L’UNACOIS, à l’image de tout le pays, a ressenti douloureusement les effets de la pandémie de la COVID-19. Cela s’est traduit par une grosse inquiétude, une grande peur liée à la contamination et au devenir des activités de commerce. D’un coup, il y a eu un réel manque à gagner pour tous ses membres, dans tous les secteurs d’activités économiques. Que ce soit dans le secteur de l’industrie, du commerce, de la prestation de services.
« L’un des premiers diagnostics que nous avons eu à faire a permis de conclure que 45 à 50% des commerçants sont durement impactés par cette pandémie. L’essentiel de ces commerçants sont soit à Dakar, soit dans les grands centres urbains comme Thiès, Touba, Kaolack, la région de Saint-Louis et tout à fait au sud, vers Ziguinchor. Naturellement, ils sont confrontés à de sérieux problèmes de renouvellement de leurs stocks et pour faire face à leurs engagements vis-à-vis des banques et du système de microfinance », souligne d’emblée Ousmane Sy Ndiaye.
Le Secrétaire exécutif de l’Unacois indique que le secteur du commerce est le plus touché par la pandémie parce que l’une des recommandations les plus fortes que les autorités sanitaires ont faites à l’endroit des populations, c’est de limiter les déplacements, d’arrêter les contacts et de suspendre également les rassemblements. Du coup, par définition, les marchés traditionnels représentant des lieux de fréquentation et de rassemblement en ont pris un sérieux coup. Ils se sont retrouvés désertés. « De surcroit, les mesures liées à l’état d’urgence, comme le couvre-feu, les arrêtés de circulations, les interdictions de déplacements d’un département à un autre, ont contribué à interrompre les chaînes d’approvisionnement des marchés. Les commerçants ne parviennent plus à renouveler leur stock parce que la chaîne d’approvisionnement est coupée. Cela se répercute sur la relation entre les importateurs et les grossistes, et de ces grossistes vers les détaillants. Toute la chaîne a été interrompue et au bout de la chaîne, la relation commerçante détaillants de marchés traditionnels et consommateurs a été fortement affectée, si bien que les gens se sont limités au strict minimum. Ils ont été plus dans des activités de survie que celles de croissance comme d’habitude », souligne Ousmane Sy Ndiaye.
L’enveloppe de 1000 milliards … L’Unacois ?
L’enveloppe de mille milliards que l’Etat a mise à disposition du secteur privé national pour soutenir les besoins de trésorerie afin de préserver les emplois a été globalement une bonne décision. Elle a été faite dans l’urgence pour venir en appui au secteur privé qui en avait besoin. On a senti dans sa mise en place beaucoup de volonté de la part du gouvernement, précise M. Ndiaye. Toutefois, l’Unacois estime qu’elle est insuffisante parce que ne couvrant pas les besoins de ses membres en termes de financement. « La plupart de nos membres ne peuvent pas accéder à cette enveloppe-là qui est logée dans le secteur bancaire classique. Pour y accéder, il faut satisfaire à un certain nombre de critères techniques et administratifs pour lesquels les commerçants ne sont pas préparés. Il faut libérer des états financiers, il faut remplir d’autres obligations administratives qui font que les gens ne sont pas éligibles. C’est pourquoi nous avons profité de l’audience de concertation que nous avons eue avec le Ministre de l’Economie pour lui faire des propositions. Il y a dans ce document une stratégie de mise en place d’un dispositif spécial dédié spécifiquement au secteur du commerce pour compléter l’enveloppe du gouvernement destinée à soutenir le secteur privé national. Dans ce cadre-là, nous avons tout simplement souhaité que l’Etat puisse nous accompagner dans la mise en œuvre d’un fonds avec notre banque partenaire qui nous connaît déjà et qui est en train de financer les commerçants sans garanties. Nous sommes maintenant en train de chercher un levier accélérateur qui permettrait, une fois qu’on disposera d’un fonds de garantie, de pouvoir procéder rapidement à une prise en charge correcte des impactés parmi les commerçants et de pouvoir commencer une bonne relance économique », fait savoir le directeur exécutif de l’Unacois.
Interpellé sur le montant estimé de ce fonds et son mode de fonctionnement, Ousmane Sy Ndiaye préfère ne rien révéler pour le moment. Il a juste indiqué que les discussions sont en cours entre les commerçants et l’Etat. Mais, il relève que le Ministre de l’Economie et son staff se sont montrés très réceptifs à leur proposition. C’est pourquoi, ils ont décidé de les laisser travailler sur la faisabilité de la proposition. Une fois que c’est confirmé, ils porteront l’information à la connaissance de leurs membres et de la presse.
Une modernisation obligée !
