Les observateurs ne s’étaient pas du tout trompés quand ils craignaient des jours difficiles pour l’économie nationale à cause de l’élection présidentielle de 2012. En tout cas, le secteur de l’automobile, lui, en a plus que souffert. «2012 a été catastrophique. J’aurai bien voulu sauter cette année. Une baisse de 14%, c’est un bond en arrière de 5 ans», s’écrie Mme Carine Ramey Sy, Directrice commerciale de CCBM Automobiles. Une situation qu’elle met, d’ailleurs, sur le dos des élections qui ont ralenti presque toute activité, autre que politique.
Selon elle, les investisseurs sont restés très frileux. «Quand on leur demandait leurs projections d’achats pour l’année, ils disaient attendre pour voir ce qui se passerait après les élections. Parce que si vous vous êtes audités ou que vous avez un redressement fiscal, c’est compliqué…», avance-telle.
Mais si l’on en croit Fabrice de Creisquer (CFAO), le marché de l’automobile est très lié à l’évolution économique du pays. C’est ce qui explique, selon lui, la stagnation ou la baisse notée durant cette année électorale. En tout cas, pour le patron de la Sénégalaise de l’Automobile, la confiance n’est pas encore au rendez-vous. «En janvier 2013, le marché est à -19% par rapport à l’année dernière il était à -12%. Nous appartenons à un syndicat, les statistiques sont partagés, elles ne sont pas inventées. La vérité, c’est que c’est un marché qui régresse depuis 3 ans, avec de plus en plus de concurrents», souligne M. Barth.
Le décret passe de 5 à 8 ans et plombe le secteur…
L’ancien Président Wade avait décidé de limiter l’âge des véhicules à importer à 5 ans, eu égard à sa volonté de protéger l’environnement. Son successeur, alors candidat, avait promis d’allonger le même décret jusqu’à 8 ans. Une fois élu, il concrétise sa promesse. Et la mesure est diversement appréciée. Les concessionnaires gardent le calme, malgré un désaveu total de cette mesure. «Comme c’était une promesse électorale et politique, nous nous sommes dit qu’il faut attendre, surtout ne pas avoir l’air de manifester au départ, attendre, regarder et constater. Si jamais, nous constatons, par les chiffres qu’il y a une détérioration de l’activité, alors, nous aviserons. Pendant cinq mois, nous avions d’autres priorités et nous avons laissé faire. Rien qu’en 2012, le marché des véhicules neufs a baissé de -12%», indique M. Barth, Secrétaire Général du Syndicat des concessionnaires automobiles. Selon lui, le marché est constitué de 2000 voitures neuves par an et 13000 voitures d’occasion. Parce que dit-il, chacun avait sa part et les voitures occasions ne se sont jamais arrêtées au Sénégal, malgré ce qui est raconté…M. Creisquer a noté que quand l’âge des véhicules a été limité à 5 ans, ça été un avantage pour le marché des véhicules neufs. A l’inverse, quand c’est passé de 5 à 8 ans, c’est devenu moins bon pour le marché. «Les importations de véhicules d’occasion ont triplé. Aujourd’hui, il y a 3 fois plus de véhicules d’occasion qui arrivent au Sénégal qu’avant. Mais on peut comprendre que ça soit bénéfique pour une certaine partie de la population qui n’a pas accès aux véhicules neufs, mais à l’inverse, ce n’est pas bon pour l’environnement. Ça fait pas mal d’embouteillages. Aussi, pour nous concessionnaires, ça devient compliqué, parce qu’il y’en a qui pouvaient s’acheter des véhicules neufs, mais qui vont préférer s’acheter des véhicules d’occasion et ce n’est pas bon pour notre marché. C’est un manque à gagner énorme. Ce n’est que dans l’intérêt des populations, mais ça ne va pas dans le sens de nos affaires…», déplore-t-il. Un autre aspect qui reste au travers de la gorge des concessionnaires, c’est le fait qu’une telle mesure ait été prise sans que les acteurs ne soient impliqués. «Le décret a été pris sans que ne soit organisée, au préalable, une large concertation avec les concessionnaires.
Forcément, il y a des conséquences sur la vente des véhicules au niveau des concessionnaires. Les clients pourront trouver plus intéressant d’acheter des véhicules de moins de 8 ans au lieu d’acheter du neuf. Pendant ce temps, le concessionnaire est obligé de faire avec ses charges», déplore M. Diop de Carrefour Automobile. Malgré une telle situation, Mme Sy espère revoir le marché reprendre très vite son envol. «Quand on touche le fond, on ne peut que remonter. Pour l’instant il y a une petite reprise. J’ai bon espoir par rapport aux projections des entreprises. Même si ce ne sera pas une remontée fulgurante», indique-t- elle
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