L’appartenance à la même communauté linguistique, sur les 5 continents, est-elle un vecteur pertinent pour faire des affaires ?
Le partage d’une langue commune sur les 5 continents, ainsi que des valeurs et conceptions communes sont d’importants éléments. Cela permet d’établir des réseaux, d’échanger des idées, de partager des savoir-faire et expériences, d’expérimenter de nouvelles idées ou projets. Elle permet aux partenaires gouvernementaux, à ceux du Secteur privé et de la Société civile, d’initier des activités économiques au profit des populations. Le potentiel économique de la Francophonie est considérable. À mesure qu’il se réalisera, il contribuera grandement à stimuler les progrès économiques et sociaux dans les pays membres de l’OIF.
La réduction de la pauvreté et le développement durable figurent parmi les principales priorités du Canada au sein de la Francophonie. A cet égard, le Canada a participé activement à la préparation de la Stratégie économique pour la Francophonie, qui sera adoptée lors du Sommet de Dakar.
La Francophonie, l’une des zones linguistiques les plus vastes et la 6ème plus importante région géopolitique dans le monde, représente environ 900 millions d’habitants, dont 220 millions de francophones. Ses 77 États membres partagent, non seulement une langue commune, mais aussi des valeurs humanistes de solidarité et de coopération.
Depuis sa création et sous le leadership de l’actuel Secrétaire Général, S.E. M. Abdou Diouf, l’OIF est devenue une organisation multilatérale moderne, crédible et efficace. Lorsqu’un nouveau Secrétaire Général sera choisi au Sommet de Dakar, l’Organisation se trouvera à un point tournant de son histoire. Les dirigeants sont tournés vers l’avenir et sont conscients que la Francophonie représente environ 15% du PIB mondial. C’est aussi un énorme potentiel de croissance, puisque 60% des francophones sont âgés de moins de 30 ans.
Lors du Sommet de 2012 à Kinshasa, les dirigeants ont chargé l’OIF de proposer une Stratégie économique. Ils ont demandé que cette Stratégie réunisse «pouvoirs publics, entreprises, institutions d’enseignement et société civile» et qu’elle réserve une attention toute particulière «à la création de partenariats d’entreprises axés sur le développement de l’activité économique, de l’emploi dans les pays du Sud, sur les échanges et les investissements Nord-Sud et Sud-Sud». Cette stratégie sera adoptée au Sommet de Dakar.
La Francophonie est composée d’économies très diversifiées, allant de pays membres du G7 à des nations classées aux derniers rangs de l’Indice du développement humain. Il a toujours été difficile d’équilibrer les priorités et les besoins économiques au sein d’un éventail aussi vaste. L’adoption de la Stratégie économique offrira un excellent exemple de l’évolution de la Francophonie. D’une organisation axée sur l’action politique, culturelle et linguistique, elle va devenir une institution où le développement économique durable sera considéré comme un moyen essentiel d’accroître la solidarité entre les États membres.
Le Canada, à titre de 2ème plus important bailleur de la Francophonie après la France, participe, dans une large mesure, à la mise en œuvre du mandat et de la programmation de l’Organisation. Conformément aux volets de son Plan d’action économique visant le développement international et à ses objectifs de réduction de la pauvreté et de développement durable au sein de la Francophonie, le Canada a pris une part active dans la préparation de cette Stratégie économique.
Notre contribution dans cette Stratégie a porté principalement sur le renforcement du rôle du Secteur privé dans la stimulation de la croissance économique, la libéralisation des marchés, la promotion de la coopération internationale et du développement local, l’éducation, la recherche et le développement, la croissance de l’économie numérique, l’économie verte et la transparence de la gouvernance économique.
L’adoption de cette Stratégie économique marquera une étape importante. Mais, le résultat des efforts de la Francophonie en faveur du développement durable et d’une plus grande solidarité entre États membres dépendra de la réussite de sa mise en œuvre.
Le Canada, pays bilingue, a-t-il un traitement différencié, notamment dans la province du Québec, pour les ressortissants francophones, par exemple, en termes d’immigration ou d’accueil d’étudiants ?
Aux termes de la Constitution du Canada, le gouvernement fédéral, à travers Citoyenneté et Immigration Canada (CIC), partage la responsabilité de l’immigration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
L’Accord Canada-Québec est un accord légal concernant les questions de l’immigration entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial du Québec. L’accord donne au Québec la responsabilité exclusive de sélectionner les immigrants qui veulent s’installer au Québec et les résidents temporaires qui veulent y étudier ou y travailler. La décision finale d’émettre un visa pour le Canada demeure du ressort du gouvernement fédéral qui évalue l’admissibilité de tous les demandeurs, quel que soit leur province ou territoire de destination.
En termes d’immigration économique permanente au Québec, la connaissance du français est un atout important puisque c’est la langue officielle du Québec. L’accent est mis sur la compétence linguistique orale en français, bien que la connaissance en anglais est aussi considérée. En plus, la formation, l’expérience professionnelle et l’âge constituent des critères importants d’acceptation de toute demande d’immigration ou de travail.
Il est important de noter qu’au Canada, 10 millions d’habitants (près de 30% de la population) parlent français, une des deux langues officielles du pays. Outre un foyer principal au Québec, la francophonie se vit dans toutes les régions du pays. Dans chaque province et territoire, il y a des collectivités accueillantes où il fait bon vivre en français ! Il est donc possible de poursuivre des études en français dans la plupart des provinces au Canada, du primaire à l’université. Sous les différents programmes fédéraux pour la résidence permanente, donc pour les provinces autres que le Québec, chaque candidat est invité à indiquer la langue (français ou anglais) qui sera sa 1ère langue officielle au Canada et il obtiendra des points majorés pour ses compétences dans cette langue.
Quel est le projet économique du candidat canadien, Michaëlle Jean et ses chances de succès ?
Le Canada a joué un rôle de premier plan dans la Stratégie économique de la Francophonie. L’Economie est un important vecteur dans la Francophonie et qui l’interpelle à plusieurs niveaux. Plusieurs manifestations économiques se sont tenues dans le passé et fréquemment. Il y a la Rencontre internationale de la Francophonie économique dont la dernière édition s’est tenue en 2011 à Québec. Des réunions des ministres des Finances de la Francophonie se tiennent également en marge des réunions des institutions économiques multilatérales.
Le Canada a activement œuvré, avec les autres États et gouvernements de l’OIF, pour que la Francophonie se dote d’une Stratégie économique lors du Sommet de Kinshasa en 2012. Comme l’Economie et le Développement durable sont au cœur des préoccupations de l’OIF et des gouvernements membres, il est normal que Mme Michaelle Jean ait articulé une vision sur ces questions. Mais, il est important de préciser que ce sont les chefs d’État et de gouvernement qui détermineront la feuille de route en validant le projet de Stratégie économique. Elle sera une composante essentielle du nouveau Cadre stratégique de la Francophonie et de la prochaine programmation de l’OIF, dans lequel cadre, cette Stratégie économique sera mise en œuvre.
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