Quel est l’état des lieux de l’assurance-vie au Sénégal et les perspectives de cette branche ?
Le marché de l’assurance vie, en 2018, au Sénégal est exploité par 09 compagnies, pour un chiffre d’affaires global de 62 milliards, en progression de 8% par rapport à 2017. Paradoxalement, cette forte croissance en 2018 est une contreperformance par rapport à la progression précédente qui était de 27%. En effet, depuis près de 05 ans, le marché de la vie a connu une croissance à 02 chiffres, portant ainsi la bonne tenue du chiffre d’affaires total de l’assurance au Sénégal.
L’activité vie est dominée par la retraite à 65%, notamment celle des entreprises qui apportent 46%, avec l’externalisation soutenue des Indemnités de Fin de Carrière auprès des compagnies d’assurance vie pour profiter des dispositions fiscales introduites par l’Etat pour booster ce secteur mais permettant aussi aux employés de disposer d’une indemnité confortable au moment de leur retraite du fait des valorisations offertes.
Le décès collectif, avec 19%, vient en deuxième position, suivi des contrats mixtes avec 8%.
Ce secteur offre de belles perspectives dans le développement des marchés d’assurance. Il offre aux travailleurs des possibilités d’améliorer leurs retraites face à la modicité des prestations offertes par nos institutions de retraites publiques. On note également la prise de conscience des travailleurs du secteur informel, non affiliés aux organismes classiques de retraites, par rapport aux produits qui leur sont offerts par les assureurs vie pour garantir leur retraite.
Quelle est votre stratégie de gestion du risque et votre positionnement par rapport à la concurrence ?
Notre stratégie de gestion du risque repose sur notre professionnalisme : SEN ASSURANCE VIE est dirigé par un professionnel de l’assurance, en général, spécialisé dans l’assurance vie, ancien commissaire contrôleur des assurances à la CIMA, diplômé d’études supérieurs en assurance et d’actuariat et finances, conscient des enjeux stratégiques de ce métier dont le manque de maitrise peut conduire à des situations non souhaitables pour les assurés.
Notre positionnement par rapport à la concurrence, c’est d‘abord notre capacité d’innovation d’où notre slogan « l’assureur de l’innovation » avec toute une panoplie de produits offerts au public et aux entreprises. Nous commercialisons des produits adaptés à tous les secteurs d’activités, quel que soit le revenu de nos cibles.
Comment se porte la société SEN ASSURANCE VIE en 2019 sur son marché de prédilection ?
SEN ASSURANCE VIE se porte bien sur son marché de prédilection. Elle a très tôt opté pour l’innovation, en s’attaquant à des cibles jusqu’ici non exploitées par nos activités. Nous avons compris qu’il fallait sortir des sentiers battus pour offrir au public et aux entreprises des produits adaptés à leurs besoins. Nous disposons de ressources humaines capables de structurer toutes sortes de produits d’assurance permettant de couvrir les besoins de nos assurés, dans le strict respect des dispositions légales et réglementaires ;
Quelles sont vos performances et les innovations auxquelles on peut s’attendre ?
Nous bénéficions d’une croissance à deux chiffres, avec un portefeuille diversifié, une capacité à structurer des produits innovants pour répondre aux besoins de notre clientèle dans les meilleurs délais, une couverture de nos engagements et de notre marge de solvabilité conforme à la réglementation des assurances ainsi que d’un taux de dividende de 10% en moyenne.
Au demeurant, nos innovations sont contenues dans notre stratégie de développement qui repose sur une offre diversifiée et variée. Je ne vais pas les étaler dans vos colonnes pour donner l’occasion à nos concurrents de se servir, dans un marché où le copier/ coller, pour ne pas dire le plagiat, est la règle.
Comment SEN ASSURANCES-VIE a accueilli la décision de relèvement de capital dans l’espace Cima ?
