Cette situation risque de rendre quasi impossible le respect de la distanciation sociale et les mesures barrières recommandées jusqu’à présent.
Toutefois il n’en demeure pas moins que ce grand rush des clients permet aux boulangers de maximiser leurs gains. Ce qui va leur permettre d’essayer de compenser les pertes qu’ils subissent avec l’interdiction de la vente du pain dans les boutiques de quartiers, les tenancières de gargote ou de restaurant entre autres en récupérant les commissions qui allaient chez les intermédiaires.
Le ramadan semble être une opportunité pour les gérants de boulangeries qui ont du mal à rattraper le manque à gagner du aux mesures de restrictions liées au Covid-19. C’est la conviction de ce gérant de boulangerie que nous avons rencontré. Très timide dans sa blouse blanche et le visage recouvert par un masque chirurgical, Mamadou Faye accorde beaucoup d’intérêts aux mesures barrières indiquées par les services de la santé. Nous sommes sur les 2 voies de Liberté 6, vers Sacré Cœur, à la ‘’boulangerie Mame Diarra’’. « Cette situation pourrait être une bonne opportunité pour une meilleure gestion de la distribution du pain. Aujourd’hui, les mesures imposées aux boulangeries à cause du covid-19 est une bonne chose pour les clients qui vont avoir droit à plus d’hygiène. Également, cela nous permet de récupérer les marges qui allaient aux intermédiaires et aux revendeurs ».
Sur le plan économique la situation semble être moins maitrisée que le respect des mesures sanitaires En effet, les ventes sont très touchées par les mesures. « C’est vrai les choses ont beaucoup changé à cause de la maladie parce qu’on ne vend plus comme avant. Mais ce qu’on doit savoir c’est que la santé prime sur tout, donc on doit tout faire pour éradiquer la maladie d’abord et l’activité économique va certainement s’en porter mieux » a déclaré M Faye.
Cependant, malgré cette situation, le strict respect des mesures d’hygiène est de mise à la boulangerie selon notre interlocuteur, même si c’est au grand dam des clients qui souffrent terriblement pour trouver du pain « En ce qui concerne la boulangerie Mame Diarra, on essaie de respecter les mesures barrières édictées par l’État. On ouvre une porte pour les entrées et une autre réservée à la sortie pour éviter les contacts directs entre les clients d’abord mais aussi avec le personnel de la boulangerie, tout en respectant la distanciation sociale devant l’entrée. A l’intérieur de la boulangerie on a mis en place des gels hydro-alcooliques et éviter tout contact avec l’argent ou les clients. Mais c’est de plus en plus difficile en cette période avec les fortes affluences des clients à certaines heures »
Sous le sceau de l’anonymat.
Toutefois Moussa reste très optimiste et garde la foi « On doit rendre grâce à Dieu parce que quand on regarde ce qui se passe dans les pays européens on se dit que cela aurait pu être pire ».
Un autre lieu un autre décor. Cette fois ci on est au quartier Grand Yoff non loin du collège Hyacinthe Thiandoum ou la gérante a voulu parler sous le sceau de l’anonymat. Selon cette jeune dame de teint noir élancé bien coiffée, le secteur de la boulangerie en pâtit actuellement avec une baisse considérable du chiffre d’affaire. « Aujourd’hui, avec le Covid-19 il y’a certes certaines activités qui ne sont pas trop affectées mais tout ce qui est alimentation ressent amèrement les effets de la crise. En ce qui nous concerne, on en souffre beaucoup. Là où on faisait jusqu’à 2500 pains par jour on se retrouve actuellement à 1800 ou bien même 1500. Donc notre production a baissé de plus de 30 % », fait-elle savoir
Pour cette jeune gérante, cette situation s’explique par ricochet par une diminution du pouvoir d’achat des consommateurs et aussi par le ralentissement de l’activité activité économique. « Les gens qui prenaient 6 baguettes se retrouvent avec 4 baguettes faute de moyens. Les gens ne savent pas quand est ce que cette pandémie va s’arrêter et donc ils réduisent leurs dépenses pour tenir le plus longtemps possible. A cela s’ajoute également les mesures prises par l’Etat empêchant le rassemblement au niveau des boulangeries. C’est ce qui crée de long files d’attente qui même si cela peut être une bonne chose pour les ventes constituent un réel danger pour les clients et pour le personnel face à la propagation de la maladie » a déclaré la gérante.
Un peu plus loin au quartier Derklé un autre acteur du secteur a accepté d’évoquer la situation de leur entreprise malgré le refus de son patron de parler du sujet. « On avait l’habitude de faire jusqu’à 35 000 baguettes par jour mais aujourd’hui avec le coronavirus on fait à peine 15 000 baguettes par jour. Cela s’explique par le fait qu’on ne distribue plus dans nos différents points de ventes à Dakar compte tenu de l’interdiction du gouvernement surtout dans cette période de Covid -19 », confie-t-il.
Pour lui « les mesures barrières impactent directement leur chiffre d’affaire parce que les ventes ont beaucoup baissé. « Là où on faisait jusqu’à plus de 200 000 FCFA de ventes journalières, on se retrouve aujourd’hui avec moins de 15 000 FCFA pour un secteur qui connaît déjà pas mal de difficultés. Par contre les ventes ont augmenté au niveau de la boulangerie parce que beaucoup de clients viennent désormais s’y approvisionner directement. Par ailleurs cela nous permet de récupérer la marge qui allait directement chez les distributeurs. Cependant, le seul problème qui se pose à ce niveau c’est que l’attente est parfois trop longue » selon ce gérant qui a préféré garder l’anonymat.
Avec l’évolution de la pandémie du coronavirus qui continue d’inquiéter les spécialistes, les boulangeries du Sénégal traversent une situation économique très difficile. Ainsi les nouvelles mesures du directeur du commerce intérieur autorisant la vente du pain à partir de 12h00 semblent être une bonne solution pour sortir de la crise.
Discussion à ce sujet post