L’une des conséquences les plus attendues de la baisse du prix carburant, c’est la baisse du coût du transport. Mais entre Cars Rapides, Ndiaga Ndiaye et Tata, la question n’est pas à l’ordre du jour. Chacun y va de ses raisons. Reportage.
Dans une conjoncture économique aussi difficile, la moindre baisse a son importance. La récente baisse sur le prix du carburant entre dans ce sillage. Le litre du Super est désormais vendu à 755 F CFA à la pompe et celui du Gasoil à 640 F CFA. Soit une baisse respective de 40 francs et de 50 francs. Cette baisse a tout de suite eu des répercussions sur le prix des bonbonnes de gaz butane avec la bouteille de 38 kg, dont le prix était de 21 200 francs CFA, et qui s’achète désormais à 20.300 francs, soit une baisse de 900 francs, là où la bouteille de 12,5 kg coûte dorénavant 6.680 francs contre 6.975 francs, soit une baisse de 295 francs. Le prix de la bouteille de 9 kg est passé de 4.880 francs à 4.595 francs et subit ainsi une baisse de 295 francs. La bouteille de 6 kg est vendue à 3090 francs contre 3.230 francs, soit une baisse de 140 francs. Le prix de la bouteille de 2, 5 kg, en repli de 65 francs, est de 1395 francs contre 1460 francs. Mais la plus grosse attente est sans doute la répercussion de cette baisse sur le coût du transport. Mais, jugeant cette baisse peu signifiante, les transporteurs n’envisagent pas une baisse du prix du transport.
Les Cars Rapides brandissent leur caractère informel…
Décidément, le Sénégal est le pays de tous les paradoxes, et tous les subterfuges sont bons pour passer entre les filets. Partie intégrante du décor de la capitale sénégalaise, les «Cars Rapides » ont la particularité de rallier tous les coins de la capitale et ce, à tout moment de la journée. Mais non affiliés à aucun regroupement, ils en profitent assez bien quand l’occasion se présente. Trouvé à la gare Pétersen attendant la réparation de son véhicule, Gora s’apprête à redescendre sur la capitale. Depuis que la baisse est entrée en vigueur, c’est le seul sujet de discussions. «C’est bien qu’il y ait cette baisse, on l’attendait depuis. Au Mali voisin, les chauffeurs payent beaucoup moins cher », peste-t-il. Non sans faire remarquer sa petite déception. «Je m’attendais à une baisse un peu plus importante, mais c’est quand même mieux que rien », dit-il.
Quid d’une éventuelle baisse du prix du transport ? C’est presque un sujet tabou. Les camarades de Gora rivalisent d’impertinence. «Qu’est ce que vous voulez ? Le prix le plus cher chez nous, c’est 150 francs, sur certaine tronçon, on demande 50 francs, si on baisse, on va demander combien, il faut être raisonnable », s’écrie le plus âgé. «Nous on ne donne pas de tickets, nous acceptons le marchandage et nous ne faisons pas beaucoup de surcharges, c’est nous même qui définissons nos prix », reprend Gora.
Selon lui, malgré les nombreuses hausses du prix du carburant notées les années passées, le prix de transport dans les « Cars Rapides » n’a connu qu’une seule hausse. Et pourtant, nous sommes certes les plus banalisés, mais pas les moins utiles, plaide-t-il.
Les Ndiaga Ndiaye embouchent la même trompette
Si leur vétusté fait encore débat, les cars «Ndiaga Ndiaye» jouent un grand rôle dans le secteur du transport, notamment entre Dakar et sa banlieue. Là aussi, même si la baisse du prix du carburant constitue un soulagement, elle n’est pas de nature à impacter sur le coût du transport. Gérant 5 cars, Bassirou Ngom la cinquantaine sonnée estime qu’il appartient à ceux qui étaient chers de baisser. «Petersen-Guédiawaye c’est 175 francs, avec les Tata, c’est au moins 250 francs, un peu moins du double. C’est aux autres de s’ajuster, nous, nous avions déjà des tarifs normaux, alors que nous payions le carburant au même prix. Il y a un autre aspect non négligeable, c’est que dans nos cars, il n’y a plus de surcharge, tout le monde est assis », plaide-t-il.
Les Tata attendent plus pour une éventuelle baisse…
Mieux organisés, les Bus Tata disposent de tickets délivrés par l’Agence pour le Financement des Transports Urbains (AFTU), ont apporté une certaine révolution dans le secteur du transport. Cette organisation a sa rançon, quand il y a eu baisse, tous les regards se sont rués vers eux. Mais ici, si comme si on s’était passé le mot d’ordre. C’est un silence cathédral, on se contente juste de saluer la nouvelle. Adossé à son véhicule, la Ligne 40, Khalifa en rit. «Proposez nous de nouveaux tarifs », nous dit-il, d’un ton taquin. Mais pour faire plus sérieux, il nous renvoie au responsable de la gare. «Je ne suis qu’un chauffeur, je ne gère pas ces questions, allez voir le monsieur en bleu», nous indique-t-il. Confortablement installé sur sa chaise, le vieux Talla cordonne à distance. Après les salamalecs, il s’empresse de nous recadrer. «Je ne peux pas parler de baisse. Je ne suis qu’un superviseur», avertit-il. Mais en off, le monsieur se déchaine. Selon lui, la situation n’est pas aussi simple que les gens le pensent. Parce que dit-il, si la baisse était d’au moins 100 francs, la question ne se poserait même pas. «C’est difficile avec une baisse de 50 francs d’envisager une baisse. Si elle devait s’opérer, elle ne devrait pas dépasser pas 15 ou 20 francs sur le billet », dit-il, non sans préciser que ce n’est qu’un simple point de vue d’un homme du milieu. Mais il y va d’une révélation de taille. «Les responsables doivent se réunir durant le week-end prochain pour parler de cette baisse, mais officiellement aucune décision n’a encore été prise », dit-il.
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