Il est intéressant de s’intéresser à Thomas Piketty pour les hommes politiques de gauche, mais je dirai simplement pour les hommes à gauche. Pas pour son refus de la Légion d’honneur française cette semaine, mais plutôt pour le contenu de ses recherches et analyses !
En voici un qui essaie de renouveler et d’adapter à merveille les idéaux de gauche dans ce monde gagné par la cupidité, la course effrénée au gain des entrepreneurs et financiers, cette petite portion qui veut tout accaparer comme l’intéressé l’explique avec pédagogie et science.
La gauche a besoin de grands penseurs de l’époque avec de nouveaux paradigmes, qui ne trahissent pas son idéal, mais qui œuvre à le perpétuer, cet idéal de solidarité d’humanisme et de partage. Elle a besoin, cette gauche, de se renouveler et de se réadapter aux réalités du marché, des fiscalités naissantes, du développement durable, de l’écologie, de l’économie verte…
Thomas Piketty développe des thèses simplement révolutionnaires, qui rajeunissent la gauche, lui rendent son âme tout en la rendant compatible (s’il était besoin de le faire) avec le monde réel, avec la finance, avec le capitalisme…en se gardant de travestir le libéralisme aux fins des minorités puissantes.
Il est détenteur d’une analyse et d’une vision qui fera le socle de l’avenir de la gauche quand celle-ci la Gauche 3.0 : épurée des excès d’égalitarisme, enrichi de thèses sur la nécessité de la redistribution comme levier de politique publique durable mais sans abus! Une redistribution qui ne fera que remettre l’Etat dans le rôle ou le libéralisme l’a étouffé et empêché de travailler pour l’équilibre de nos sociétés.
La gauche humaniste et social-démocrate, la Gauche décomplexée enfin ! Celle qui s’assume et qui donne à la droite du fil à retordre dans son désir de marginaliser, de cliver et de perpétuer la puissance d’oligarques. La Gauche qui pose une question fondamentale à nos Démocraties : quelle niveau d’inégalité sommes-nous prêts à supporter avant que tout explose ?
Dans son ouvrage « Le Capital au XXIème siècle », où il théorise et donne ses explications sur le creusement des inégalités qu’il démontre par la tendance spontanée à une toujours plus grande concentration de la richesse entre quelques mains minoritaires (moins de 10%). Thomas Piketty montre de la façon la plus simple que lorsque le rendement du capital excède la croissance économique, le rapport capital/revenu se déplace en force en faveur du capital. Il démontre entre autres comment ce système plébiscité par le ses économistes anglo-saxons est oligarchique ! Etudier Piketty nous révèle donc que le danger du libéralisme économique n’est pas seulement la finance. Ce capitalisme financier qui est devenu fou et qui nous a mené dans la crise financière de 2008 qui a induit une crise économique qui court encore.
Nos hommes de gauche sous les tropiques ne devraient pas rester sur le Capital de Marx ou les seuls développements de Léon Blum sur le socialisme ou la théorisation de Senghor sur le socialisme africain, je caricature bien entendu, mais ils doivent s’intéresser aux frémissements du renouveau des idées de gauche, frémissements dont, nous sommes convaincus, sauveront l’humanisme des sociétés modernes. Je m’empresse de dire qu’on peut s’inspirer de Piketty ou d’autres penseurs, pas pour en faire une parole d’évangile mais juste pour les challenger, les étudier, les discuter, y prendre du bon, et y déceler le moins bon comme quand il préconise un impôt « mondial » touchant les plus fortunés et qu’il semble envisager de porter à 70 ans l’âge de la retraite pour les professions intellectuelles en France. L’apport des africains dans le renouveau des idées de gauche est attendu et souhaitable d’autant plus que la plupart de nos valeurs sont adossées sur l’esprit de partage, de générosité et d’assistance aux franges les plus fragiles de nos peuples.
Mohamed Ly
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