S’il existe bien un secteur qui se frotte déjà les mains à propos des découvertes pétro-gazières qui ont eu lieu au large des côtes atlantiques du Sénégal, c’est bien celui des Assurances. En effet, les gestionnaires de risques bénéficient déjà des quelques retombées issues de ces ressources minérales. Cela, alors que les exploitations n’ont pas encore démarré et ne devraient poindre qu’en 2021 au plus tôt.
Mais d’ores et déjà, aussi loin du capharnaüm et du supposé scandale soulevé par les contrats pétroliers qui fait débat actuellement dans les médias et les rues dakaroises, les Compagnies d’assurances commencent à goûter aux ors et délices de cette manne venue des eaux profondes de l’Atlantique. A en croire le site spécialisé FinancialAfrik, le Pool d’Assurances des Risques Pétroliers et Gaziers a souscrit son premier contrat dans le secteur. « Pour confirmer l’effectivité du Pool, Majdi YASSINE et Adama NDIAYE, respectivement Président et Directeur Exécutif du Pool d’Assurances des Risques Pétroliers et Gaziers, viennent d’annoncer la réalisation de la première affaire, en assurant une plateforme pour des capitaux de près de 130 milliards de FCFA, avec une coassurance qui a permis de servir toutes les Compagnies d’assurances (28 sur 29, seule Amsa n’avait pas souscrit), créant ainsi une solidarité sans précédent sur le marché. Cette affaire souscrite en collectif augure de belles perspectives de la mise en commun des compétences et capacités de tous. Dans ce qui constitue une première, le Pool a collaboré avec le marché international de la réassurance, notamment celui de Londres et selon les critères exigés par les bailleurs de fonds. L’opération ainsi bouclée démontre à suffisance que le marché sénégalais est assez mature et compétent pour structurer des solutions à des standard internationaux », déclare le média en ligne, dans un article paru le 14 avril 2019.
L’avantage d’un local content
La loi sur le contenu local est passée par là. Il est vrai que ces assureurs, malins comme tout, avaient pris les devants depuis. D’abord en faisant un excellent plaidoyer auprès des parlementaires sénégalais, mais aussi en insistant pour un vote de la loi relative au contenu local dans le secteur des hydrocarbures, dont le but est de « promouvoir l’utilisation des biens et services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d’œuvre, de la technologie et du capital national dans toute la chaîne de valeurs de l’industrie pétrolière et gazière ». Une loi finalement adoptée, le 24 Janvier 2019, par l’Assemblée Nationale. Et dont les dispositions viennent compléter l’article 58 du nouveau Code Pétrolier de 2019 qui, par ailleurs, impose certaines obligations de contenu local aux titulaires de contrats pétroliers, y compris en matière de formation du personnel local, de transfert de technologie, de participation des investisseurs privés nationaux aux opérations pétrolières et d’octroi de contrats de fourniture de travaux, biens et services aux entreprises nationales.
Outre cette loi sur le contenu local qui fournit un paravent de protection, le Code CIMA a également déjà protégé ces contenus locaux. En effet, la réforme de l’article 308 a eu pour premier effet d’interdire d’assurer en dehors du pays. « Ça, c’est extrêmement important », indique le Directeur des Assurances, Mamadou Dème. De ce fait, toutes les Assurances, concernant le pétrole et le gaz, seront soignés auprès des sociétés sénégalaises. Ça, c’est un apport de chiffres d’affaires extraordinaire, souligne le Directeur des Assurances, avant de révéler que, maintenant, « il faut l’appliquer dans les autres pays. Nous, par exemple, en ce qui concerne le Sénégal, au niveau du Ministère des Finances et du Budget, on a une cellule (CT) qui travaille avec le COS-Petrogaz pour donner un peu les positions en matière d’Assurances ».
Mieux encore, ces gestionnaires du risque ont relevé le défi de la coassurance par la création d’un pool qui resterait concentré sur les produits d’Assurances pétroliers (exploration, exploitation et transport). Une notion très spécifique dans l’univers de l’Assurance, et qui consiste, pour les compagnies, à assurer, ensemble, certains risques pour limiter les indemnisations de gros sinistres. Dénommé Pool d’Assurance des Risques Pétroliers et Gaziers, la mise en place de ce regroupement ne fut pas chose aisée. Puisque certaines compagnies montraient des velléités de résistance, préférant évoluer en solitaire, d’après certaines informations.
Des profits à l’horizon
Au demeurant, les perspectives sont étonnantes et les enjeux énormes dans le domaine de ces ressources minérales dont les investissements sont chiffrés en milliards de Dollars. Mais le défi, c’est de les faire assurer au pays. Ce qui, de l’avis du Directeur des Assurances, va permettre à l’Etat de bénéficier de tout ce qui est taxes et des contrats. Mais également cette manne financière profitera aux Compagnies nationales qui vont travailler dans le pétrole et les risques sur le pétrole, de bénéficier de cette expertise. Ce qui permettra, à coup sûr, à l’expertise nationale de se développer. Si ce n’était que ça !
D’ailleurs, cette première affaire qu’ils se sont répartie, selon les informations du site panafricain, constitue une belle entame pour ce nouveau pool qui gagnera en expérience, même si peu d’études ont été faites sur combien peut gagner notre marché et les revenus à attendre pour ce secteur.
Mais selon Mamadou Dème, « nous avons discuté avec les courtiers et ceux qui travaillent à la Banque de Londres et qui connaissent bien ce domaine et on attend, pas moins de 60 à 80 milliards par an. Donc l’enjeu est colossal. Ce qui, en termes d’impact, fera, dès l’année prochaine, qu’on sera le deuxième marché derrière la Côte d’Ivoire et avec une croissance évolutive, on va pouvoir bousculer la Côte d’Ivoire d’ici quelques années ».
En guise d’exemple, il souligne pour le risque pétrolier, rien que la plateforme est évalué à 2 milliards de Dollars. C’est plus de 1 000 milliards de FCFA, donc même si vous prenez 10%, c’est 100 milliards de FCFA, soit l’équivalent du fonds propre des sociétés sénégalaises d’Assurances réunies.
Discussion à ce sujet post