Cette crise doit servir de déclic pour tous les acteurs de la vie économique nationale. Un nouveau départ qui ne doit cependant pas cacher les efforts consentis par l’Etat pour soutenir les entreprises durant le pic de la pandémie. Toutefois, il est clair que dans 6 mois, l’Etat devra compléter sa réponse économique, c’est-à-dire son enveloppe mise à la disposition du secteur privé, afin de permettre spécifiquement au secteur du commerce de disposer d’outils adéquats à sa relance. « Lorsqu’on sera parvenu à préserver les entreprises de commerce et ses emplois, à relancer la distribution, il faudra penser à la relance. Cependant, on sait que cela passe par la modernisation. Nous estimons que l’accent doit être mis sur la modernisation du système de distribution de proximité. C’est un des enseignements forts que nous avons retenu de cette pandémie. Les populations étaient arrivées à un moment où sortir de la maison pour aller à la boutique était une grosse difficulté. Donc, plus nos prestations de distributions sont proches de nos populations, mieux cela vaudra pour la consommation et pour la relance de la croissance », déclare Ousmane Sy Ndiaye.
Au-delà de la modernisation, le Secrétaire exécutif de l’Unacois indique qu’il faut aller nécessairement vers l’industrialisation de notre économie. « Nous devons accompagner ce mouvement vers l’industrialisation et pour y arriver, il faut s’attaquer au développement des chaînes de valeurs. A ce niveau, les membres de l’Unacois ont un rôle leader à jouer. Cela permettra une bonne implication de nationaux dans la chaîne de valeurs, mais aussi en même temps donner l’occasion à ceux qui veulent investir dans le secteur de la production, notamment agricole et agro-industrielle, de pouvoir disposer d’un marché de distribution déjà organisé. Quand les gens seront conscients et rassurés que tout ce qu’ils produiront sera commercialisé par les distributeurs, naturellement la crainte de l’accès au marché sera définitivement levée. Ce sentiment là et ce changement de paradigmes nous paraissent fondamentaux pour réussir ce pari. On est conscient que c’est un grand défi parce que la Covid-19 nous a permis de constater la faiblesse de notre système de production agricole et le manque criard d’unités de conservation et de transformation de la production nationale. C’est là qu’il est important d’aider les commerçants à se redéployer dans ce segment de développement des entrepôts de la logistique du stockage et de la transformation. »
Dans cette dynamique, l’Unacois a déjà fait la proposition à l’Etat du Sénégal à travers un partenariat public-privé afin de mailler le territoire agricole Sénégal d’unités de conservation, de chambres de stockages de chambres froides susceptibles de donner à la production agricole, qu’elle soit horticole ou non, une première valeur ajoutée avant la mise en marché.
Moderniser le mobilier de commerce
Les camarades d’Ousmane Sy Ndiaye estiment que, dans le cadre de la relance pour une bonne formalisation de l’économie, il faut également moderniser le mobilier de commerce. Cela désigne le marché qui est l’infrastructure de base de la pratique commerciale autant dans les villages que dans les villes. « Nos marchés traditionnels tels que nous les connaissons dans les communes, que ce soit les marchés Sandaga, Castors, Thiaroye, Ocass à Touba, Tilène à Ziguinchor ou de la Médina sont dans un état de vétusté et d’insalubrité qui ne favorise pas une bonne relance. Parce qu’une bonne relance économique passe nécessairement par une intensification de la production et des lieux de commerce propres et accueillants. Pour nous, il faut un programme de renouvellement des marchés pour lequel l’Unacois est disposé à jouer les premiers rôles. Nous tendons la main au gouvernement pour examiner ensemble les voies et moyens d’un partenariat public-privé qui permettrait, une fois que nous serions convenus des modalités, de designer les marchés prioritaires qu’il faudra moderniser. Avec ce nouveau type de marchés, nous offrirons à la fois aux industriels et aux commerçants des entrepôts de stockage répondant aux normes, aux distributeurs et aux consommateurs, des espaces modernes d’approvisionnement qui garantissent la sécurité et le confort nécessaire. Enfin, nous pensons qu’il faut mettre l’accent sur cet excellent programme que nous avons initié avec une institution partenaire, Ecobank, pour accentuer l’inclusion financière des commerçants informels. L’un des enseignements que nous avons retenus de la pandémie, c’est qu’il nous faut au Sénégal de plus en plus nous affranchir du contact humain pour faire des opérations, qu’elles soient financières ou commerciales. L’histoire de la pandémie a démontré au monde et au Sénégal qu’il est tout à fait possible de faire des transactions financières ou commerciales sans le contact physique. Et pour y arriver, il faut utiliser les outils modernes de digitalisation, de moyens de transactions », conclut Ousmane Sy Ndiaye
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