Parmi les difficultés des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), figure, en grande partie, la gestion de leur système d’information. Un investissement trop élevé pour un seul SFD. D’où la mission du Centre de Traitement Informatisé du Sénégal (CTISN) pour une mutualisation des coûts.
A travers une plateforme informatique commune, les SFD situées dans tout le territoire, peuvent à distance, enregistrer l’ensemble de leurs données liées aux opérations d’épargne et de crédit. Ils ont à leur disposition une méthodologie efficace de contrôle interne de leurs opérations et qui leur permet de produire rapidement les rapports exigés par les autorités. Une équipe de financiers comptables et informaticiens est à leur disposition pour assistance.
Selon Abdoul Magib Diallo, le Directeur Informatique, les informations étaient traitées manuellement au niveau des SFD. «L’avantage d’externaliser le service informatique, c’est qu’une informatisation ponctuelle pour une caisse coute cher autant la migration que la gestion et maintenance. L’achat du matériel physique (serveurs, onduleurs, ordinateurs, appareils de sécurité informatique et réseautique, groupe électrogène) et logiciel (Licence des systèmes d’exploitation serveur et poste de travail, l’application de gestion bancaire intégrée, les antivirus, le système de gestion de bases de données), devient quasiment inaccessible pour beaucoup de SFD. Il faut aussi sauvegarder ces données financières pendant 10 ans. Un informaticien devra être embauché pour gérer tout ce dispositif. Imaginez une petite caisse qui n’a pas assez de ressources pour payer tout ça, de façon récurrente, que va-t-elle faire ? Donc, nous leur fournissons une plateforme informatique de haute technologie, une équipe informatique dédiée à la gestion de la fiabilité des données et la sécurisation de ces données financières sensibles», explique-t-il.
Un moyen de transparence…
En général, au début de leurs activités, les SFD n’ont pas trop de problèmes, mais quand elles grandissent, les exigences évoluent en même temps. «La 1ière fois que le système a fonctionné et qu’on a pu remettre à un client son relevé de compte, il n’en revenait pas. On lui a retracé toutes ses opérations. Avant, il avait un carnet où il mettait ces informations, avec le risque de se tromper. Là, il avait tous les éléments, soldes et mouvements. Aujourd’hui, pour obtenir un visa, on vous demande un extrait de compte. Si vous présente un carnet, on ne l’acceptera pas», reconnaît Mme PINA
Selon Mme Pina, même s’il n’est pas encore possible de mesurer les impacts, l’informatisation a quand même mis à nu certains manquements dans la gestion de quelques IMF. «Depuis le début de cette informatisation, nous avons perdu 5 IMF, l’informatisation a été le révélateur des mauvaises pratiques de gestion ».
Aujourd’hui, les SFD n’ont plus le choix. Tous ceux qui veulent être agréés doivent avoir un système informatique fiable, comme l’exigent la DRS et la BCEAO. Ces dernières orientent souvent les IMF vers le CTISN pour leur informatisation.
Quid de l’origine du CTISN ? C’était un projet d’informatisation des IMF de petite taille, financé par la Coopération canadienne à travers Développement International Desjardins (DID). Il avait pour objectif d’informatiser 36 SFD sur une période de 5 ans. «Cela a eu un tel succès qu’on a dépassé les objectifs en moins de 3 ans. A la fin du projet, les SFD membres ont décidé de le maintenir l’outil, en créant un GIE. Aujourd’hui, ils sont clients et propriétaires du CTISN. C’est grâce aux cotisations des membres que le centre fonctionne et nous avons près de 160 000 clients. Nos perspectives vont dans le sens d’offrir plus de services mutualisés à nos membres», explique Mme Pina.
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