Aujourd’hui, après toutes les avancées législatives et sociales obtenues par les femmes, célébrer le 8 Mars journée Internationale des droits des femmes est-il encore opportun ? Pourquoi ?
Aujourd’hui 8 mars, je pense qu’il faut transcender cette question du genre. Un flashback de cinq ou six ans permettra facilement de réaliser à quel point des projets extraordinaires sont pilotés par nos femmes. Ce n’est
pas tant cette question liée au genre qui nous permet de faire ces prouesses, ce sont nos compétences, notre savoir-faire. La femme sénégalaise se bat autant que l’homme, voire plus. Peut-être faudrait-il trouver une autre
connotation à la célébration du 8 mars, par exemple mettre en valeur ces femmes qui participent au développement de notre pays, qu’elles soient en entreprise ou entrepreneures… elles existent, nous les voyons tous les jours, pas que le 8 mars.
Femme, famille, carrière, est-ce que ce triptyque peut faire bon ménage ? Peuvent-elles tout avoir ?
Totalement ! Mais il est important de se rappeler qu’une famille, c’est la femme/épouse et l’homme/époux. La femme a des devoirs envers la famille tout autant que l’homme. Elle ne doit pas être la seule à s’investir en ce
sens. Il faut un certain équilibre pour permettre à la femme d’être plus efficace, plus efficiente, et cet équilibre au travail découle directement de l’équilibre au sein de la famille.
Jusqu’à présent, il y a encore peu de femmes présentes dans les instances de décisions des entreprises, quels sont les obstacles au développement du leadership féminin au Sénégal ? Comment y remédier ?
Je pense qu’il n’est pas pertinent de considérer la femme comme un être fragile, qu’il faut absolument ménager, protéger. Nous devons prendre conscience qu’aujourd’hui, cette jeune fille suit les mêmes études que ce jeune
garçon et que demain tous deux sont appelés à avoir au moins les mêmes responsabilités. Ce n’est pas parce qu’on est femme qu’on est incapable de diriger. Il y’a des pays dans le monde où ce sont des femmes qui sont élues présidentes de la république. Au Sénégal, nous avons ces femmes capables des mêmes exploits.
A LA SEDIMA NOUS CROYONS EN LA FEMME, EN SES CAPACITÉS, SON INTELLIGENCE, SES COMPÉTENCES, SON POTENTIEL
On parle souvent de plafond de verre en milieu professionnel pour les femmes, est-ce une réalité que vous avez constatée ? L’avez-vous vécu ?
Je ne l’ai pas vécu, et je peux dire qu’à SEDIMA, ce risque est nul. A la SEDIMA nous croyons en la femme, en ses capacités, son intelligence, ses compétences, son potentiel, vecteur de la réussite de cette entreprise. Ce n’est
pas anodin si nous avons choisi de lancer le premier KFC au monde 100% féminin ! Nous ne devons pas nous enfermer dans cette idée et accepter qu’on puisse parler de plafond de verre, quand on veut quelque chose, on la revendique.
La question relative à la condition féminine dans l’organisation sociale et économique de notre pays reste ambiguë en dépit des lois et de la volonté politique affichée mais selon vous a-t-elle connu des avancées ou des régressions, expliquez votre point de vue ?
La place de la femme a fortement été reconsidérée dans notre société actuelle. Nous voyons de plus en plus de femmes tenir les rênes des grandes entreprises sénégalaises ou en tout cas occuper des postes stratégiques. On ne peut que s’en féliciter. Maintenant, ce qu’il faut c’est dépasser ce stade, ne plus faire cette fixation, cette comparaison homme/femme.
Le respect et la promotion de la condition des femmes sont un combat de tous les jours. Avez-vous pensé à encadrer et accompagner en tant que mentor pour continuer le combat pour l’égalité des genres ?
Au quotidien, j’entoure et suis entourée de femmes qui mettent en œuvre des actions allant dans le sens du développement socio-économique. Ces femmes mettent en valeur notre société tout simplement. L’objectif est
d’aller plus vers la production, la réalisation de soi. Il faut dépasser la question du genre, arrêter de se plaindre. Pour renverser cette tendance, il est évident que c’est à la femme même de se faire confiance. Si dans notre propre entendement nous avons saisi que l’homme n’est pas plus privilégié, je pense que naturellement la
prise de conscience collective se fera. Tout est dans l’attitude et la démarche.
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