Comme une traînée macabre qui traverse la Casamance naturelle les taxis (jaune noir) disparaissent petit à petit. Dans la région de Kolda, ils ne survivent encore que dans la capitale en attendant leur mort programmée. Le virus Jakarta est en train de faire ses effets. Reportage !
Anges où démons ?
« Il n’y a pas de lieu dans Kolda où on ne peut aller. Que ce soit en période de pluie ou même après, on vous transporte partout et à moindre coût. Kolda est une ville pauvre et nous donnons aux habitants un moyen de transport à la hauteur de leur poche ». Ainsi parle Ousmane, un jaune conducteur de moto Jakarta qui explique pourquoi les koldois préfèrent leurs engins aux taxis jaune noir. Il insiste sur le prix et l’état des routes qui ne sont adaptées pour lui que pour les motos Jakarta. Faux rétorque les conducteurs de taxi. Ils voient en ces moyens de transport le diable lui-même. « Depuis que ces engins sont là. Le nombre de morts et de mutilés dans les accidents a été multiplié par 10. Il ne se passe un jour sans que tu n’entendes parler d’un blessé les impliquant. Et ce qui me fait le plus mal, c’est que pour une évacuation vers Ziguinchor ou Tamba, on ne prend jamais de Jakarta », lance un automobiliste assis au fond de la cabane. Très remonté, il voit en ces moyens de transport le diable lui-même. Toutefois, il est vite calmé par ses collègues qui lui font comprendre qu’il peut être enregistré.
Un métier avant les études
Si l’aspect économique est mis en avant par les conducteurs de moto Jakarta eux-mêmes, c’est qu’il est important dans la donne. Et pas seulement pour les clients. Le travail de conducteur de moto Jakarta a des répercussions dans les familles. « C’est mon père qui m’a acheté ma moto pour que je gagne ma vie et puisse me marier », révèle Ismaïla Diallo. Ce jeune père de famille explique qu’il doit sa dépense quotidienne à sa moto. Raison pour laquelle il prend soin d’elle comme à la prunelle de ses yeux.
Cependant, l’autre réalité de l’explosion des motos Jakarta dans la ville de Kolda et ses environs est la déperdition scolaire ; Ils sont nombreux les jeunes garçons qui ont laissé tomber les études pour rapporter un peu d’argent à la maison. « Quand j’ai commencé à participer à la dépense quotidienne de la famille mon père m’a demandé d’où est-ce que je sortais cet argent. C’est en ce moment que je lui ai dit que je conduisais une moto Jakarta pour transporter les gens. Il ne m’a pas reproché le fait d’avoir abandonné les classes pour. Il n’a même pas posé de questions allant vers ça. Il m’a juste demandé faire attention », raconte Amadou Woury. En dépit de cette réalité économique Alfred Niouky estime que cela n’est pas une excuse pour abandonner les classes ; Il indique que le métier de conducteur de moto Jakarta a une limite d’âge. Et passé cet âge, il sera difficile pour un ancien conducteur de se reconvertir vers un autre métier.
Le renouvellement du parc demandé
« Nous demandons à l’État de nous aider à renouveler le parc des taxi jaune noir de Kolda. On ne peut pas développer le tourisme dans une région en se reposant sur des Jakarta. Il ne sert à rein de construire des routes si au final les taxis ne peuvent pas y circuler. Le transport intra urbain ne peut se faire sans les taxis jaune noir au Sénégal alors de grâce que l’État nous vienne en aide ». C’est le cri de cœur de Mamadou Ndao, le porte-parole des chauffeurs de taxi à Kolda qui regrette aujourd’hui qu’au niveau du garage, il y ait plus de chauffeurs assis à jouer aux cartes que de chauffeurs sur la route. Une incongruité qui doit être rectifiée au plus vite.
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