Effectivement la décision de relèvement du capital, dans sa première phase, pour passer de 01 à 03 milliards, est effective depuis le 31 mai 2019. Sen- Assurance vie a réussi à s’y conformer grâce à l’engagement de ses actionnaires composés d’institutionnels de qualité qui croient à leur société et qui lui apportent toute l’assistance nécessaire pour son développement. Les changements attendus du point de vue des autorités de régulation visent une concentration du marché pour doter les compagnies d’assurances de ressources leur permettant de faire face à leurs engagements à tout moment.
Toutefois, cette vision du contrôle est appréciée de diverses manières par les acteurs. J’ai fait de larges développements sur le sujet à d’autres occasions. Pour résumer, je trouve que le montant est excessif pour la taille de nos entreprises. Cette réforme a péché sur trois exigences qui fondent la pertinence d’une réforme : absence de discussions avec les acteurs, non proportionnalité par rapport à la taille des compagnies, manque de progressivité quant au timing dont disposent les compagnies pour se conformer. A titre de comparaison en France, ou la plus petite compagnie d’assurance fait le CA de la zone CIMA, le capital social fait moins de 03 milliards avec la possibilité de souscrire partout en Europe : les discussions portant sur « SOVENCY II » : la réglementation sur les fonds propres nécessaires pour les entreprises, ont duré plus d’une décennie ; à l’inverse du marché européen, une entreprise située au Sénégal ne peut pas souscrire en direct un risque situé sur le territoire malien, quand bien même les deux pays font partie de la même zone CIMA. La taille du capital n’est pas un facteur d’équilibre de notre activité. Pour développer nos marchés il faut des réformes structurelles qui permettent d’augmenter le taux de pénétration de l’assurance. Il est démontré, notamment que ce taux est fortement corrélé au nombre de risques obligatoires : il est de 1% dans la zone CIMA, 4% au Maroc, 9%, en France et 14 en Afrique du Sud. On note plus d’une centaine d’assurance obligatoires, en France, alors que dans la plupart de nos pays, on n’en compte pas plus de cinq !
Quel regard portez-vous sur l’évolution du secteur des assurances à travers la digitalisation, la bancassurance, l’assurance islamique Takaful, ou la micro assurance ?
Un regard très optimiste. La digitalisation et la bancassurance constituent deux moyens puissants d’atteindre un plus grand nombre de prospects. Le secteur informel (plus de 65% de la population active) est une cible privilégiée en tant que niche pouvant être exploitée par les assureurs. Le taux de bancarisation, de plus en plus élevé, est aussi un facteur déterminant pour enrôler le maximum d’assurables à travers des conventions entre assureurs et banquiers.
Quant à la micro-assurance, elle permet de démocratiser le secteur, par la structuration de produits d’assurance adaptés aux travailleurs du secteur informel, mais aussi à ceux disposant de revenus modestes. L’assurance, en dehors de la RC automobile, qui du reste est obligatoire, ayant toujours été toujours perçue comme une affaire de riches.
S’agissant de l’assurance islamique le «TAKAFUL », elle s’est beaucoup développée ces dernières années dans les pays musulmans. Elle est en train de s’installer progressivement dans nos pays, où elle suivra naturellement le sort de la finance islamique et des activités soutenues par celle-ci, du fait des prescriptions des nouveaux bailleurs de fonds en faveur d’une couverture HALAL de leurs opérations. Sous ce rapport, les perspectives du secteur financier islamique sont liées à la réalité des dimensions considérables des capacités de financement des bailleurs de fonds du monde musulman et à leur appétit pour des économies réelles neuves, en pleine émergence : c’est conscient de cet enjeu que la BCEAO a émis des normes réglementant la finance islamique pour les banques, les IMF, les sociétés de gestion d’actifs ayant déjà la possibilité de structurer le profil de leurs instruments en conformité avec la Charia. De plus, des acteurs de plus en plus nombreux se mobilisent pour sensibiliser les populations sur des démarches de collecte de leur épargne dans un cadre mutualiste permettant au TAKAFUL d’inclure des participants de plus en plus nombreux à l’aventure financière islamique.
La CIMA, consciente de ces enjeux a elle aussi engagé une réflexion pour la mise en place de normes. Et SENTAKAFUL, notre guichet islamique, s’honore d’être la première agence dédiée entièrement au TAKAFUL.
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