Au Burkina Faso où les Musulmans font près de 60% de la population, le Ramadan a une influence sur les pratiques et comportements, ainsi qu’un impact sur l’économie. «L’activité de forte consommation observée durant ce mois peut constituer un vecteur de relance et de croissance économique», explique Dr Amadou Ouédraogo, économiste.
Le phénomène de surconsommation touche les secteurs de l’agroalimentaire, du commerce général, de la distribution, de la sucrerie et du voyage (Umrah à La Mecque), etc.
Très consommé surtout durant le mois de Ramadan, le sucre tire vers le haut les ventes de la principale société sucrière du pays, la SN Sosuco, une propriété du groupe Aga Khan. Malgré la fraude, la société arrive à écouler, bon an mal an, +30 000 tonnes de sa production, dont plus du tiers durant le Ramadan. Pour sauver la production locale, le gouvernement a suspendu les importations pour un temps donné, obligeant ainsi les grands importateurs à s’approvisionner auprès de la SN Sosuco.
Au niveau des jus et sucreries, c’est le temps des bonnes affaires pour la société Dafani et la cinquantaine de producteurs d’eau minérale. Une cinquantaine de dépôts de jus de fruits (orange, mangue, ananas) de Dafani existent à Ouagadougou et sont régulièrement approvisionnés. «Avec le Ramadan, je double mes ventes, car il y a beaucoup de sorties et vous avez même des non-Musulmans qui offrent des jus à leurs connaissances musulmanes», reconnaît Mady Soré, gérant d’un dépôt Dafani à l’Est de la capitale.
Un mois de gros et petits profits
Aux côtés des grandes sociétés d’agroalimentaire (sucrerie, huilerie), le secteur informel retrouve une vitalité en période de Ramadan. A l’image des petits vendeurs qui, postés au bord des routes, font de bonnes affaires. Loin du regard des collecteurs d’impôts…
La bouillie, les galettes de mil, les jus de gingembre, d’orange, les fruits et les dattes sont les aliments les plus commercialisés, en plus des plats classiques (riz, pâte de maïs…). «J’arrive à vendre de la bouillie pour environ 3 000 FCFA par nuit», rapporte Sarah Ouédraogo. Là où Salif Ouédraogo, qui tient un restaurant, indique : «Face à la forte demande, j’ai doublé mes commandes et recruté 2 employés supplémentaires pour le mois de Ramadan. J’espère de bonnes recettes…»
Des offres promotionnelles de téléphonie mobile (Spécial Ramadan) à la vente des produits de grande consommation (riz, lait, sucre, dattes…), en passant par les restaurants de nuit improvisés, rythment la vie des Burkinabè durant le mois de jeûne.
Le cas des dattes est spécifique, car grandement consommées lors de la rupture du jeûne. Pour satisfaire la demande, les grossistes s’approvisionnent au Maroc, en Algérie, au Niger et en Tunisie. A Ouagadougou, le kilogramme de dattes coûte 1 000 FCFA et la plaquette 1 800 FCFA, en fonction de la variété et de la qualité. Les familles dépensent en moyenne 15 000 FCFA pour la consommation.
Le petit pèlerinage à La Mecque (Umrah) qui a surtout lieu pendant le Ramadan, est également prisé par les Musulmans burkinabè. Le nombre des prétendants est passé du simple au double (1 000 à +2 000) entre 2010 et 2016, offrant ainsi à la trentaine d’agences de voyages agréés de beaux profits. Le coût du voyage variant entre 1 million et 1,8 million FCFA…
Du côté du ministère en charge du Commerce, on fait savoir que les décisions, en cette période, portent sur «le renforcement du contrôle des prix, la garantie de la présence des produits de grande consommation dans les grandes villes, le suivi du fonctionnement normal des marchés en vue de faire face à toute défaillance dans l’approvisionnement et aux pratiques illégales concernant les prix, les conditions de vente, l’offre et le stockage des différents produits…»
Avec Apanews
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