Le WSSCC en collaboration avec ONU Femmes ont mis en œuvre un programme conjoint Genre, Hygiène et Assainissement sur trois pays en Afrique ; Sénégal, Niger, Cameroun. Ce programme a pour objectif de renforcer les politiques de santé, d’hygiène et d’assainissement pour les femmes et les filles en Afrique de l’Ouest et du Centre, de changer les comportements et promouvoir les bonnes pratiques de Gestion de l’hygiène menstruelle (GHM), de combler l’absence de connaissances sur ce sujet grâce à des travaux de recherche-action. De cette collaboration avec les équipes de recherche de l’Institut de Formation et de Recherche Démographique (IFORD) sont nées trois études ; la première porte sur la Gestion de l’hygiène menstruelle chez les populations nomades au Niger, une deuxième traitant de la gestion de l’hygiène menstruelle en situation humanitaire avec l’exemple du Cameroun, et la troisième en rapport avec les mutilations génitales féminines avec l’exemple du Sénégal.
Au Niger, l’étude sur la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM) a été réalisée dans quatre régions du Niger : Maradi, Zinder, Tahoua, et Tillabéri. L’objectif général de cette étude a été d’examiner et d’analyser les comportements et pratiques en matière de gestion de l’hygiène menstruelle ; leurs impacts sur les conditions de vie des femmes et des filles sédentaires et nomades du Niger ; et enfin d’évaluer le niveau d’intégration de la gestion de l’hygiène menstruelle dans les politiques publiques. L’échantillon retenu pour la collecte des données quantitatives a été tiré au hasard parmi les femmes et les filles âgées de 12 à 49 ans et parmi les hommes âgés de 15 à 49 ans. Au total, 1310 personnes y ont participé (soit 868 femmes et 442 hommes). Les résultats ont montré que, durant leurs menstrues, (i) les femmes et les filles observent des restrictions d’ordre nutritionnel, sexuel, et religieux ; (ii) les hommes et garçons sont peu concernés et assistent moins les femmes et filles dans la gestion de leurs menstrues ; les mauvaises pratiques en matière de GHM sont davantage observées chez les femmes nomades (98%) en comparaison aux femmes sédentaires (49%). Dans toutes les régions de l’enquête, la proportion de femmes de femmes ayant une mauvaise hygiène menstruelle reste supérieure à 50%. Elle est encore plus élevée dans la région de Maradi (73%) ; les serviettes hygiéniques jetables ou à usage unique sont le type de protection le plus utilisé pendant les règles car considérées comme « sûres et hygiéniques ». Le lavage des protections hygiéniques réutilisables s’effectue généralement au savon et à l’eau chaude. Peu de femmes utilisent du sel pour le lavage, 17% à Tahoua et 14% à Maradi. Au terme de l’étude, des recommandations ont été formulées à l’intention des décideurs dont : accroître le nombre d’infrastructures WASH dans les communautés et les ménages – davantage dans les ménages ruraux qu’urbains – d’une part, et d’autre part renforcer les mesures d’entretien et de maintenance de celles existantes ; intensifier les interventions visant à promouvoir une bonne gestion de l’hygiène menstruelle dans les zones rurales et en milieu nomade.
En ce qui concerne le Cameroun, l’étude a été menée dans des camps de réfugiés sur les difficultés qu’éprouvent les femmes lors de leurs menstruations et le manque d’infrastructures d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène suffisantes, adaptées et de qualité dans les camps. Durant l’étude, 2063 personnes ont été interviewées dont 1079 femmes. L’enquête a été effectuée sur une population comprise entre 10 et 59 ans. L’étude a révélé un manque d’infrastructures d’approvisionnement en eau, assainissement et hygiène adaptées aux besoins spécifiques des femmes et des filles réfugiées. Les droits humains à l’eau et à l’assainissement doivent s’accompagner de garanties à la dignité, l’intimité et la sécurité. Seuls 31 % des ménages ont déclaré que les toilettes qu’ils utilisaient offraient une séparation par sexe. 49 % des ménages enquêtés ont déclaré que leurs toilettes ne connaissaient aucune forme d’entretien. Les difficultés rencontrées par les femmes lors de leurs menstruations ont un impact considérable sur leur quotidien : 31 % d’entre elles (soit une femme sur trois) ne poursuivent pas leurs occupations et activités pendant leurs règles ; les activités les plus sujettes à des arrêts pendant les menstruations sont essentiellement les activités domestiques et ménagères (43,8 %), commerciales (36,3 %) et scolaires (29,7 %). Dans l’ensemble, les types de toilettes utilisées par les femmes ne garantissaient pas toujours leur intimité et leur sécurité et ne permettaient pas une bonne gestion de l’hygiène menstruelle.
Pour le Sénégal, les populations cibles étaient celles des femmes et des filles âgées de 12 à 49 ans, et des hommes âgés de 15 à 59 ans, résidant dans les régions de Sédhiou, Matam, Kédougou et Kolda. Au total, 1250 personnes ont participé à l’étude (soit 500 femmes excisées, 500 femmes non excisées et 250 hommes). Selon les résultats de l’étude, les femmes ont une bonne connaissance des menstruations, notamment des raisons de leur apparition, de la durée normale des règles, de la durée du cycle menstruel et des conséquences d’une mauvaise hygiène menstruelle sur la santé. Les menstruations sont un sujet tabou dans une société sénégalaise fortement marquée par des croyances, des mythes et des interdits religieux et communautaires, qui influencent la gestion de l’hygiène menstruelle. Que la femme soit excisée ou non, et quelle que soit la région où elle réside, le sang issu des menstrues est considéré comme « une impureté, une saleté, une substance maléfique », et de ce fait, il est géré avec beaucoup de discrétion. Globalement, 27% de filles et de femmes ont déclaré que de mauvaises pratiques influaient négativement sur leur santé sexuelle et reproductive. Les femmes excisées quant à elles, courent plus de risques de connaître des problèmes de santé lors des menstrues que les femmes non excisées.
Discussion à ce sujet post