Au Sénégal, 53,6 milliards de francs CFA – environ 81,7 millions d’euros – doivent être décaissés : 23 milliards d’ici la fin de l’année et 31 en 2025. Une enveloppe qui doit servir à financer la construction d’infrastructures de base – comme des forages pour avoir accès à l’eau, des écoles et des voies d’accès – et le retour des services de l’État qui avaient quitté certaines zones, en raison de l’insécurité. Le tout pour encourager le retour de quelques 6 000 personnes dans leurs villages d’origine.
La majorité est rentrée, mais « 33 villages sont encore abandonnés » à cause des combats séparatistes qui ont eu lieu jusqu’au début des années 2000, dans la région, a affirmé le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a également annoncé investir 10 milliards de francs CFA dans le déminage de la Casamance. Il en reste en effet beaucoup encore dans les zones frontalières avec la Gambie, disséminées au plus fort des combats dans les années 1990.
« La Casamance a besoin d’une discrimination positive »
Des annonces par ailleurs très politiques, des législatives anticipées devant se tenir au Sénégal le 17 novembre : Ousmane Sonko a été maire de Ziguinchor, la principale ville de la Casamance, pendant près de deux ans, jusqu’à ce qu’il devienne Premier ministre il y a six mois. Ce dernier a donc un lien particulier avec cette région dans laquelle il a grandi.
Il sait aussi que la crise politique, alors qu’il était dans l’opposition, a impacté l’économie de la Casamance : le ferry qui relie deux fois par semaine Dakar à Ziguinchor a notamment été fermé pendant près d’un an, suite aux manifestations de ses partisans à Dakar, étouffant l’économie de la région qui vend et exporte tout au départ de la capitale.
C’est une satisfaction donc du côté des opérateurs économiques et des acteurs de développement de la région. « Il s’agit essentiellement d’infrastructures scolaires, sanitaires et d’accès à l’eau et à l’électricité mais aussi de routes qui permettent aux populations de pouvoir communiquer entre les villages ou elles reviennent et le reste de la Casamance et le reste du pays. Or, les besoins de base sont immenses. La Casamance a besoin d’une discrimination positive », explique Mor Fall, qui travaille pour l’ONG Grdr Migration-Citoyenneté-Développement à Ziguinchor.
Étendre les investissements à l’ensemble du territoire de la Casamance
Considérés comme une condition sine qua non pour faire revenir les populations et les investisseurs économiques dans la région, ces infrastructures doivent principalement voir le jour dans les zones enclavées frontalières avec la Gambie, au nord, d’une part, et dans celles qui jouxtent la Guinée Bissau, au sud.
Objectif, à terme : accroître les investissements sur l’ensemble du territoire de la Casamance, alors qu’ils se limitent pour l’heure aux zones les plus accessibles. « En ce qui concerne la pêche – aussi bien fluviale que maritime – par exemple, quand on met les fonds en face du potentiel de ce secteur, on constate qu’il y a énormément de choses à faire pour permettre aux populations de tirer un maximum de profit des opportunités qui se présentent à elles », illustre Youssouph Badji, le coordonnateur du projet de développement économique de la Casamance.
Le projet sera, lui, piloter par l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance, en lien avec les structures locales et décentralisées.
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