Filiale du Groupe de la Banque Mondiale, en charge du Secteur privé, IFC investit dans les entreprises, vecteur de croissance et de développement. A ce titre, Jérôme Cretegny, Chargé des Opérations principal pour le Sénégal, revient sur le sens et la portée de leurs opérations dans le domaine du capital investissement.
Qu’est la philosophie de l’engagement de IFC dans le capital-investissement ?
IFC et la Banque Mondiale partagent les mêmes buts, à savoir mettre fin à la pauvreté extrême et œuvrer pour une prospérité partagée avec les populations les plus pauvres. Notre philosophie est de stimuler le secteur privé à travers nos financements directs, la mobilisation d’autres fonds ou en offrant des services-conseil aux entreprises et aux gouvernements, afin de créer des emplois, stimuler une croissance durable et favoriser le développement de marchés ouverts et concurrentiels dans les pays en développement.
Un bon exemple est notre investissement de +11 millions d’euros (7,2 milliards Fcfa) dans Patisen, entreprise sénégalaise de transformation des aliments. Patisen est la démonstration d’un modèle commercial à succès et qui est devenue une des entreprises les plus visibles au Sénégal. Notre investissement a permis d’augmenter sa capacité de production, de stockage et à diversifier sa gamme de produits pour son développement en Afrique de l’Ouest. Cet investissement contribue à renforcer la compétitivité de l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest. Un secteur vital pour l’économie de la région et un volet important de la stratégie d’IFC en matière de sécurité alimentaire dans la région. Ce projet devrait permettre d’augmenter les possibilités d’emploi, fournir des produits alimentaires à un prix abordable pour les consommateurs à faibles revenus, renforcer les capacités des petits fournisseurs et distributeurs de Patisen.
Un autre point important dans notre intervention, nos financements sont à des taux de marché car le but est de développer les financements dans des segments où ceux-ci sont insuffisants, ou dans le cas de projets d’infrastructures pour des durées non disponibles dans les marchés locaux.
En 2013, IFC a porté ses investissements en Afrique subsaharienne à un niveau record de près de 3.5 milliards $Us (soit 1 700 milliards Fcfa),
Quel est votre segment d’intervention ?
Les interventions prioritaires d’IFC concernent les secteurs où la participation du Secteur privé est assez faible avec un accent particulier sur l’Agroalimentaire, des Services, des Infrastructures, de la Santé, de l’Education et des Finances. En 2013, IFC a porté ses investissements en Afrique subsaharienne à un niveau record de près de 5,3 milliards $Us (soit 2 500 milliards Fcfa), en mobilisant les capacités du Secteur privé pour créer des emplois et résoudre les problèmes de développement les plus pressants.
Dans l’Energie, nos investissements ont pour but d’augmenter l’accès à l’électricité tout en réduisant le coût énergétique pour les PME, ce qui est primordial pour leur développement et leur compétitivité. Dans l’Agroalimentaire, nous finançons des projets dans toute la chaîne de sociétés spécialisées dans les intrants, l’agriculture, l’irrigation, la transformation et le commerce. Le secteur agricole emploie un nombre considérable de la population active de l’Afrique et a un impact significatif sur les petites entreprises qui font partie de la chaîne d’approvisionnement de toute entreprise agro-alimentaire à grande échelle. Enfin, nous soutenons activement le secteur financier afin d’encourager l’accès des PME aux services financiers.
Peut-on avoir une idée du ticket de vos financements ?
Nos investissements directs sont en général, au-delà de 5 million $Us (2,5 milliards Fcfa). Notre appui financier aux PME se fait à travers nos partenaires financiers. Pour être éligible, les promoteurs de projet doivent pouvoir investir un niveau de fonds propres significatif du coût total du projet. Il est, en effet, important que les intérêts et risques soient alignés entre les prêteurs (d’un côté IFC, avec ou sans la participation d’autres investisseurs) et les promoteurs et actionnaires. Nos investissements en fonds propres sont minoritaires, allant jusqu’à 20% du capital.
Et la durée de présence dans l’entreprise ?
La durée de nos prêts est basée sur les caractéristiques du projet. Dans les projets d’infrastructures, tel celui de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, nous pouvons faire des prêts allant jusqu’à 15 ans. Lors d’investissements en fonds propres, nous restons jusqu’ au moment où nous considérons que notre rôle a été rempli et notre rendement maximisé.
Quel est alors le mode de financement que vous privilégiez ?
IFC offre toute la gamme de financement, allant des prêts de moyenne et de longue durée aux investissements en fonds propres en passant par des garanties de crédit. Nos financements sont accordés à des taux de marché, donc non-subventionnés et déterminés sur une base purement commerciale. De ce fait, seuls les projets à but lucratif, à fort impact de développement et démontrant d’une bonne rentabilité, sont considérés.
Un mot sur le modèle partenarial que vous mettez en œuvre ?
Choisir IFC, c’est garantir un financement accompagné par l’intégration de ses services conseils aux investissements (conseils stratégiques, sur la gouvernance d’entreprise, l’assurance, des normes socio-environnementales et la formation) et l’amélioration de l’environnement des affaires via de réformes administratives.
Alors, quelle stratégie de sortie ?
Globalement, environ la moitié de nos sorties de prises de participation se fait en Bourse, suivi de ventes privées et de revente auprès des promoteurs. Toutefois, les sorties en Bourse sont, pour l’instant, limitées dans la zone UEMOA car peu de sociétés s’inscrivent à la BRVM.
Enfin, quelles sont vos opérations au Sénégal ?
Au Sénégal, notre portefeuille a atteint 100 million $Us, environ 47 milliards Fcfa, répartis entre une douzaine de projets. Nous avons des engagements dans les infrastructures (autoroute Dakar-Diamniadio), 2 projets d’électrification rurale et le développement de la nouvelle centrale de Tobène, dans l’agroalimentaire (Patisen et récemment Kirène), dans le secteur financier avec 4 investissements dans la banque et la microfinance. Dans ce dernier secteur, nos 2 partenaires, Microcred et Fides, comptent maintenant plus de 37 000 emprunteurs et 95 000 clients et nous appuyons leur stratégie d’expansion dans les zones rurales.
Mais, tout aussi important pour le développement du Secteur privé, il y a nos projets de conseil auprès des institutions publiques. Nous appuyons la BCEAO dans son nouveau projet de Crédit bureau régional couvrant les 8 pays de l’UEMOA. Ce projet sera le 1er Crédit bureau régional au monde. Les Crédits bureaux ont fait leurs preuves en facilitant l’accès au crédit pour les individus ainsi que les petites entreprises, en réduisant le coût financier pour les bons payeurs, ainsi que les impayés et garanties exigées par les banques. Avec la Banque Mondiale, nous soutenons le gouvernement dans son effort de simplifier les procédures administratives pour les entreprises. Enfin, nous collaborons dans le développement de projets de partenariats publics privés qui est une des priorités du gouvernement.
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