Les premiers qui tirent profit de ce mois de pénitence sont les entreprises agro-alimentaires. Pour le Ramadan, elles constituent des stocks de sucre, d’huile, de riz, lait, maïs, blé etc. L’Etat contribue à ce grand frémissement des activités économiques en commandant des milliers de tonnes de denrées, chaque année, pour accompagner les Musulmans.
Outre les entreprises agro-alimentaires, les détaillants se frottent les mains, car ils font, eux aussi, de très bonnes affaires. Cette forte poussée de la demande provoque inévitablement une flambée des prix. C’est ainsi que le prix du sucre en poudre roux oscille entre 675 FCFA, dans les supermarchés, et 800 CFA, dans les boutiques de détaillants.
Ainsi, Ramadan rime avec flambée des prix de certaines denrées de première nécessité. La demande étant très forte, certains commerçants n’hésitent pas à faire de la surenchère pour augmenter leurs profits.
Bako Zanda, gérant d’un supermarché «Bon Prix» à Port-Bouët, corridor Ganzagueville, une commune au sud d’Abidjan, affirme que pendant le mois de Ramadan, les dispositions sont prises pour assurer un bon approvisionnement. «Ce qui est vendu le plus, c’est le sucre et le lait. Après viennent les boissons, l’huile et le riz. Nous multiplions par cinq nos commandes de sucre et de lait et par trois celles des jus, de riz et d’huile…», explique-t-il.
Si cette période est synonyme d’accroissement de gains pour ce supermarché dont le gros lot de ses clients est constitué d’associations et d’ONG, l’effectif du personnel ainsi que les heures d’ouverture et de fermeture restent inchangés.
Le même gérant s’attend à une forte affluence comme tous les ans, rassurant toutefois les clients, quant à une éventuelle rupture de stocks. «Durant le mois de Ramadan, il y a très souvent rupture de stocks. Mais, nous avons déjà fait notre approvisionnement pour ne pas être surpris.»
Des stocks pour éviter toute rupture
A Adjamé, la commune des échanges commerciaux par excellence, l’entreprise Diabagaté a pris toutes les dispositions idoines pour faire face à ce mois exceptionnel. «Nous n’attendons pas le Ramadan pour nous ravitailler. Nous le faisons tous les jours.» Toutefois, fait remarquer le gérant, «notre activité double et le volume des commandes est important… Nous ne faisons pas de surenchère, cette période est une bonne traite, mais il faut savoir que ce sont des produits qui sont consommés toute l’année. Le Ramadan est exceptionnel, mais c’est juste trente jours…», s’empresse de préciser M. Diabagaté.
D’autres commerçants qui font de bonnes affaires pendant le Ramadan, ce sont les vendeuses de beignets à base de mil, encore appelés «gnômî».
Mariam Kouyaté, vendeuse de ce mets prisé par les Musulmans ivoiriens au moment de la rupture du jeûne, a l’esprit rivé sur le début du Ramadan dont elle guette la date. «Le mois de Ramadan, c’est bon pour nous ; on fait gnômi, on fait gaou (galette à base d’haricot). Quand c’est le Ramadan, on peut vendre jusqu’à 50 000 FCFA, soit un sac de 25 kg.» A cela, il faut ajouter les boissons fraîches qu’elle fabrique elle-même et qui sont très prisées.
L’Etat, les associations, les personnalités politiques ou bien le simple citoyen lambda, tous saisissent cette période pour afficher leur générosité. Ici, le vote étant d’abord communautaire avant d’être démocratique, certains politiques veulent bien se faire voir de leurs coreligionnaires. Une forme de solidarité religieuse, plutôt perçue comme un placement électoral avec un retour sur investissement attendu. En général, les dons sont remis aux Imams qui les redistribuent à certains de leurs fidèles, le plus souvent, les plus démunis.
Les médias ne sont pas en reste, car les entreprises ou les commerçants rivalisent d’astuces pour écouler leurs marchandises grâce à des spots publicitaires ou des sketches.
Avec Apanews
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