WARA abaisse d’un cran la notation du Groupe SIFCA, premier employeur privé de Côte d’Ivoire, à BBB+. La perspective demeure « négative ».
West Africa Rating Agency (WARA) abaisse aujourd’hui la notation du Groupe SIFCA d’un cran. Sur l’échelle régionale de WARA, la notation de long terme de SIFCA passe de «A-» à «BBB+», toujours en grade d’investissement, et sa notation de court terme passe de « w-3 » à « w-4 ». Cet abaissement de note reflète: i) la forte baisse des cours du caoutchouc naturel et de l’huile de palme; ii) la dégradation de la performance financière de SIFCA en raison des défis que connait le Groupe ; iii) notamment au niveau de la filière oléagineuse où la concurrence s’intensifie et où des insuffisances opérationnelles ont considérablement affaibli sa rentabilité en 2015; et iv) le fait que les perspectives de développement du Groupe à moyen terme ne devrait pas lui permettre d’échapper à la volatilité du cours des matière premières. La perspective attachée à ces notations reste négative.
Simultanément, sur son échelle internationale, WARA assigne à SIFCA une notation inchangée de iB+/Négative/iw-5. Les notations de SIFCA restent tributaires de la relative instabilité et de la dépression des cours du SICOM et du CPO CIF ROTTERDAM, indices déterminant le prix de marché du caoutchouc naturel et de l’huile de palme. En effet, l’évolution des cours mondiaux des matières premières affecte directement le chiffre d’affaires de SIFCA, de manière exogène. La notation de SIFCA restera volatile, à l’instar de l’évolution des cours des matières premières. Cependant, les avantages compétitifs de SIFCA sur son marché, sa maîtrise de la chaîne de valeur dans les secteurs du caoutchouc naturel, de l’huile de palme et du sucre, ainsi que sa structure financière saine, malgré la cyclicité de ces secteurs, sont les trois facteurs structurels déterminants pour la notation de
SIFCA. WARA justifie la perspective négative attachée à ces notations par le fait qu’il sera difficile à la filière sucrière, malgré une amélioration de sa performance financière, de mitiger les effets négatifs des cours mondiaux sur les deux autres filières.
La notation de contrepartie de SIFCA ne bénéficie d’aucun facteur de support externe. Toutefois, l’opinion de WARA quant à la solvabilité de SIFCA tient compte des bénéfices multiples que tire le
Groupe des relations étroites qu’il entretient avec ses actionnaires stratégiques, Wilmar et Olam dans l’huile de palme, mais aussi, dans une certaine mesure, Michelin dans le caoutchouc et Terra dans le sucre.
Fondée en 1964 à Abidjan, SIFCA occupe une place particulière dans le secteur agro-industriel ouestafricain. SIFCA est en effet le premier employeur privé de Côte d’Ivoire, fort d’environ 29 000 salariés (dont 20 000 en Côte d’Ivoire), son chiffre d’affaires s’élève à 429 milliards de francs CFA en 2015. SIFCA produit 140 000 tonnes de caoutchouc naturel (dont 100 000 tonnes en Côte d’Ivoire) et 300 000 tonnes d’huile de palme raffinée par an, ce qui en fait l’acteur de référence de ces filières sur le marché domestique ivoirien; cette capacité de production grandissante constitue un facteur important de notation.
Une amélioration de la notation de SIFCA dépendra:
i) d’une hausse significative et durable des cours du SICOM pour le caoutchouc naturel et du CPO CIF Rotterdam pour l’huile de palme
; ii) d’une amélioration continue des processus industriels et de gestion visant à réduire les coûts de production
; iii) de la poursuite des plans d’investissement nécessaires pour moderniser et/ou augmenter les capacités de production actuelles des différentes filiales
; iv) de l’augmentation continue de la surface de plantation détenue en propre pour une meilleure rentabilité et une meilleure qualité du produit fini et v) du développement de produits finis oléagineux portés par plusieurs marques fortes sur le marché régional à même de mieux cristalliser les marges de cette filière.
Une détérioration de la notation de SIFCA serait la conséquence: i) d’une nouvelle crise politique impactant la Côte d’Ivoire ;
ii) de la perte de parts de marché de SIFCA sur ses marchés domestiques, régionaux et internationaux, selon les filières ; iii) de la baisse significative et durable des cours du SICOM pour le caoutchouc naturel et du CPO CIF Rotterdam pour l’huile de palme;
ou iv) de retards rédhibitoires en matière d’investissements destinés à moderniser et/ou à augmenter les capacités de production. A titre de référence, WARA estime que la probabilité d’occurrence des scénarios favorables est inférieure à celle des scénarios défavorables à moyen terme, ce qui signifie en d’autres termes, que la notation actuelle de SIFCA contient moins de possibilités de rehaussement que de risques d’abaissement. La méthodologie que WARA utilise pour la notation du Groupe SIFCA est la méthodologie de notation des entreprises industrielles et commerciales, publiée le 15 juillet 2012 (révisée en septembre 2016), et disponible sur le site Internet de WARA (www.rating-africa.org). Les sources d’information utilisées par WARA pour la conduite de la notation du Groupe SIFCA sont principalement les informations privatives obtenues lors des échanges avec le management de SIFCA et de ses filiales, au cours du mois de juin 2016. Ces informations, couplées à des sources publiquement disponibles, sont considérées par WARA comme pertinentes et suffisantes pour la conduite de la notation du Groupe SIFCA. Enfin, WARA précise que la notation de SIFCA est sollicitée et participative, c’est-à- dire qu’elle fait suite à une requête en notation de la part de SIFCA, et que l’équipe dirigeante du Groupe a pris une part active aux échanges avec les équipes analytiques de WARA.
La note du Groupe SIFCA de « BBB+ » est donc 2 crans au-dessus de la note acceptée par le CREPMF pour émettre sans garantie. Le rapport de notation complet est disponible sur demande par mail à l’adresse suivante :infos@rating-africa.org
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