisme des chiffres et le nom Réussir collait bien avec ça.
A partir du centième numéro, Baye Dame avait senti la nécessité de diversifier les produits de son entreprise. Et pour faciliter sa décision, il avait eu recours à des financiers et autres experts en montage de société. Après deux ans, les différentes combinaisons ne marchaient toujours pas. Ainsi, au début de l’année 2017, il a fait appel à mes compétences pour le seconder. Il m’a d’abord enjointe d’y venir tous les après-midi pour diagnostiquer l’état de l’entreprise. Car, disait-il, « j’ai une écriture, mais je n’ai pas encore d’entreprise ». Il fallait donc consolider les acquis et booster l’entreprise.
Un audit s’imposait pour mettre aux normes l’entreprise qui, à l’époque, n’était pas structurée. On avait mis en place des procédures de bonne gestion administrative. Sa maladie l’avait poussé, en fin 2017, à se retirer progressivement pour me laisser la main et surtout me jeter dans le bain de la gestion quotidienne d’une entreprise de presse. Même si de loin, il surveillait la boîte.
A mon arrivée, le premier défi était donc de continuer à payer les charges pour que le support maintienne sa périodicité. Durant tout ce temps, les lecteurs n’ont pas senti cette douce transition. Voici en résumé ce qui m’a menée à la tête du magazine Réussir et la situation que j’ai trouvée en tant que Directrice générale adjointe. Entre-temps, Réussir est devenu un groupe.
Sur quels ressorts vous vous êtes appuyée pour gérer le groupe ?
L’année 2018 fut celle des nouveaux chantiers de diversification. Ceci a mené à la création de Réussir Business Group pour s’ouvrir et développer d’autres produits en mesure de suivre l’évolution du paysage médiatique sénégalais, mais aussi celle des Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. En effet, on a élargi la rédaction avec le recrutement d’une nouvelle équipe technique, notamment des infographes, des photographes, des vidéographes, des monteurs et chefs d’édition.
Parallèlement, on a procédé récemment au lancement de « Réussir Immo » qui s’inscrit dans la perspective d’une autre offre rédactionnelle et commerciale avec comme objectif, l’élargissement de notre lectorat et du public cible, afin de capter les acteurs de l’immobilier.
Je n’oublie pas l’Agence de Communication du Groupe, « Réussir Prod », spécialisée dans l’évènementiel, le Conseil et l’élaboration de support de Communication. Parmi les acquis, il faut mettre l’achat d’équipement audiovisuel pour une production de films institutionnels et thématiques qui ont trait à l’économie et à la finance. Ces productions sont la version audiovisuelle des reportages et enquêtes réalisés sur le site Réussirbusiness.com.
Toutes ces réalisations sont à mettre sur le compte d’une équipe dynamique avec une grande force de propositions, ainsi qu’un management adossé sur des atouts personnels, mais surtout sur les valeurs incarnées par le fondateur.
Comment voyez-vous l’avenir de Réussir Business Group ? Votre défunt mari vous a-t-il laissé des recommandations ?
Pour ce qui est des perspectives, le prochain défi, c’est d’aller à la conquête de l’Afrique anglophone tout en restant fidèle à la ligne directrice et aux valeurs qui sous-tendent le groupe. Telle a été la volonté du Fondateur. Le Sénégal va entrer dans une nouvelle ère économique, avec l’exploitation des ressources en pétrole et gaz découvertes dans son sous-sol. Réussir aspire, comme depuis sa création, à offrir à ses lecteurs les clés de lecture de cette nouvelle économie à travers des analyses, des explications et avis qui ont fait sa notoriété. Tout ceci n’est qu’une partie des nombreux projets que nous avons en interne. Je n’en dévoilerai pas plus, mais nos lecteurs pourront en être informés au fil des éditions. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il y aura des innovations.
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