Lutter contre les déchets plastiques visibles non seulement dans les océans, mais aussi dans les villes côtières, comme Dakar, la capitale sénégalaise; reste un défi mondial. Et le Sénégal ne manque pas d’initiatives pour participer au combat.
À Yoff, un quartier situé au nord de Dakar, un restaurant a fait le choix audacieux de se passer de plastique. Au lieu de pailles en plastique, des pailles en bambou sont utilisées, les bouteilles en plastique ont été remplacées par des carafes en verre, et les capsules de café ont disparu. Ce changement radical vient de la volonté d’Ali Diagne, le propriétaire du restaurant, un surfeur passionné par la protection de l’océan où il a grandi. « Nous, on est les premiers à voir l’impact de cette pollution et de ces déchets. Donc, nous devons être les premiers acteurs de ce combat contre les plastiques et les déchets », explique-t-il.
Depuis un an, son établissement est labellisé « Mon restaurant zéro déchet », une initiative portée par l’association Zéro déchet Sénégal. Ce label, qui fête ses 4 ans d’existence, regroupe aujourd’hui 66 restaurants à travers le pays. Le principe de cette initiative est simple : réduire la production de déchets plastiques en amont, en adoptant des solutions plus écologiques, comme l’utilisation de matériaux réutilisables et la réduction des emballages.
Le Sénégal est l’un des pays africains les plus touchés par la pollution plastique. Selon Abdoulaye Sene, responsable du label « Mon restaurant zéro déchet », plus de 250 000 tonnes de déchets plastiques sont produites chaque année dans le pays. Malheureusement, seule une petite fraction de ces déchets, environ 30 000 tonnes, est collectée pour être recyclée, en raison du manque d’infrastructures adéquates pour le recyclage. « La solution, avec le mouvement zéro déchet, c’est de réduire les déchets à la source », souligne Abdoulaye Sene.
Cela explique pourquoi des initiatives comme celle d’Ali Diagne à Yoff prennent de plus en plus d’importance dans la lutte contre la pollution plastique. En réduisant la consommation de plastique, ces actions participent à la préservation des ressources naturelles et à la lutte contre la pollution, deux enjeux vitaux pour la planète et les générations futures.
Le Professeur Adams Tidjani, spécialiste des microplastiques et directeur de l’Institut des métiers de l’environnement et de la métrologie, milite également pour une meilleure gestion des déchets au Sénégal. Selon lui, les autorités ne prennent pas assez au sérieux les enjeux environnementaux. « Nous avons essayé de les sensibiliser de différentes manières. Mais pour ne rien vous cacher, il faut dire que l’environnement n’est pas une préoccupation majeure de nos dirigeants », déplore-t-il. « Cela devient une préoccupation quand ils pensent que cela peut être une source de revenus, mais cette approche n’est pas la bonne », ajoute-t-il.
En 2020, le Sénégal a pourtant adopté une loi interdisant tous les plastiques à usage unique. Mais la mise en application de cette loi reste encore largement insuffisante, ce qui constitue une déception pour de nombreux défenseurs de l’environnement qui espéraient des mesures plus fermes et plus concrètes pour lutter contre cette forme de pollution.
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