En deux (2) ans d’application, la plateforme commercialisation du riz local a permis d’écouler plus de 34 mille tonnes de riz sénégalais à hauteur de 8,1 milliards.
La mise en application des recommandations du Conseil interministériel du 21 février 2017 sur la commercialisation du riz local a commencé à porter ses fruits. Il fallait donc améliorer la commercialisation de la production par l’élargissement de la plateforme à l’aspect offre pour couvrir les importants besoins des producteurs en riz paddy, la contractualisation, la conception d’un système de collecte et de diffusion des informations relatives aux stocks de paddy et de riz blanc, entre autres requêtes.
Ainsi, lors de la rencontre sur la commercialisation du riz présidée par le ministre du commerce, de la consommation, du secteur informel et de PME Alioune Sarr, il est officiellement ressorti qu’en deux ans de mise en branle de la plateforme le riz local se vend bien, en plus de la baisse constante des méventes du produit. « Après deux années de mise en œuvre de la plateforme de commercialisation du riz sénégalais, plus de 34 000 tonnes de riz blanc ont été écoulées pour un montant de 8,1 milliards de francs. Il est aussi important de relever que depuis l’institution de ce dispositif, il y a de moins en moins de mévente de riz local, problème auquel étaient confrontés bon nombre de riziers » a révélé le ministre Alioune Sarr, affichant ainsi un satisfecit quant à l’évolution de la directive.
En application des conclusions du conseil régional de développement (CRD) tenu le 03 juillet 2017 à Saint Louis, et à la suite d’un arrêté ministériel conjoint initié en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des résultats ont été enregistrés tels que la fixation du prix de vente du riz paddy à 125 francs le kilogramme pour les variétés ordinaires et à 140 francs pour celles aromatiques. « Cette mesure a fortement contribué à stabiliser le prix du riz paddy, à éviter conséquemment la spéculation habituellement constatée sur ce produit à l’approche de l’hivernage » a expliqué le ministre Alioune Sarr.
Toujours dans le cadre de cet état des lieux, le ministre du Commerce, de la consommation, du secteur informel et de PME a fait savoir que le 02 aout 2017, le comité de pilotage a validé le dossier de six rizeries qui bénéficieront de primes d’un montant global de 358 millions pour des investissements évalués à 811 millions, dans le cadre du programme de mise à niveau et de renforcement des capacités des entreprises évoluant dans la transformation du riz.
Ces goulots d’étranglement du programme
Le ministre Alioune Sarr n’a pas manqué d’attirer l’attention sur certains problèmes qui minent les performances de la plateforme. « Certaines difficultés continuent d’impacter négativement les performances la plateforme. Il s’agit de la non admission sur la plateforme, de rizeries non agréées, et les décortiqueuses artisanales en raison de la qualité de leurs produits qui sont parfois non conformes. Il y a également les coûts jugés exorbitants des frais de certification par les organismes tiers au profit de la banque pour attester de la qualité et la quantité des stocks proposés à la plateforme. Il y a aussi les producteurs qui opèrent en marge de la plateforme et qui ne proposent que des quantités qu’ils sont incapables de satisfaire. Quand on n’est pas dans la plateforme, si on a des méventes, il ne faut pas ameuter la presse pour dire qu’on n’a pas vendu son produit alors que la plateforme est mise en place pour cela. Il faut aussi noter la concurrence déloyale entre riziers et distributeurs. A cause de cela, sur un même produit, on a un prix d’acquisition différent parce que les producteurs vendent aux distributeurs et au client final en même temps » a regretté le ministre du Commerce.
Les impacts du riz local sur les importations et la croissance
Pour mieux expliquer le travail de la plateforme, le directeur du commerce intérieur a procédé à un exposé sur les pistes d’amélioration de la commercialisation du riz local. Le directeur du commerce intérieur, Moussa Mbaye a renseigné que le Sénégal consomme plus de 3 mille tonnes de riz par jour, soit 80 kilogrammes par habitant par an. « C’est un marché à approvisionner et à surveiller » a prévenu M. Mbaye. Il estime ainsi que le besoin des importations est de 11%.
