« Je donne 10 millions FCFA », « J’en donne 50 millions », clame-t-on, devant les projecteurs des caméras et les micros de radios de la place. Environ 1 milliard de FCFA a été récolté sans compter les donations venues après les émissions téléthons parce que le rival ou le concurrent a contribué.
Malheureusement, cet élan de solidarité ne rime à rien dans ce contexte car il va droit vers un secteur qui peut compter sur l’appui de l’Etat. Oui! La lutte officielle contre le COVID19 sera menée et gagnée par le gouvernement, avec ses propres moyens et ceux de ses partenaires financiers et techniques. Je n’en doute pas. Mais, la lutte pour une continuité économique des activités elle, est une autre paire de manches.
En effet, comment vont survivre les PME et PMI qui constituent 97,99% du tissu économique national? A cette question pour l’instant aucune réponse. L’Etat qui a mis en place un Fonds spécial Covid n’a pas indiqué comment il comptait venir en aide à ces exclus du système financier classique qui font vivre la plupart des 1 million de ménages du Sénégal. Pour ma part, j’attendais des débuts de solutions des grands patrons du secteur privé. Avec leur expérience, leurs compétences et leurs comptes en banque bien fournis, ils auraient pu proposer des systèmes de financement alternatifs allégés aux PME PMI qui vont le plus ressentir cette crise. Des lettres de garanties ou des avances sur salaires pour 3 mois en attendant que l’orage passe et que le climat redevienne favorable. Que sais-je encore des conseils quant à la gestion de la trésorerie en tant de crise. Quelque chose quoi! Mais Nada! Touss! Dara.
Toute cette nuée de PME PMI vont subir directement les effets de la crise due au Covid19 et elles ne verront personnes venir à leur secours. Certes l’Etat du Sénégal n’a pas les moyens de ceux de la France ou du Maroc qui peuvent garantir tout un écosystème au niveau des banques mais cela ne le dédouane en rien sur le rôle qu’il peut jouer quant à la réussite d’une telle opération.
Prendre une série de mesures incitatives pourrait amener les patrons de PME PMI à se formaliser pour bénéficier d’un financement rapide, à très faible taux qui pourrait garantir 3 à 6 mois d’inactivité. Qui dira non à de l’argent frais, facile, pendant 3 à 6 mois afin de sauver toute une vie de labeur ? Personne.
La mise en place d’une telle procédure permettra dans un avenir proche de formaliser une grande partie de ces entreprises et in fine de les soumettre au fisc. L’administration fiscale disposera de noms, de chiffres, d’adresses, bref d’un schéma du circuit informel qui lui permettront d’élargir son assiette fiscale et de renforcer ses statistiques sur une importante part de l’activité économique nationale qui échappait jusqu’ici à son emprise.
Les organismes patronaux, les sociétés de financement, les associations d’entrepreneurs, les investisseurs privés, le Club des Investisseurs du Sénégal ou toutes autres structures de ce genre auraient pu prendre les devants et proposer à l’Etat d’être ce facilitateur entre les PME PMI informelles et le fonds de financement destiné à ce secteur. Etre cette interface qui rassure les patrons informels et qui dispose déjà de connexions avec les banques ou structures de financements par qui vont transiter les fonds. Ils (re)viennent au centre du jeu économique qu’ils n’auraient jamais dû quitter et renforcent leur statut de premier investisseur et employeur du pays.
Cette crise doit servir de déclencheur pour quelque chose. Elle est une occasion à saisir pour formaliser le premier employeur du pays !1
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