C’est dans cette logique d’ailleurs qu’un comité paritaire conjoint maroco-sénégalais a été mis sur pied pour le suivi du processus d’adhésion du Maroc à la Cedeao à l’issue des échanges à huis clos entre acteurs de tout bord des deux pays. A la suite de refus d’une adhésion sans concertation selon certains, ou pose salutaire pour mieux évaluer les conditions d’un élargissement pour d’autres, le président fondateur de l’Institut Amadeus, initiateur de cette conférence, Brahim Fassi Fihri est d’avis que le débat est permis et même souhaitable. «C’est la seule démarche pour répondre aux inquiétudes légitimes, comme en tous pareils cas, qui se sont exprimées dans les pays membre de la Cedeao après la formalisation de la candidature marocaine» a campé le président Fihri. Avant de donner sa position sur la question. Pour lui, il est normal, voire même sain, que le Maroc, puissance économique africaine et premier investisseur en Afrique de l’Ouest, suscite des inquiétudes ou des interrogations et soit soumis à un cadre de négociation bien définie. «L’objectif de cette conférence est double. Il s’agit d’une écoute constructive et réciproque ; et de lever les appréhensions et d’identifier les sujets de convergence et d’appropriation commune» a indiqué le président Brahim Fassi Fihri. A l’en croire, cette demande d’adhésion ne constitue en aucun cas au lancement d’une quelconque OPA sur la Cedeao, encore moins d’un acte hégémonique ou impérialiste, comme le prétendent malheureusement certains.
Pour conforter le plaidoyer de son compatriote sur l’importance de l’adhésion du Maroc à la Cedeao, l’Ambassadeur du Royaume Chérifien à Dakar, Son Excellence Taleb Barrada s’est appesanti sur les projets et programmes que les deux pays réalisent ensemble.
Son homologue sénégalais, l’Ambassadeur Jean Antoine Diouf, par ailleurs directeur de l’intégration régionale est revenu sur les positions passionnées des uns et des autres quant à leur approbation ou leur désapprobation de ce projet. Non sans rappeler que le Maroc n’a pas été le premier pays à avoir demandé à adhérer à la Cedeao. «Un pays d’Afrique centrale l’avait fait auparavant» s’est souvenu M. Diouf. Et après avoir posé une série de questions sur l’intérêt qu’un tel projet peut avoir sur les parties, l’Ambassadeur estime que la question mérité un débat dépassionné, profond, sans préjugé et basé sur des convictions claires, des propositions techniques, entre autres. «Rien que le jumelage entre la puissance du Maroc et celle du Nigéria fait de la Cedeao la 16 puissance mondiale» a renseigné M. Diouf. «La réflexion ne doit pas seulement prendre en compte l’aspect économique. Elle doit prendre également en compte les aspects sociaux, sécuritaires et autres» a proposé l’Ambassadeur Jean Antoine Diouf venu représenter le ministre de l’intégration, Mbagnick Ndiaye.
Cet aspect est également défendu par Abdou Diop, le président de la commission Afrique de la confédération générale des entreprises du Maroc. Pour lui, cette question n’est pas seulement celui du patronat. «C’est également une affaire des peuples» a défendu Abdou Diop
L’économiste Moubarack a quant à lui convoqué l’histoire pour signaler les rapports de fraternité entre les deux pays et soutenir qu’il est impossible que le Sénégal ne soit pas d’accord pour la réalisation de ce projet. Et c’est dans ce sillage que Mme Khady Fall Tall a indiqué que mathématiquement parlant, le Maroc est déjà un état membre de la Cedeao parce qu’il partage avec elle l’Union Africaine.
L’ancien ministre de l’intégration africaine, Jean Paul Dias, même s’il ne dit pas qu’il est contre le projet, a insisté sur la tenue d’échanges entre sénégalais pour cerner la question avant de s’ouvrir ou d’en parler aux avec les autres. «Ce que le Maroc fait chez nous, c’est nous qui devions l’initier entre nous d’abord pour que les populations en connaissent davantage. Qu’on ne s’empresse pas. Qu’on en débatte à fond et décliner une position commune et consensuelle» a prévenu M. Dias
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