Si construire des routes est une chose, veiller à ce qu’elles soient bien entretenues est encore meilleure. Aussi, les projets publics n’ont pas souvent le même entretien que ceux confiés au privé.
L’autoroute en est un exemple patent. Aujourd’hui, l’axe Malick Sy-Patte d’oie, entre les mains de l’Etat via ses démembrements, brille par une dégradation assez avancée. Des glissières détachées, des lampes aux abonnés absents, provoquant des accidents très fréquents, contraste avec l’Autoroute à péage. Même si on continue de trouver à en redire, unanimement, on reconnait que l’entretien de l’autoroute à péage par Eiffage inspire le respect. Un éclairage présent, des voies bien séparées, des routes propres…
A en croire l’ancien DG de Ageroute, Youssouf Sakho, dans le secteur routier, toutes les réformes conduites au Sénégal, constituent le contrecoup de réformes régionales et internationales. «En général, les réformes entreprises au Sénégal dans le secteur routier sont indissociables de l’évolution institutionnelle des administrations routières en Afrique. C’est le cas de la privatisation de l’entretien routier, menée dans la sous-région avec l’appui de la Banque Mondiale. Jusqu’aux années 80, l’entretien routier étant, pour une grande part, réalisé en régie, avec des moyens humains et matériels propres à l’administration des Travaux publics. Cette option s’est, par la suite, avérée contre-productive et le secteur a amorcé une phase d’ajustement avec la privatisation de l’entretien courant. Aujourd’hui, la dimension institutionnelle et technique s’éclipse au profit de la dimension relative au financement de l’entretien routier. Dans nos pays, on assiste actuellement à la généralisation des Fonds routiers de 2nde génération pour renforcer l’autonomie des mécanismes de financement et faciliter la mobilisation des ressources qui a tant fait défaut dans le passé. Le FERA du Sénégal a entrepris récemment une étude sur la diversification des sources de financement au moment où la principale source de la fiscalité pétrolière ne peut plus à elle seule, permettre la couverture des besoins», explique-t-il.
Si l’on en croit notre consultant, cette dimension de l’entretien est pourtant bien intégrée dans les contrats PPP. Ce qui sans doute devrait pousser à les encourager davantage. Surtout quand on sait ce que l’entretien d’un réseau. «Le problème de l’entretien est pris en compte dans le PPP dès lors que les charges d’entretien sont bien intégrées dans le compte d’exploitation du partenaire qui réalise l’investissement. Aujourd’hui, pour bien entretenir un réseau, il faut un budget équivalent à 2 à 3% de la valeur du patrimoine routier national», révèle-t-il.
Pourtant, malgré le chemin à faire, le Sénégal est un des pays africains les mieux lotis dans ce domaine avec, en 2014, une moyenne de 75% de son réseau routier qui est entretenu, d’après le ministre Mansour Elimane Kane…
MAMADOU THIAM (GROUPE SEPTAGONE)
«Encore la préférence étrangère…»
Le constat est clair, le Sénégal continue faire la part belle à l’expertise étrangère. Pourtant, selon Mamadou Thiam (groupe SEPTAGONE), le pays est assez doté d’expertises capables de relever le défi. «Il suffit juste de leur faire confiance et de faire appel aux bonnes personnes. Les PPP sont à l’état embryonnaire, parce que quoi qu’on dise, la PME sénégalaise n’en profite pas vraiment, elle est toujours dans la sous-traitance», estime-t-il.
Pour lui, si les entreprises étrangères raflent tout, c’est aussi parce qu’elles sont soutenues par les banques de leur pays, installées au Sénégal. «Tous ces montages financiers ne sont que virtuels. Des entreprises étrangères viennent et avec l’invasion de banques étrangères qui semblent leur baliser la voie, ça devient facile, alors que la PME sénégalaise fait cavalier seul, sans soutien contrairement à l’entreprise étrangère. Ce qui fait que l’entrepreneur local reste toujours en 2ème division. Même si la BNDE essaie de nous soutenir, ça reste encore faible. C’est bien de s’ouvrir à l’expertise étrangère, mais en imposant un groupement d’entreprises afin de profiter de leur expérience pour, plus tard, être autonome», suggère-t-il.
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