Généralement, les clients estiment que les taux d’intérêt sont élevés dans le secteur de la Microfinance. Et juge que cette situation impacte négativement sur leurs capacités de remboursement. En réponse à ces préoccupations, le Directeur de la Microfinance assure qu’il y a des facteurs qui pourraient expliquer le niveau des taux d’intérêt des Systèmes financiers décentralisés. « Il faut savoir que le microcrédit est très coûteux, parce que l’activité de Microfinance mobilise plus de ressources humaines que l’activité bancaire classique basée sur la fourniture de garanties matérielles », explique Moussa Dieng.
Se voulant plus explicite, il en cite au moins trois cas. « D’abord, il y a le coût des ressources provenant des dépôts collectés auprès des clients, des ressources empruntées auprès des banques ou d’autres organismes de financement. Ce taux varie entre 8 et 12% pour certains SFD, car étant considérés par les établissements de crédit, comme une clientèle ordinaire et très risquée. »
« Ensuite, les frais généraux constitués des coûts liés au personnel, aux fournitures et autres services nécessaires pour assurer la collecte des ressources, la gestion des crédits et l’Administration de l’institution. Le niveau de ces frais généraux est relativement élevé au niveau des Systèmes financiers décentralisés. »
« Enfin le coût du risque représentant la perte supportée par le SFD, en raison de la réalisation du risque élevé de contrepartie ou de défaut de paiement des crédits mis en place (pertes sur créances irrécouvrables), ce coût est estimé à 6% en moyenne. »
«Certes, cela rend complexe la situation qui est loin d’être insurmontable », reconnaît-il, soulignant qu’il y a lieu de préciser d’abord que les institutions financières appliquent les taux en tenant compte des risques encourus et des charges d’exploitation.
Toutefois, signale-t-il, les taux appliqués ne doivent pas dépasser la limite du taux d’usure qui constitue un plafond actuellement fixé à 24% pour les institutions de Microfinance, contre 27% avant 2014. « En d’autres termes, en fonction de la qualité du dossier, les taux appliqués peuvent être, dans certains cas, inférieurs à 2 chiffres, par exemple 9%. »
Une rencontre de concertation
Mieux, Moussa Dieng révèle que cette problématique est une grande préoccupation pour le Président de la République qui l’a évoquée plusieurs fois. D’ailleurs, il a révélé que la problématique de la tarification devrait être abordée lors des Assises de la Microfinance que Mme le Ministre prévoit d’organiser très prochainement.
Le Directeur de la Microfinance rappelle que le problème de la tarification du crédit a déjà fait l’objet d’une rencontre de concertation organisée par le Ministre de la Microfinance et de l’Economie solidaire, Mme Zahra Iyane THIAM, en 2020, et qui avait regroupé l’ensemble des acteurs du secteur pour débattre sur la question.
Au sortir de cette concertation, plusieurs recommandations avaient été formulées, au nombre desquelles, la création du Fonds national de la Microfinance (FONAMIF). « Avec le FONAMIF, nous avons bon espoir qu’il y aura un impact sur le coût du crédit à travers la mise en œuvre de ses mécanismes d’intervention tels que la ligne de crédit à des conditions souples, le fonds de bonification, le fonds de garantie. »
A cela, il faudra compter sur le renforcement des programmes étatiques pour faciliter l’accès des SFD à des ressources à faibles coûts, le fonctionnement optimal de tous les mécanismes spécifiques de sécurisation des crédits, tels que les fonds de garantie des prêts et les fonds de bonification des taux d’intérêt, ainsi que la promotion de la micro-assurance, le développement de la finance islamique, la transformation digitale.
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