Le village de Ndorna est entré dans l’histoire du Sénégal à travers un bâtiment historique qui représentait le centre du pouvoir du dernier grand roi du Fouladou, Moussa Mollo Baldé. Il recèle une histoire que l’équipe de REUSSIR est allée découvrir avant que ne disparaissent les rares personnes encore en vie, détentrices de ses secrets.
La bataille pour son héritage
C’est la partie la plus agréable de la vie de Moussa Mollo Baldé. Celle où il fait preuve de courage et de caractère pour résister à l’autorité de son père, le roi du Fouladou, Alpha Mollo, et récupérer son héritage royal. En effet, après un règne sans partage de son pater, le problème de son remplaçant à la tête du royaume s’est posé. « Alpha Mollo voulait que son fils le remplace, mais la tradition au Fouladou ne permettait pas automatiquement que le fils succède au père. Il fallait un vote du Conseil des Sages et Moussa Mollo se savait éliminé en cas de vote », relate Moussa Sabaly, un des rares anciens de Ndorna qui raconte encore l’histoire des rois du Fouladou.
Ainsi, Mousso Mollo n’est pas devenu roi du Fouladou à la mort de son père. Et comble du désaveu, il n’a pas hérité de l’arme de son père. Arme fétiche qui faisait la renommée et inspirait la crainte à ses adversaires. Un désaveu pour le fils banni de Ndorna, parti s’installer à Hamdallaye, village natal de sa mère, qui décide de corriger cet affront par la guerre. « Il est parti attaquer le lieutenant de son père et remplaçant désigné, Demba, dans le village de Kaataba. Après l’avoir tué, il récupère l’arme de son père avant de revenir à Ndorna et prendre le titre de roi du Fouladou », narre le vieux Sabaly. C’est durant cette période que Moussa Mollo consolide et élargi le Tata de Ndorna.
La bataille pour sa survie
C’est la partie de sa vie que n’aime pas trop évoquer le vieux Moussa Sabaly. Cette partie où le Roi des Peulhs du Fouladou a plus passé son temps à fuir qu’à se conduire dignement, comme l’aurait voulu son statut de roi. Mais surtout comme se sont conduits tous les autres rois de l’époque qui ont préféré mourir au combat contre le colon que de fuir. « Moussa Mollo a lâchement fui. Il aurait dû faire face au colon comme un roi et mourir les armes à la main. Mais pas préférer l’exil et la mort, seul, en territoire étranger et en abandonnant son peuple », tonne Sabaly.
En effet, quelques années après la prise du pouvoir, Moussa Mollo est confronté à la venue du colon et sa montée en puissance. Une coexistence qui a conduit à quelques heurts pour la détermination des centres de pouvoirs. Moussa Mollo a détruit les lignes du télégraphe pour empêcher les communications entre les différentes bases du colon. « Le colon a, pour sa part, jeté dans un puit toute la famille lointaine de Moussa Mollo, tantes, cousines et oncles, et pris en otage sa famille proche, femmes et enfants », relate le vieux.
De là débute une chasse à Moussa Mollo dans le Fouladou qui l’a conduit à Pata, puis en Gambie où il meurt prisonnier des Britanniques. « Lors de sa retraite, son convoi était tellement imposant que les habitant des territoires traversés pensaient à une invasion. Mais, c’était la fuite d’un roi qui a été encerclé à Késerékounda et contraint à la vie carcérale par le colon », regrette Moussa Sabaly.
Depuis lors, de son premier remplaçant à la tête du royaume Peulh du Fouladou, Kotton, à la disparition de la royauté dans cette partie du Sénégal, aucun souverain n’a pris sur lui de refaire le Tata. En face de l’actuelle mairie, il est transformé en terrain de jeux pour les enfants et de pâturage pour les bêtes. Triste fin pour un bâtiment qui représentait la royauté dans cette partie du Sénégal !
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