Le constat est triste. Chaque année, à la veille du Ramadan, les prix des produits les plus consommés au Mali (sucre, lait, farine de blé, riz, huile, etc.) prennent l’ascenseur. Mais pourquoi ?
«Je ne comprends pas que les prix augmentent pendant le mois béni», s’indigne Mamadou Traoré, mécanicien, qui se plaint de l’augmentation du prix du sac de sucre, vendu dans son quartier à 30 000 FCFA.
Pendant le Ramadan, les commerçants, surtout détaillants, profitent du déficit de contrôle de la part des autorités, pour s’adonner à une spéculation sans précédent. Le gouvernement s’assure du ravitaillement correct des marchés en supprimant certaines taxes sur les importations pour permettre aux opérateurs économiques d’importer en grande quantité. Pour ce faire, il fixe des prix-plafonds à chaque veille de Ramadan. Et si les règles sont respectées par les grossistes, ce n’est pas forcément le cas chez les détaillants. Ils violent les règles le plus souvent et c’est le consommateur qui en paye le prix.
Le gouvernement lutte contre les spéculateurs
Face aux multiples plaintes, la Direction générale de la Consommation et de la Concurrence a diffusé un communiqué pour rappeler les prix conventionnels des produits durant le Ramadan 2017, en stipulant que «le non-respect des dispositions expose les contrevenants aux sanctions prévues par la règlementation en vigueur».
Elle a mis à la disposition des consommateurs un numéro vert pour dénoncer tout commerçant qui ne respecterait pas les prix des produits concernés. Des brigades de contrôle sillonnent les six communes de la capitale. Mais aucune disposition ne semble prise pour les autres régions ou la flambée a frappé les produits.
Cette année, à la veille du Ramadan, le Président du Regroupement pour la Défense des Droits des Consommateurs (REDECOMA), Badou Samounou, est intervenu dans la presse pour alerter sur une éventuelle augmentation des prix des produits de première consommation, comme cela se fait sentir chaque année. «Ce que nous pouvons faire, c’est la sensibilisation et interpeller le Gouvernement par rapport à la veille des prix sur le marché. Malheureusement, la hausse des prix est devenue récurrente chaque année, à la veille du Ramadan», disait M. Samounou.
En plus des prix, les associations des consommateurs s’inquiètent pour la qualité des produits vendus sur le marché. Le président de la REDECOMA relate : «Il y a quelques mois, on nous a parlé de la vente, sur les marchés, d’une huile de mauvaise qualité. Malgré les campagnes menées pour préserver la santé des populations, le produit est acheté par les consommateurs.»
L’autre dimension, c’est la Douane malienne qui fait des recettes énormes. A la veille du Ramadan, les grossistes font entrer des milliers de tonnes de riz, sucre, farine, lait… Ce qui renfloue les caisses de la Douane.
«Les commerçants achètent les produits, les gardent en magasin et attendent le mois de Ramadan pour augmenter les prix», explique Moussa Camara. La majorité des foyers tentent de varier le contenu du panier de la ménagère pour compenser, en fin de journée, le temps passé sans boire, ni manger. «A la rupture, il me faut un plat fort», clame fièrement Issiaka Maïga, un commerçant. Il affirme donner à sa femme, pendant le Ramadan, le double de ce qu’il a l’habitude de laisser pour la popote.
Pour Mme Traoré Aïssata Kone, les dépenses pendant le Ramadan sont un devoir. «Imaginez tout ce qu’on a comme dépenses pendant ce mois. En plus de préparer la nourriture le matin, il faut préparer en journée pour les enfants et les personnes âgées qui ne peuvent jeûner. Aussi, il faut un plat consistant pour la rupture», explique-t-elle.
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