Les ivoiriens ne font pas confiance aux banques locales, privilégiant le mobile money pour effectuer leurs paiements et transferts d’argent. C’est ce que révèle un rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, seul un épargnant sur huit choisit de placer ses économies dans une banque ou un établissement financier. D’après le rapport de la Banque Mondiale, intitulé « la course vers l’émergence : pourquoi la Côte d’Ivoire doit ajuster son système financier », cela s’explique par la crise politique qu’a vécu le pays et qui a rompu les liens de confiance entre les épargnants et leurs banques.
Selon Jacques Morisset, économiste en chef à la Banque Mondiale et auteur du rapport, le fait est qu’aussi plusieurs banques publiques ayant subi de profonds bouleversements ont fini par décourager les épargnants.
« La crise provient entre autres de la défaillance historique de plusieurs banques publiques qui sont susceptibles d’être fermées, restructurées ou privatisées » a dit Jacques Morisset.
De leur coté, les ivoiriens tentés par l’ouverture d’un compte en banque, mettent en avant, les coûts excessifs des transactions bancaires, la lourdeur et la longueur des démarches (temps perdu devant les guichets). Ils ajoutent, par ailleurs, le fait que l’ouverture d’un compte bancaire ne garantie nullement l’obtention d’un prêt.
« Quand je veux emprunter de l’argent à la banque, on me demande de faire un dépôt à hauteur de la garantie bancaire que je souhaite avoir. Si je l’avais, je n’aurais pas besoin d’une banque », martèle Hassan Coulibaly Amara, grossiste en riz basé à Abidjan.
Cette situation profite aux opérateurs de téléphonie mobiles. Moins de cinq ans après son arrivée en Côte d’Ivoire, le mobile money s’impose donc comme l’un des moyens de transactions financières les plus utilisés par la population. L’Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) estime que sur les 24 Millions d’abonnés au réseau de téléphonie mobile enregistrés en juin 2015, 7,2 Millions ont des comptes de mobile money. Au cours du premier semestre 2015, les recettes sur les retraits, les transferts et les paiements de factures ont atteint 17 Milliards FCFA, soit environ 28 Millions de dollars.
Seul bémol, et il est de taille, les comptes mobiles facilitent les paiements et les transferts d’argent, mais ils ne permettent pas l’octroi de crédit, une des fonctions principales pourtant d’un système financier.
Pour la Banque Mondiale, il est impératif que des politiques incitatives soient trouvées afin qu’institutions financières et citoyens se rapprochent. Il s’agit pour les banques de développer des formules et des produits innovants susceptibles de répondre aux besoins réels de la clientèle.
La Côte d’Ivoire qui souhaite atteindre l’émergence d’ici 2020, a, là, un grand chantier devant elle: La restructuration de son secteur financier. Si elle y arrive, elle pourra augmenter sensiblement une croissance économique déjà intéressante mais pas encore suffisante.
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