Elle a déjà commencé la reconquête de Kidal. Depuis début février, les premiers soldats français sont postés à l’aéroport de Kidal. Ils ont été rejoints quelques jours plus tard par les Tchadiens. Cette localité (la plus difficile) du Nord Mali est embuchée de montagnes que les insurgés maitrisent mieux que tout autre combattant car c’est là que la majorité des groupes armés s’était entrainée. L’Adrar des Iforas ou Ifoghas, ce massif montagneux, est le dernier refuge des groupes armés. Ansardine, MNLA, AQMI et MUJAO, tous se sont retranchés dans la région de Kidal pour échapper aux frappes aériennes de l’armée française. Le hic, pourquoi le MNLA propose son soutien à la France pour traquer les autres groupes armés ? Question sans réponse, pour l’instant…
L’«Opération Panthère» porte un coup dur aux groupes armés
Dans la semaine du 18 au 24 février, les combats avaient repris autour de Gao et Kidal et 25 islamistes avaient été tués dans les combats qui les opposaient aux troupes françaises et maliennes. La France a perdu au cours des combats, un 2ème élément, le Sergent-chef Harold Vormezeele. «Dans les accrochages qui ont eu lieu, 25 terroristes ont trouvé la mort» a annoncé le 20 février, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian et en même temps, la perte du 2ème militaire français. Malgré tout, la France réaffirme son engagement à poursuivre la lutte contre le terrorisme.
Le 21 février, les Maliens ont localisé ces combattants du MUJAO au niveau de la mairie et les ont neutralisés. «On est conscient que la dépollution, ce n’est pas en un seul jour. Ces gens, qui ont réussi à se cacher, vont toujours mener des actions de cette nature», avait expliqué le Colonel Diarran Koné, Porte-parole de l’Armée malienne.
Le 22 février, un «violent accrochage» a opposé des éléments tchadiens à des djihadistes. C’était dans les montagnes des Ifoghas, dans l’extrême nord du Mali, non loin de la frontière algérienne. Le président Bouteflika a indiqué que la situation au Mali menaçait la sécurité dans son pays. L’état-major tchadien fait état de 65 morts dans les ranges des djihadistes et 13 de ses soldats tués. Un coup dur pour l’armée tchadienne qui a déployé 1 800 hommes dans la région de Kidal.
Dans la même région, à Il Khalil, le même jour, un attentat-suicide a visé une base du MNLA. Deux véhicules piégés ont explosé. Les deux kamikazes ont été tués. Le MNLA pointe du doigt le Mujao qui leur «reproche leur coopération avec les Français…». Le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA, dissidence) a revendiqué l’attaque contre le groupe touareg pour venger des exactions commises contre les Arabes dans la zone. Le MNLA dément et accuse le Mujao. Un imbroglio sans fin…
A Gao, l’armée malienne a aussi continué à riposter aux djihadistes cachés sur les toits. Leur nouvelle stratégie : embuscades, guérillas, attentats.
Pour les fins connaisseurs du désert et analystes, «la vraie guerre a démarré…».
Un conflit qui perdure…
Depuis plus de 50 ans, la question de la rébellion reste non résolue au Mali. Les différentes solutions, précédemment proposées, ont presque toutes été militaires, excepté quelques rencontres à Tamanrasset et Alger où des accords avaient été signés entre le Gouvernement du Mali et les groupes rebelles. Selon Kalilou Sidibé, Professeur de Droit public à l’Université de Bamako, «aujourd’hui, les autorités maliennes doivent avoir un objectif pour cette région marginalisée. C’est une triste réalité, mais il n’y a pas de projet de développement dans les régions du Nord. Si on leur donnait un statut particulier dans le cadre de la décentralisation avec certaines responsabilités dans la gestion, je crois que çà aiderait à résoudre beaucoup de questions».
