Crée depuis 1974, le marché HLM devait être démoli depuis 2007, mais faute de lieu de recasement et d’entente avec les commerçants, la Mairie alors dirigée par Pape Diop, avait suspendu la mesure. C’est M. Assane Thiam un des principaux responsables du marché qui en a fait la révélation. M. Khalifa Sall, plus ferme, a remis la décision à l’ordre du jour.
«Le problème du marché ne sera facile à résoudre parce qu’ici, il y a trois parties qui tirent chacun de son côté. La mairie doit préserver son intérêt, les commerçants qui sont, en général les propriétaires, refusent céder les terres à la Mairie et les tailleurs, qui représentent 90% des occupants du marché, ont juste un contrat de location. Alors, il faut tenir compte des intérêts de chaque partie prenante», explique M. Thiam, ex-vice-président de l’UNACOIS, l’organisation regroupant les commerçants et par ailleurs, maître-tailleur à Hlm depuis 1987.
Construit sous le régime d’Abdou Diouf, le marché Hlm compte, aujourd’hui, plus de 500 cantines, sans compter les tables. Même s’il ne dispose de toilettes publiques, il ne cesse d’attirer du monde. Et chez les commerçants, il n’est point question de quitter ce lieu magique. Certains affirment même n’avoir pas reçu de sommation de la Mairie. «On entend la presse parler de la fermeture des marchés Tilène et Hlm mais pour le moment, aucune autorité compétente n’est venue nous parler. Mais, je ne compte pas quitter ma cantine. Car, ce que je gagne ici, rien ne me garantit que je puisse l’obtenir ailleurs. J’ai de la clientèle à Tilène», argue Amadou Thiam, bijoutier au marché Tilène.
Selon ce dernier, la volonté de fermer le marché ne s’explique même pas. Parce que, dit-il, la terrasse principale peut encore tenir pendant des années. «À Dakar, on trouve des maisons qui sont vieilles avec un état pire que celui de Tilène et pourtant les gens y habitent», renchérit-il.
Des branchements clandestins à Tilène, des murs en lambeaux aux Hlm…
Parlant de ces deux marchés, le Maire de Dakar les assimilait à des bombes à retardement, le constat sur le terrain semble donner raison à M. Khalifa Sall. Si, certains commerçants déplorent la mesure, eu égard à la bonne santé des bâtiments, certains pointent des manquements qui méritent réflexion. Selon Abdoul Dia, le marché Tilène a besoin d’une bonne installation de circuits électriques car en général, les branchements se font à partir d’autres cantines. «On sait que les court- circuits sont souvent à l’origine des incendies dans les marchés. Parler d’une fermeture du marché est un faux-débat, il faut plutôt essayer de refaire les quelques manquements».
Au marché Hlm, le décor n’est pas des plus rassurants. Sous des bâtiments où les fissures sont visibles à l’œil nu, des terrasses à moitié écroulées, des murs fendus, des commerçants exercent leur activité et semblent peu se soucier du danger environnant.
«On est conscient du risque mais on n’a pas le choix, ce lieu est notre gagne-pain. Ici, on est tous des soutiens de familles et on ne peut rester chez nous sans travailler mais si la Mairie nous trouve un site de recasement on s’y installera», déclare ce tailleur du nom de Mbaye.
Bien que l’annonce de la fermeture des marchés Hlm et Tilène soit des sujets d’actualité, il faut signaler que les vendeurs et commerçants, rencontrés sur les lieux, affirment n’avoir pas encore reçu de sommation venant des autorités compétentes.
A ces positions fermes, vient s’ajouter la gronde des commerçants de Sandaga. Après avoir accusé le Préfet de Dakar, M. Djibril Diakhaté, porte-parole des victimes de l’incendie du Marché Sandaga, les autorités n’ont pas fait leur devoir. Puisque la seule question qu’ils ont posé et qui peine, jusqu’à présent à trouver réponse, c’est la question du relogement. «Lorsque nous avons interpellé le Préfet, il nous a répondu que c’est lui qui a pris sa propre décision. Pourtant, s’il nous avait prévenus à temps, on allait quitter sans faire du bruit. Mais ils ont laissé jusqu’à ce que tout le monde aille fêter en famille pour fermer le marché», dit-il. Pire, ces commerçants prennent l’Etat pour responsable de ce qui leur est arrivé. Par conséquent, ils vont porter plainte contre l’Etat. Pour Ahmet Fall Braya, Président de l’autre tendance de l’UNACOIS, il faut recenser tous les sinistrés afin de les rembourser.
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