S’il y a un secteur qui ressent positivement la période du mois de Ramadan, c’est bien l’audiovisuel. La production de sketchs et d’émissions dédiées donne un coup de fouet aux maisons de production comme «Pikini Production» qui peuvent connaître des hausses de 30 à 40% du chiffre d’affaires. «Le Ramadan est un mois très important pour Pikini Prod. Un mois où nous sentons un regain d’activités. Nous le ressentons déjà avec deux de nos produits. Notre produit-phare, le sketch «Abou Bilal» spécifiquement destiné au Ramadan depuis 5 ans, nous permet, depuis sa création, de gagner de l’argent. Des émissions comme «Tabalou Yaye Ngoné» de promotion des ventes, marche mieux pendant le Ramadan. Notre programme spécifique «Abou Bilal», mais aussi tous nos autres programmes profitent bien de l’effet Ramadan», déclare Aliou Ndiaye.
Il poursuit en indiquant qu’«en variation mensuelle, nous faisions une hausse de 20 à 30%, mais d’une année à une autre, on peut faire plus, car les réalités ne sont jamais les mêmes. Cela peut changer selon les clients, le contexte et l’objectif. Ce qui est constant, c’est qu’à chaque période de Ramadan, nous avons au moins 30 à 40% de hausse sur notre chiffre d’affaires mensuel».
Le patron de «Pikini Production» explique cette hausse des recettes par le contexte du Ramadan. Un mois de surconsommation qui déteint sur le secteur audiovisuel grâce aux entreprises commerciales, de l’agroalimentaire en particulier. «Au Sénégal, comme dans la plupart des pays musulmans, toutes les grandes entreprises et grandes marques savent que le Ramadan est un temps fort pour augmenter le chiffre d’affaires. Donc, une forte tendance à communiquer durant le mois. Si vous regardez bien la configuration de la structure de l’économie du pays, la plupart des grandes entreprises évoluent dans l’agroalimentaire. Curieusement, le Ramadan aurait du être un mois d’abstinence, mais c’est le mois où on consomme le plus. C’est donc un mois intéressant pour tous ces gens qui vont vers les médias pour exposer leurs produits à la vente», détaille-t-il.
Toutefois, ces performances cachent mal les difficultés que traverse le monde de la production audiovisuelle. Le directeur de «Pikini Prod» de donner l’exemple des vices qui ne leur permettent pas de se développer. «La culture de la production n’est pas encore ancrée dans la mentalité des entrepreneurs et entreprises du pays. Ils font plus confiance aux télévisions qui les rassurent davantage. C’est un peu compliqué au Sénégal, mais en Europe ou aux USA, cela ne se passe pas ainsi. Ici, il n’y a pas de revenue sharing. Les chaînes de télévisons achètent des programmes et le diffusent, mais ici, c’est la société de production qui produit le programme, va le vendre aux annonceurs et après, elle-même donne de l’argent aux télés. Pour exister, on a besoin de faire ça, mais c’est une totale aberration. On attend du gouvernement qu’il prenne des mesures hardies, qu’il ouvre l’audiovisuel pour permettre aux gens de travailler. Car, en réalité, nous ne travaillons pas. On aurait pu travailler mieux et beaucoup plus si on était dans un environnement économique plus favorable. Mais, quoi qu’on dise, le Ramadan est un mois de grande consommation», tonne Aliou Ndiaye pour qui, le secteur de la production audiovisuelle est loin d’avoir atteint son niveau de saturation.
«Pikini Production», boîte de production audiovisuelle crée en 2010, a commencé à travailler en 2013. Depuis, la quarantaine d’employés de la structure essaie de donner corps à un embryon d’industrie de l’image au Sénégal.
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