Le financement du secteur agricole présente de nombreux risques, liés surtout aux aléas climatiques et à la fluctuation des prix sur les marchés agricoles. Peu d’institutions sont disposées à financer des investissements dans ce secteur, d’autant plus que la plupart des producteurs manquent de garanties.
Malgré la forte contribution du secteur agricole dans le PIB du Sénégal, l’offre de services financiers pour les agriculteurs est encore très limitée. De plus, les zones rurales souffrent globalement d’un déficit d’accès aux services financiers pour soutenir toutes leurs activités et diversifier les revenus des producteurs.
Le financement du secteur agricole par la Microfinance reste encore contraint par les taux d’intérêt élevés, la prédominance des crédits à court terme peu adaptés aux besoins, la complexité du statut des garanties, les difficultés de réalisation des garanties et la faiblesse des fonds propres des SFD en présence.
Toutefois, la microfinance reste très dynamique avec un taux de pénétration de l’ordre de 14% en 2012 contre 6% en 2005, avec des dépôts de 177,3 milliards. Le montant du crédit Microfinance représente 10,6% du crédit bancaire avec un volume de 229,0 milliards et un taux de financement de l’économie de 3,2% en 2012.
Malgré ce développement important, la pénétration des IMF en milieu rural est encore faible, seulement entre 5% et 20% des ménages ruraux. Cette situation tient essentiellement au fait que le financement de ces activités est globalement plus coûteux, plus risqué et moins rentable du fait de la spécificité des activités agricoles non encore appréhendées par les mécanismes de financement.
Pourtant, des solutions sont en vue avec les nouvelles orientations et politiques adoptées par les nouveaux gouvernants relatives à l’émergence. Avec le Plan Sénégal Emergent, la microfinance peut jouer un rôle-clé dans les synergies qui se construisent entre partenaires publics, privés et de la Société civile pour le financement rural. Ainsi, il est à noter un rapprochement entre Microfinance et organisations de producteurs qui, en définitive, contribuera au renforcement de la capacité des organisations paysannes à choisir un mode d’accès aux services financiers efficace et viable.
Renforcer globalement le secteur de la microfinance
Pour qu’elle puisse assurer le changement d’échelle nécessaire au financement de l’agriculture, il faut renforcer ses capacités actuelles, sa professionnalisation, sa viabilité. Des processus nécessitant des appuis financiers. Ce renforcement était engagé à travers des programmes d’appui sectoriels comme le Programme d’Appui à la Microfinance (PAMIF 2 / 2009-2012), en partenariat avec le GRET et l’U-IMCEC. Il a réalisé́ un test du «crédit warrantage» avec les cultivateurs de la zone de Médina Sabakh. Cette expérience a permis d’instituer le crédit en milieu rural et de lutter contre le bradage des récoltes de céréales. Cette initiative se poursuit aujourd’hui avec l’U-IMCEC dans une plus grande ampleur.
Améliorer l’adaptation de l’offre à la demande agricole
Les IMF ne financent que très marginalement les besoins de crédit moyen terme des organisations paysannes. Un crédit, en général, risqué, avec ses montants élevés et des remboursements s’échelonnant sur plusieurs années ; un facteur de risque important pour l’équilibre financier d’une IMF. Le risque est renforcé dans le secteur agricole (risques agro-climatiques, techniques, économiques…).
La sécurisation du crédit pour l’agriculture repose sur la professionnalisation des acteurs, la création d’un cadre de régulation et de contrôle de la microfinance, basé sur une bonne politique d’assainissement du secteur.
Renforcer les liens entre secteur agricole et Microfinance
Les organisations paysannes sont un maillon-clé de la coopération entre les deux secteurs. L’accent doit être mis sur le renforcement de leurs alliances avec les IMF, par la multiplication des expériences comme le partenariat entre le CMS et le Syndicat national des Agriculteurs, Eleveurs et Pêcheurs (SYNAEP/ Japando).
Enfin, la Microfinance peut jouer un rôle fort dans le financement agricole et soulager le secteur de la contrainte de financement dans le cadre du PSE, en mettant l’accent sur la consolidation et la professionnalisation du secteur par l’adaptation de ses services et produits, la sécurisation du crédit par des innovations techniques et institutionnelles.
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