C’est d’ailleurs un des éléments de contexte qui expliquent la mise en place du dispositif de régulation en mars 2015. « C’est un outil pour mieux commercialiser le riz. Il prend en compte l’ensemble des acteurs du secteur à savoir les importateurs au nombre de 11, les 26 rizeries enregistrées par la Soci2Té d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta (SAED) et qui sont membres de la plateforme, entre autres. L’objectif de ce comité est de favoriser un correct écoulement du riz local à travers la régulation des importations en fonction de la demande estimé à 80 000 tonnes par mois, et l’offre locale disponible » a soutenu Moussa Mbaye
Les récriminations des acteurs
A la suite du directeur du commerce intérieur, sur demande du ministre Alioune Sarr qui indique les axes du débat, les acteurs ont exposé leurs problèmes. Si certains ont émis des suggestions ou applaudi le travail jusque là effectué, d’autres ont juste estimé qu’il y a beaucoup de choses à parfaire.
C’est Momar Cissé, qui se présente comme défenseur des consommateurs qui a ouvert le bal pour noter que cela fait un bon moment que les producteurs ne sont pas montés au créneau pour alerter sur la mévente de leur production. « C’est une avancée qu’il faut reconnaitre et qu’il faut saluer » a-t-il fait savoir.
Quant à Mme Cathy Lô, lavice présidente de l’association des rizeries du Nord, la cinquantaine de rizeries regroupée dans leur association a des difficultés sur les statistiques de la plateforme. « Nous n’arrivons pas à atteindre des seuils élevés de rentabilités à cause du paddy. Les importateurs font un dumping en vendant leur importation à son prix d’achat » a détonné Mme Cathy Lo.
Ablaye Ndiaye, le représentant de la BNDE, une des banques partenaires dans la commercialisation estime que l’exposé du directeur du commerce intérieur n’a pas pris en compte les 5175 tonnes déstockés par sa structure. A l’en croire, la BNDE a apporté 14 milliards à la plateforme.
Le représentant de l’Unacois invite à la prudence sur l’orientation de la flexibilité de la plateforme qui est une question de réseau, de force financière et autre. Pour lui la plateforme est un dispositif par défaut et non une règle définitive pour la commercialisation du riz local.
Le représentant de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) renseigne que depuis la mise en place de la plateforme, le riz pluvial est plus conséquent que la production du riz irrigué.
Membre d’un Groupement d’intérêt économique, Cheikh Diallo se focalise sur la tiers-détention pour certifier la qualité de produit. « Nous avons un stock de 😯 tonnes de paddy et 35 tonnes de riz blancs dans nos magasins. Nous avons quitté la plateforme parce qu’elle est très chère ».
En attendant de récolter les productions fluviales, la plateforme a enregistré à la date du 11 septembre une production de 52 tonnes de paddy et 185 tonnes de riz blanc à écouler d’ici à décembre ou janvier.
Les acteurs ont insisté sur les difficultés d’acquisition du paddy au risque déposer le bilan. C’est également le cas du riz entier dont ils estiment qu’il leur pose un réel problème. Pour eux, il faut davantage inviter les populations à le consommer en faisant en sorte que son prix soit au même niveau que le riz blanc
Synthèse et recommandation finale de la réunion sur la commercialisation du riz local
En guise de synthèse et dans le cadre de la recommandation finale, le ministre est revenu sur le rôle principal du comité de régulation, entre autres solutions proposées au cours de cette réunion. « Le Comité de régulation et de commercialisation du riz sénégalais a pour mission de réguler l’importation du riz consommé au Sénégal en fonction des besoins de consommation et de la demande intérieure estimée à 80 000 tonnes par mois. Il fait obligation à tous les importateurs d’acheter le riz local disponible dans la plateforme à hauteur de leur part de marché. Leur autoriser à importer des quantités bien déterminées. Maintenant la mission essentielle de la plateforme c’est que tout riz blanc disponible au Sénégal doit être acheté par les importateurs. Le comité fait également obligation aux riziers, c’est-à-dire ceux qui produisent le riz blanc, d’assurer un produit certifié par des tiers détenteurs certificateurs, conforme aux besoins des consommateurs. Avec la contribution de « naatalmbay », un rizier ne paie que 80 000 francs Cfa par mois pour disposer des services de la tiers-détention. Aucun rizier n’a d’excuse pour ne pas accéder à ce service. Désormais les riziers ont un espace pour rencontrer des clients et des banques comme la BNDE, la BRM et la CNCAS, en attendant l’arrivée des autres qui frappent à la porte pour rejoindre ce groupe, pour commercialiser toute leur production. Evidemment, nous allons faire la promotion du riz entier. Cela doit se faire avec le secteur privé et une campagne de commercialisation » a soutenu le ministre Alioune Sarr.
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