Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Edward Gemayel, a effectué une mission du 12 au 24 octobre à Dakar pour examiner les progrès réalisés dans le cadre du programme économique et financier du gouvernement soutenu par un accord MEC/FEC d’un montant de 1 132,6 millions de DTS (environ 1,5 milliard de dollars), combiné à la FRD d’un montant de 242,70 millions de DTS (environ 320 millions de dollars), qui ont été approuvés par le Conseil d’administration du FMI le 26 juin 2023.
Au terme de sa mission, Edward R. Gemayel a expliqué que les prévisions de croissance pour l’année 2023 et 2024 ont été revues à la baisse par rapport à celles d’avril. « A cause des chocs connus depuis la Covid, le taux de croissance du Sénégal pour 2023 va s’établir à 4,1% contre des projections de 5,3%. L’inflation on l’a aussi révisée à la hausse de 3.1% à 6,5%»
Toutefois, les perspectives macroéconomiques « restent favorables » selon le FMI. Le démarrage de la production d’hydrocarbures, selon Gemayel devrait permettre une croissance de 8,3 % contre 10,6 espérée par les autorités.
Le FMI explique ces baisses par certains facteurs exogènes comme l’inflation au niveau international, les conséquences économiques de la guerre russo-ukrainienne, l’instabilité politique dans les pays du Sahel et la crise au Moyen-Orient qui fait grimper le prix du baril du pétrole.
«Critères de performances atteints»
Pour les facteurs endogènes, le chef de mission du FMI souligne les évènements socio-politiques marqués par les saccages et les pillages en juin dernier, ainsi que le report dans le démarrage de l’exploitation pétrolière finalement annoncé pour le premier trimestre de 2024.
Malgré tout, le FMI estime que « les critères de performances ont été atteints » par les autorités sénégalaises. « Si nous comparons la croissance à celle de l’Afrique subsaharienne, cette année le Sénégal est à 4,1% alors que la moyenne pour l’Afrique subsaharienne est de 3,3%.» a relevé le FMI. « La mission salue les progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures de réforme convenues dans le cadre du programme soutenu par la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). »
« J’ai le plaisir d’annoncer que nous sommes parvenus à un accord au niveau des services du FMI sur les premières revues du programme économique et financier du gouvernement soutenu par les accords au titre du MEC/FEC et de la FRD. Cet accord est soumis à l’approbation de la Direction du FMI et à l’examen du Conseil d’administration du FMI, qui est prévu pour la mi-décembre 2023. À l’issue de l’examen, le Sénégal aura accès à 161,8 millions de DTS (équivalant à 212 millions de dollars) au titre du MEC/FEC et à 48,54 millions de DTS (équivalant à 63,7 millions de dollars) au titre de la FRD.»
Le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, a salué l’apport du FMI dans la nouvelle loi des Finances. Le budget du Sénégal devrait passer à 7003, 6 milliards de francs Cfa pour l’année 2024 contre 6411, 5 milliards francs Cfa en 2023, soit une hausse de 592, 1 milliards de francs. Selon le ministre des Finances et du Budget, la nouvelle loi des Finances (LFI) sera examinée à partir de jeudi par les députés à l’Assemblée nationale.
Un budget qui repose sur des axes prioritaires comme la souveraineté alimentaire, le renforcement du Programme pour l’emploi des jeunes « Xeeyu Ndaw Yi », l’assistance aux couches vulnérables avec l’augmentation du budget des bourses familiales qui va passer de 35 milliards à 50 milliards fcfa. Toutefois, on note une « baisse progressive » de la subvention sur l’énergie qui était de 700 milliards après la pandémie de la Covid-19 et qui va passer à 550 milliards pour la nouvelle loi des Finances de 2024.
Par rapport à la dette du Sénégal, le FMI estime qu’elle est encore « soutenable ». Elle va passer de 67 à 72% à cause d’un surfinancement de 604 milliards Fcfa autorisé par l’institution entre janvier et avril 2024,afin d’anticiper sur l’année électorale. « Un surfinancement qui ne signifie pas endettement », assure Mamadou Moustapha Ba, qui ajoute que le Sénégal est à l’abri « d’un surendettement selon le dernier rapport du FMI ».
Selon le ministre des Finances et du Budget, « les autorités sont déterminées à poursuivre les efforts d’assainissement budgétaire afin de reconstituer des réserves budgétaires et réduire les vulnérabilités croissantes de la dette publique. »
« Au cours de cette visite, l’équipe du FMI a rencontré son Excellence le Président Macky Sall, M. Amadou Ba, Premier ministre, M. Mamadou Moustapha Ba, ministre des Finances et du Budget, M. Norbert Toé, vice-gouverneur de la BCEAO, les membres de la Commission des finances et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale et d’autres hauts fonctionnaires de l’administration et de la BCEAO. L’équipe a également eu des discussions productives avec les partenaires au développement.»
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