Au Sénégal, la capacité n’est pas au rendez-vous au niveau du marché des Assurances pour garantir le risque pétrolier. Il en est de même au-delà de l’espace de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (Cima) qui réunit 14 pays africains.
A cet état de fait, rien ne vaut une coassurance pour assurer le risque pétrolier. Une notion très spécifique dans l’univers de l’Assurance et qui consiste, pour les compagnies, à assurer, ensemble, certains risques pour limiter les indemnisations de gros sinistres. C’est-à-dire que toutes les sociétés d’Assurances de la place ou plusieurs sociétés se mettent ensemble pour assurer un gros risque. Il s’agit donc là d’un partage horizontal des risques entre plusieurs Compagnies d’assurances.
En cas de sinistre, le principe de coassurance permet aux compagnies concernées de faire face aux remboursements prévus, sans pour autant mettre en péril leur santé financière. Un défi de la coassurance déjà relevé par les assureurs sénégalais, pour l’essentiel. Car, sur les 29 sociétés répertoriées, 28 sont déjà actives au niveau de ce bloc dénommé « Pool d’Assurance des Risques Pétroliers et Gaziers ». Il va sans dire qu’une adhésion totale de toutes les sociétés concernées peut bien être possible à force de rapprocher les positions. Les affaires étant ce qu’elles sont !
D’ailleurs, il est établi que ce risque pétrolier est, par essence, international. Cet usage est fort compréhensible par ailleurs. Justement parce qu’il s’agit de capitaux extrêmement élevés et de risques majeurs qu’un seul marché ne peut se garder d’évoluer seul. Cela, même dans les marchés des pays plus développés que le Sénégal.
Pour autant, la coassurance n’est pas obligatoire. Bien qu’elle fait partie des règlements internationaux. Toutefois, elle est tout de même bénéfique pour les Compagnies sénégalaises qui ont mutualisé leurs forces pour garantir ces risques de pointe. Surtout que, dans ce domaine des ressources minérales, il faut pratiquement ramener toutes ces primes à la réassurance.
Une bonne chose donc de coassurer avant la réassurance. Surtout qu’il est avéré que le secteur ne dispose pas d’assez de capacités. Encore qu’à ce sujet, le Directeur des Assurances trouve que la capacité en Assurances, ce n’est rien de moins que la capacité propre et la capacité de réassurance. « C’est ce qu’on a en propre et maintenant la grande capacité, c’est ce qu’ils négocient avec les grands réassureurs qui vont leur donner des couvertures de réassurance de 2,4 ou 5 milliards de FCFA par an. Maintenant, il faut savoir bien négocier pour gagner le maximum, avant que ces capacités extérieures viennent nous renforcer. Mieux ils sont unis, mieux ils sont gagnants. Et je pense qu’ils ont tous intérêt à être unis pour mieux gagner dans les négociations », explique-t-il.
Donc tout l’intérêt pour le Sénégal réside dans le souci de pouvoir bien négocier pour obtenir des taux élevés dans ces commissions et de bien négocier aussi pour que les risques soient transférés à l’étranger. « Comme ça, s’il y a un sinistre, que ça soit directement payé par ces réassureurs. Ce qui va préserver le marché d’une faillite ou d’autres problèmes », signale le Directeur des Assurances, Mamadou Dème.
Le transfert du risque
Autant dire, il y a bien de quoi s’en mettre plein les poches à moindre risque ! En effet, le fait d’aller vers la réassurance pour assurer le risque pétrolier permet de transférer le risque aux réassureurs internationaux. Ce qui veut dire que, s’il y a des sinistres demain, ce sont ces réassureurs internationaux qui vont payer directement.
Cette démarche permet également aux financiers des pétroliers et aux Compagnies pétrolières d’être rassurés, parce que c’est beaucoup de milliards.
Ce qui fait qu’en matière de risques directs, le Pool sénégalais ne gagnera pas beaucoup ou bien très peu. Ils vont transférer l’essentiel des risques et vont gagner ensuite des commissions là-dessus. Les vrais enjeux se trouvent dans ces commissions-là : faire le maximum de commissions sans véritablement la contrepartie Risque directe. A ce titre, ils pourront faire bénéficier au maximum de ces commissions à tout le monde, aussi bien en termes de négociations que de gains, parce qu’ils vont pouvoir bénéficier de taux plus intéressants que s’ils partent en ordre dispersé.
Aussi, un autre enjeu à l’avantage de cette coassurance est que les retombées financières issues de cette manne pétrolière vont fortifier les sociétés d’Assurances qui vont bénéficier, chacune, de quelque chose sans une contrepartie de Risque directe ou extraordinaire. Ce qui va renforcer leur solvabilité, leur solidité. Ce qui, en conséquence, fera que les assurés du marché seront mieux garantis, mieux couverts et les sinistres mieux payés. En plus du pays qui va en bénéficier, parce qu’il y aura des dépôts en banque, des financements de l’économie et des investissements.
Ce qui est intéressant pour le cas du Sénégal, c’est la chance d’avoir déjà une société de réassurance, la Sen-Ré, qui n’existe pas dans la plupart des autres pays. Cette société sera ainsi impliquée dans la rétrocession. Ce qui va lui permettre de gagner quelque chose au passage et de pouvoir faire des échanges avec d’autres sociétés de réassurances de la sous-région et même de l’étranger. Autant de procédés qui vont pouvoir accroitre les chiffres d’affaires et les notoriétés des sociétés concernées, en plus de permettre de garder une partie de cette manne financière sur le plan national.
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