Située en plein cœur des quartiers de la Sicap, au niveau du Terminus des bus de transport en commun, entre les quartiers Liberté et Dieuppeul 4, Cette foire diffère des autres marchés du même type qui se tiennent à dates fixes et aux mêmes endroits : les week end à Front de terre, vers le quartier Castors et les mercredis à la Gueule tapée, aux abords de l’hôpital Abass Ndao.
Les « marchés nomades » sont en général fréquentés par des vendeurs ambulants contraints de fuir les contrôles intempestifs des agents municipaux. Ils font ainsi le tour de la ville, avec leurs étals, leurs couleurs, leurs parfums, à la recherche de la place idéale, afin d’écouler leurs marchandises.
D’après Éric, commerçant camerounais, les vendeurs des marchés nomades choisissent de s’installer dans certains endroits publics de la capitale, pour quelques semaines (environ un mois), afin d’éviter les tracas administratifs.
« Nous fuyons les contrôles intempestifs des agents de la mairie, qui nous empêchent d’exercer notre métier et de gagner notre vie. Mais le fait de se déplacer régulièrement nous permet aussi de repérer les endroits où il y a le plus de clients », explique-t-il.
Messages programmés
Au marché nomade de Liberté 5, on trouve des articles intéressants et pour le moins originaux. Dans le but d’attirer les acheteurs, certains vendeurs ont placé des mégaphones qui répètent inlassablement des messages programmés : « T-shirts, 500. Jupe, 500. Robe, 500 » ou encore « Tuez les rats, tuez les cafards ! ».
Des termes accrocheurs et souvent drôles qui finissent par s’installer insidieusement dans les esprits des clients.
Bien achalandée en produits classiques, la foire de Liberté 5 fait tout de même la part belle aux produits… exotiques. Majoritairement faits à base de plantes naturelles, d’écorces, de feuilles, etc., ils sont emballés dans des bocaux, tubes ou sachets sans effort particulier sur l’esthétique. C’est l’efficacité qui compte, dira-t-on. Sur les étals de certains vendeurs, on peut observer des poudres colorées, des mixtures mystérieuses qui selon les fournisseurs, auraient des propriétés exceptionnelles capables de guérir rapidement, certaines maladies et infections.
D’autres concoctions proposées par des vendeurs permettraient d’augmenter le volume des rondeurs des femmes sans passer par la chirurgie. De quoi faire pâlir la médecine moderne.
Le stand qui attire le plus l’attention est celle tenue par Éric. Visiblement, il opère dans un tout autre domaine d’expertise. Son box est principalement composé de pots contenant des crèmes, des savons et des poudres. Mais gardez-vous de croire qu’il s’agit là de cosmétique ou d’alimentation ! En fait, ces produits ont des propriétés mystiques, révèle Éric. En lisant quelques étiquettes collées sur les bocaux, on peut voir les inscriptions suivantes : « savon magique » ou « chasse les mauvais esprits ».
Des écriteaux qui laissent perplexe tant leur effectivité est à vérifier. Nous avons demandé à notre interlocuteur la provenance de ses produits, leur mode d’utilisation et leur efficacité. Sa réponse ne laisse place à aucune équivoque : « Ces produits sont très efficaces ! Ce sont des mélanges qu’on fait avec des plantes naturelles et d’autres ingrédients secrets. Ensuite, il y a des gens qui font des prières dessus, des rituels pour que la magie opère. Quand les esprits ont donné leur accord, on peut vendre le produit. Par exemple, si vous sentez une présence maléfique chez vous, répandez cette poudre aux quatre coins de votre maison ».
Des explications qui laissent perplexe une cliente nommée Ndeye, rencontrée sur les lieux. Sans ambages, elle dit douter de l’efficacité de ces « produits magiques », n’hésitant pas à qualifier de charlatans « ceux qui vendent des illusions aux clients désespérés ».
Retour à la réalité
Dans d’autres étals, parmi la vingtaine qui sont recensés au nouveau du marché nomade de Liberté 5, il y a de la friperie pour femmes, des chaussures, des produits cosmétiques. Mais aussi, des épices, des fruits et légumes, des poudres. Bamba, un vendeur de vêtements, témoigne : « Vous pouvez trouver ce que vous aimez ici. Moi, j’ai des vêtements uniques, originaux. Les femmes aiment venir s’habiller chez moi. Et puis je propose des bons prix ».
Nous avons tout de même remarqué que la fréquence de la clientèle n’est pas si élevée que ça. En effet, la plupart des étals sont très calmes, surtout lorsque le soleil est au zénith. « Les choses que je vends sont destinées à une clientèle particulière, des amateurs du genre. C’est pour cela que je n’ai pas beaucoup de clients. Pour les autres, je pense que c’est la zone où on est installé qui n’est pas trop fréquentée. Il n’y a pas beaucoup d’habitations à côté », se dédouane Abou, vendeur d’habits et d’accessoires africains et traditionnels.
« Normalement, notre prochaine destination sera le quartier Liberté 2, vers Baobab. Je pense que ce sera une meilleure place là-bas », espére-t-il.
Par Khan Méré
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