En marge de son forum annuel, la Fondation Mo Ibrahim a organisé une rencontre à Addis Abeba, en partenariat avec l’association Africa.2.0, intitulée «A business plan for Africa : from vision to execution». Victor Ndiaye, PDG du cabinet Performances Group, avait introduit les débats. Une synthèse de son intervention.
L’objectif consistait à identifier les bonnes pratiques du Secteur privé en termes de planification stratégique et de mise en œuvre opérationnelle de plans de développement pour voir dans quelle mesure ces pratiques seraient applicables au continent africain. Un panel de personnalités du Secteur privé a identifié des solutions qui seront associées aux réflexions de la Fondation Olesegun Obasanjo avant d’être partagées avec le Secrétariat Général de l’Union Africaine (UA) et éventuellement incorporées dans la planification stratégique officielle de l’UA.
Le discours d’ouverture est revenu à Victor Gorom Ndiaye, professionnel de la planification stratégique et PDG de Performances Group. Il a supervisé la planification stratégique de plusieurs institutions et entreprises multinationales africaines comme Sonatel.
M.Ndiaye a constaté que l’Afrique reste un acteur marginal de la mondialisation et que l’évolution de son statut au 21ème siècle reste en suspens dans la mesure où l’Afrique est morcelée en 54 pays peu intégrés. D’où la nécessité de s’interroger sur les voies et moyens de faire de l’Afrique, un acteur significatif du 21ème siècle, en mesure d’apporter des réponses adéquates aux besoins de ses populations.
Le PDG de Performances Group identifie 6 ingrédients pour la recette gagnante d’une Afrique convergente qui rattrape son retard sur les économies matures du monde développé.
- «Financer les investissements massifs requis dans les infrastructures par des recettes plus importantes de nos matières premières et de nos terres». Pour nombre de minerais précieux, l’Afrique dispose d’un monopole de production lui permettant d’imposer des conditions tarifaires comparables à celles de l’OPEP sur le pétrole. Ce qui augmenterait les revenus générés par leur vente qui pourront servir à financer les infrastructures nécessaires à la transformation de l’Afrique.
- «Investir massivement dans le capital humain». L’Afrique dispose d’une force active de 600 millions de personnes. Malheureusement, la moitié d’entre elle est oisive, ce qui constitue un gâchis colossal. 300 millions de nouveaux actifs s’y rajouteront d’ici 2030. C’est une chance face à un monde développé vieillissant et dont la force active diminue, mais aussi une bombe si cette force reste condamnée à l’oisiveté, les Printemps arabes en constituant un avant-goût.
- «Généraliser l’usage des nouvelles technologies de l’information». Le 21ème siècle sera numérique, les réseaux de fibre optique représentant les chemins de fer du 19ème siècle et les autoroutes du 20ème siècle. Mais, de tous les retards, la fracture numérique est la plus facile à rattraper et la plus rapide pour accélérer la transformation économique. L’appropriation, par l’Afrique, de l’économie numérique constitue une priorité absolue et doit lui permettre d’accroître sa productivité, d’inclure ses populations dans la dynamique économique, y compris le «bas de la pyramide», et d’engager le développement de son industrie, secteur-phare du 21ème siècle dans lequel l’Afrique joue à armes égales avec le reste du monde.
- «Favoriser l’émergence de grands groupes bancaires africains, prêts à accompagner l’émergence d’entreprises régionales et mondiales et de grands médias africains pour dire, nous-mêmes, notre histoire».
- «Mutualiser et renforcer nos forces de sécurité qui doivent être, au minimum, capables de neutraliser les menaces externes». En effet, que vaut notre indépendance si nous dépendons de nos anciens colons pour bloquer les envahisseurs, comme récemment au Mali ? Que valent nos armées pleines de généraux, mais sans armes, ni minutions ?
- «Bâtir des institutions fortes et une société civile active pour choisir, stimuler, contrôler et sanctionner nos dirigeants».
Les six propositions de M. Ndiaye constituent une feuille de route intéressante pour l’avenir. La vision est posée, reste à savoir qui se chargera de l’exécution et à quelle vitesse ? Les 54 chefs d’Etat qui se réuniront en 2014 pour arrêter la vision d’avenir de l’Union africaine sauront-ils relever le défi ? Au-delà, le Secteur privé et la Société civile africaines répondront-ils présents pour assumer les tâches qui leur reviennent ? Les questions restent ouvertes….
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