Aujourd’hui, la donne a changé avec l’investissement des différentes régions par des groupes «terroristes». Mais quoi qu’on dise, cette minorité, qui se sent plutôt marginalisée, pourra-t-elle prendre en compte complètement la question centrale du développement, si on venait à la mettre face à certaines responsabilités, notamment le développement local ? «Depuis l’indépendance du Mali, aucun dirigeant n’a su gérer cette question de rébellion. Il est temps que l’on se mette autour d’une table de dialogue pour trouver une solution durable à cette crise. Il faut des facilités juridiques pour prendre entre charge les différentes revendications qui ne mettent pas en cause l’intégrité territoriale du Mali, ni la Constitution. Mais, plutôt des flexibilités qui impliquent davantage les chefs tribaux de ces différentes localités», poursuit M. Sidibé.
Le Mali lance des mandats d’arrêt contre 28 personnes
Le Gouvernement du Mali a lancé en février des mandats d’arrêt nationaux et internationaux contre certains dirigeants des groupes armés. Une liste de 28 personnes avait été publiée par le Procureur Général. Il s’agit de militants du Mouvement National de Libération de l’Azawad et des groupes islamistes. Parmi elles, figurent naturellement le leader d’Ansardine, Iyad Ag Ghali, Shérif Ould Attaher et Oumar Ould Hamaha, membres influents du MUJAO et Bilal Ag Asherif du MNLA. Au même moment, la communication des rebelles est axée autour des exactions dont leur armée est accusée. Dans la même foulée, 11 prisonniers de guerre, arrêtés dans la zone de Gao, sont transférés à Bamako et mis à la disposition de la Justice.
L’affaire des «bérets»
La guerre des «bérets» (Verts contre Rouges) se poursuit à Bamako tandis que le commandement au front exprime la nécessité d’un déploiement rapide des dernières troupes africaines. Sidéré par cette crise interne au sein de l’armée malienne, le Président par intérim, Dioncounda Traoré, a manifesté son vif mécontentement, pour la première fois. Dans un discours télévisé, il a condamné ces affrontements dont le dernier en date (février) a causé 2 morts et 13 blessés.
« Je suis profondément attristé par ces affrontements entre militaires maliens. J’aurais préféré m’adresser à vous pour vous féliciter de l’action que vous menez au nord de notre pays et des victoires remportées en compagnie de nos frères et de nos alliés sur notre ennemi commun« , avait dit Traore.
Il a par cette occasion, invité les militaires à plus de compréhension : «je vous demande d’arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l’armée».
La formation de l’Armée malienne
Le Mali a sollicité et obtenu auprès de l’Union Européenne, la formation de ses troupes depuis que les besoins de son armée se sont clairement exprimés. La formation débutera le 2 avril 2013 dans la région de Koulikoro. Le Commandant de l’European Union Training Mission (EUTM-Mali), le Général François Lecointre, l’a annoncé le 20 février à Bamako à l’occasion d’une conférence de presse. La formation, qui durera 15 mois, va concerner près de 2 800 militaires, répartis en 4 bataillons de 650 à 700 personnes chacun.
Anciens militaires et nouvelles recrues seront concernés par la formation. Une sélection devra être faite parmi les 8 000 militaires aujourd’hui déployés sur le front et 3 000 nouveaux jeunes qui viennent de faire leur entrée dans les rangs.
«Les éléments à former seront choisis en fonction des besoins de l’Armée», a expliqué le Général Ibrahima Dahirou Dembélé, Chef d’Etat-major des Armées.
«Les frais de fonctionnement du staff technique de l’EUTM-Mali sont estimés à 12,3 millions d’euros et seront entièrement financés par les 27 pays de l’UE», a ajouté le Général Lecointre. Il a précisé que chaque pays devant envoyer des troupes, les prendra en charge et que 20 pays sur 27 ont décidé de participer à cette formation de l’armée malienne. Ensuite, l’équipement devra être pris en compte par le Mali et ses partenaires. Le Général Lecointre a promis de plaider auprès des Chefs d’Etat de l’UE pour l’équipement des troupes maliennes après leur formation.
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