La catégorie « femme au foyer » apparait très souvent. Capitaine Haddock, Capitaine Kirk, des diamantaires et des terroristes font aussi partie des listes …
Industriels, célébrités, riches héritiers, trafiquants d’armes et de drogues, étudiants ou encore femmes au foyer. On trouve toute sorte de profils parmi les fichiers clients de la filiale suisse de la banque HSBC qui ont été rendus publics lundi par un consortium de la presse internationale baptisé « SwissLeaks ».
Célébrités, riches héritiers et sportifs
On rencontre ici des vedettes de la scène, des mannequins, des acteurs, des créateurs de modes et des sportifs, comme Christophe Dugarry, champion du monde 1998, ou encore le pilote de F1 Fernando Alonso. Le nom de l’héritière de la couturière française Nina Ricci a ainsi été avancé. Son procès pour fraude fiscale devrait d’ailleurs s’ouvrir la semaine prochaine. Mais pour nombre d’entre eux, la situation avait été régularisée, ont-ils indiqué. Comme Gad Elmaleh, qui disposait d’un compte caché peu approvisionné.
Trafiquants d’armes et de diamants
L’enquête journalistique confirme que ce sont les artisans du diamant d’Anvers, en Belgique, qui ont le plus profité du système. Selon le quotidien Le Soir, membre du consortium, au moins 916 diamantaires figurent parmi les 3 002 Belges apparaissant dans les fichiers. C’est en Belgique que HSBC Private Banking avait été inculpé de fraude et de blanchiment en novembre 2014. La banque a par ailleurs abrité le compte d’une société guinéenne qui fournissait des armes au Liberia, en 2003, alors en pleine guerre civile. Le compte a été momentanément bloqué, puis il a été réactivé. En 2007, il était crédité de 7,14 millions de dollars.
L’étrange catégorie des « femmes au foyer »
Comme l’a remarqué Slate.fr, l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) s’est aussi intéressé au nombre de « femmes au foyer » répertoriées dans les dossiers de HSBC, qui compilait toutes sortes d’informations sur les visites en Suisse de ses clients. Assez surprenant d’autant que l’ICIJ note que la catégorie « femme au foyer apparaît à une fréquence incroyable, bien plus souvent que des professions plus logiquement rentables comme docteurs, avocats ou diamantaires ». Elles représentent ainsi plus de 7 300 clients du nombre total de propriétaires de comptes cachés HSBC. Loin devant les catégories « étudiants » et « sans-profession » qui représentent tout de même à elles deux environ 4 000 clients !
Parmi ces femmes au foyer, une certaine Mary Wells Lawrence fait d’ailleurs partie des clientes. Âgée de 86 ans, elle est célèbre pour avoir fondé une agence de pub en 1966. On lui doit d’ailleurs le slogan « I love New York ». On retrouve aussi la princesse saoudienne Lolowah al-Faisal al-Saud, la femme d’affaires thaïlandaise Khunying Patcharee Wongpaitoon – mise en cause dans son pays dans une affaire de criminalité financière -, mais aussi Arlette Ricci, l’héritière de la couturière française Nina Ricci.
Capitaine Kirk, Capitaine Haddock et Zidane
Toutes sortes de ruses ont été utilisées par les clients. Pour cacher au mieux leur identité, certains utilisaient – en plus des comptes liés à un numéro plutôt qu’à un nom – des noms de code. Le journal britannique The Guardian a ainsi retrouvé un Capitaine Kirk (du nom du personnage de Star Trek), un Capitaine Haddock, ou encore un certain Mister Shaw. Des noms de footballeurs tels que Zidane ou Cruyff ont même été utilisés.
Donateurs d’al-Qaida
En 2002, les enquêteurs américains découvrent une liste de 20 riches Arabes présumés donateurs d’al-Qaida. Les Américains baptiseront ce réseau la « Chaîne d’or ». Treize ans après cette découverte, SwissLeaks révèle que certains financiers présumés avaient placé des fonds chez HSBC Suisse. Ces personnes sont des « cheikhs » et des « princes », qui « font les unes des magazines d’affaires en tant que gestionnaires ou propriétaires de grands conglomérats », écrit la SonntagsZeitung, un hebdomadaire suisse.
Le monde économique
Le quotidien russe Vedomosti, associé à l’initiative SwissLeaks, s’est concentré sur les « fonctionnaires millionnaires » russes impliqués. Une liste de 740 noms a été établie, mais les noms des « premiers personnages de l’État et des grandes figures politiques » n’ont pas été trouvés. Vedomosti parle surtout de personnes ayant travaillé dans l’appareil d’État et les grandes entreprises publiques ou établissements bancaires.
Dans tous les cas, il s’agit de fonctionnaires qui n’occupent plus leur poste ou de responsables qui ne sont plus aux commandes des entreprises publiques russes. Si les médias partenaires ont fait une liste de grands patrons, des personnes beaucoup moins en vue sont aussi concernées. Le Monde relate que parmi les clients français, « après les employés de HSBC, les commerçants, dirigeants d’entreprises – notamment dans le textile – et professions libérales sont les plus représentés. On compte ainsi une centaine de médecins et une cinquantaine d’avocats », désireux de blanchir leurs honoraires non déclarés.
Les politiques
Le journal suisse Le Matin dimanche a enquêté quant à lui sur les clients « très politiques » de HSBC. Il cite le cas d’un ministre libanais, qui est aussi un entrepreneur prospère. Il aurait disposé sur un compte HSBC de 42 millions de dollars. Le ministre a été accusé par la presse libanaise de corruption, notamment dans le cadre d’une faillite bancaire en 2003. Un autre ministre libanais avait quelque 75 millions de dollars chez HSBC Suisse. Une enquête a été ouverte contre lui au Liban fin 2013. Rami Makhlouf, cousin du président syrien Bachar el-Assad, possédait 27 millions de dollars chez HSBC. Il a été accusé de corruption par les États-Unis dès 2008.
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