La caricature est forte. Certes, le scénario est poussé à l’extrême mais l’auteur du dessin, qui a eu beaucoup de succès en Côte d’Ivoire, a eu le nez creux. Son œuvre a mis le doigt sur un sujet crucial : la religion et l’argent.
La caricature montre un pasteur en plein culte qui reçoit un journaliste.
– Pasteur, comment est géré l’argent que donnent les fidèles ?
Le pasteur observe que ses fidèles sont très attentifs à la question. Comme s’ils se la posaient intérieurement. Il garde toute sa sérénité et répond au journaliste :
– L’argent de l’église? Je lance tout en l’air. Ce qui reste en haut, c’est pour Dieu. Ce qui descend, c’est pour moi. Dieu, ayant lui-même, fait le partage.
Fidèles, journaliste, pasteur, tout le monde a ri… Les billets de banque lancés en l’air ne pouvant que redescendre ! L’argent de l’église donc revient au pasteur.
Plus sérieusement, la gestion des finances des lieux de culte suscite bien des interrogations.
« Pourquoi voyez-vous toujours Dieu par rapport à l’argent? Dites-moi pourquoi vous faites ça ?« . Le pasteur Ebenezer Yao, Fondateur de l’Eglise des Saints du Septième jour, entre quasiment en transe quand on évoque la gestion des divers dons que son église reçoit.
« Si ce n’est pas Satan qui vous guide et vous envoie perturber l’œuvre de Dieu, c’est quoi encore ?« . Le sujet est-il si tabou ? « On peut en parler mais c’est votre obsession pour l’argent qui énerve. Ici, c’est une église. Pas un centre commercial. Ce n’est pas une entreprise. Si ça devrait en être, le seul actionnaire, c’est Dieu, maître de l’univers. C’est lui qui bénit, c’est lui qui octroie« . L’homme de Dieu est allergique à tout ce qui touche à l’utilisation des fonds que génère son ministère.
Générosité de Dieu
« Quand Dieu a décidé quelque chose pour toi, personne ne peut s’opposer. Les biens que j’ai proviennent des dons de personnes pour qui j’ai prié. Ce sont des dons personnels. Des dons faits à moi et non à l’église », précise-t-il.
Faustin Yao, de son vrai nom, fait partie des pasteurs qui estiment que « les hommes de Dieu doivent témoigner de la générosité de Dieu en exhibant leur richesse. Si Dieu est bon pour les fidèles, il l’est d’abord pour ses pasteurs. Donc, un pasteur ne doit pas vivre dans la galère. Comment tu peux convaincre les gens de la bonté de Dieu si toi-même tu es pauvre ?« .
Pasteur Ebenezer est conscient que les griffes de ses costumes et marques de ses véhicules qu’il affiche, de façon ostentatoire, alimentent les rumeurs disant que les guides religieux s’enrichissent sur le dos des fidèles. « Sinon, partout où il y a religion, il y a l’argent. Mais ce sont les pasteurs seulement que vous voyez« .
Il a raison au moins sur un point. Religion et billets de banque ont un lien. Un lien solide. Tout comme l’Archevêque Guy Vincent, fondateur de la Mission évangélique Grâce de vie (MEGVIE) selon qui »les gens doivent comprendre que les pasteurs dont on se f… par le passé, c’est fini. Cette époque est révolue », souligne l’ex-rappeur converti en homme de Dieu et dont le ministère jouit de la réputation de recevoir des ministres, hommes d’affaires prospères, célébrités du show-biz, du sport…
À l’église catholique, l’argent est géré par les fidèles. « C’est pour cela qu’il y a peu de rumeurs sur les prêtres à propos d’enrichissement« , dit-il. Les prêtres reçoivent un »salaire » entre 50 000 et 150 000 FCFA/ mois, pour faire face aux quelques imprévus. Ils sont entièrement pris en charge. La plupart vivent dans les presbytères, résidences des prêtres dans une paroisse. Ils reçoivent des fidèles une voiture. Ils ne disposent, en général, d’aucun bien immobilier. Célibataire de par le vœu de chasteté qui précède l’ordination, ils n’ont pas de famille à charge. Ils vivent surtout dans la sobriété.
En l’absence d’une réglementation sur le financement public aux religions, il n’en reste pas moins que des coups de pouce des pouvoirs sont reçus, sous forme de dons ponctuels.
Avec Apanews
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