Alioune Gueye, PDG du Groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui ose !, est un éternel optimiste. Sa foi panafricaniste en bandoulière, il ne cesse de parcourir le continent pour porter la bonne nouvelle, celle d’une Afrique, acteur de son propre développement. Pour ce faire, il pense qu’il faut d’abord impacter les dirigeants, les véritables locomotives du changement.
Avec son éternel sourire et son rire contagieux, Alioune communique la joie de vivre et l’optimisme, «en veux-tu, en voilà». Etonnant et détonant de vitalité, il est tellement optimiste qu’avec lui, les projets se conjuguent avec «succès», «réussite», «performance»…
Docteur en sciences de gestion, âgé de 48 ans, marié et père de 2 enfants, ce Sénégalais, né à Paris, d’un père, officier de marine et d’une maman bretonne, enseignante, a vécu une enfance joyeuse à Dakar, entre le collège de la Cathédrale et l’Institut Jeanne d’Arc. «J’ai été instruit parmi des Libanais, des expatriés et toute une diaspora subsaharienne présente, à l’époque, à Dakar», se remémore-t-il. Cap ensuite sur Paris pour les classe Prépa, puis la Sorbonne pour une spécialisation en stratégie industrielle et le doctorat.
C’est un serial-entrepreneur qui a commencé très jeune. A juste 27 ans. Il venait de plaquer un poste de directeur d’une école de commerce à Casablanca pour monter sa propre entreprise, Afrique Challenge Dirigeants, spécialisé dans le conseil exclusif aux dirigeants africains pour mettre à niveau leurs compétences. «Dans notre environnement, la notion du chef est encore très marquée. Donc, si vous n’impactez pas d’abord le dirigeant, rien ne se fait…», soutient-il.
Alors, bonjour les voyages à travers le continent, les rencontres en direct, avec les dirigeants, sur le terrain, dans leur bureau, pour les convaincre du bien-fondé de son projet, de ses séminaires de haut niveau. Ils seront 42 dirigeants, venant de 12 pays, à participer au 1er Forum des Dirigeants, consacré à un thème essentiel, à ses yeux, «la mise à niveau de l’entreprise africaine, une question de culture». Et l’universitaire d’expliquer, «de nombreuses expériences ont démontré que l’application, à la lettre, des modèles anglo-saxons de management dans les entreprises africaines est en général, vouée à l’échec. Il est grand temps d’inventer un management à l’africaine, fondé sur nos valeurs».
Satisfaire les besoins de Formation, de Santé…
Ensuite, il a fallu s’attaquer au middle management, aux cadres du Privé et du Public, pour les outiller aux techniques modernes de management tout en leur fournissant un espace propice aux échanges d’expériences. Ainsi, naquit Priorité Formation. Selon M. Guéye, «l’objectif n’est pas de dérouler un programme standard devant un public d’anonymes mais de garder bien vivant l’esprit de convivialité africaine. Chaque stagiaire est unique, on le prend en charge dès son arrivée à l’aéroport, on l’invite à s’exprimer durant les sessions de formation et on crée des occasions d’échange avec les autres participants en-dehors des heures de travail».
Cette multiplication d’attentions, manifestations tangibles des valeurs culturelles africaines intégrées dans le mode de fonctionnement, crée des liens indéfectibles entre le cabinet et ses hôtes-stagiaires. Ainsi, les inconnus deviennent des prospects, puis des clients et finalement des amis, qui se sentent bien en famille.Unique en son genre, Priorité Formation est plébiscité par ses stagiaires et affiche un taux de fidélisation record de +95% : de nouveaux stagiaires arrivent et ceux déjà formés reviennent pour se perfectionner.
La famille s’élargissant, il faut vite réfléchir sur la prise en charge des besoins annexes. Notamment la santé des dirigeants, de leurs familles et collaborateurs surtout que le déficit en la matière est criard dans la plupart des pays d’Afrique. Comme il n’est jamais à court d’idées, Alioune créa Hyppocrate Training Center, dédiée à la maîtrise des dépenses de santé des organisations et à la formation-action des personnels de Santé. Il a fallu y adjoindre HyppocrateMedical Assistance pour conseiller,orienter, assister psychologiquement et socialement les malades africains, pour les évacuations sanitaires au Maroc ou en Tunisie qui ont des plateaux médicaux de haut niveau. «La prise en charge va même jusqu’à louer un appartement meublé en ville, mettre à disposition un véhicule avec chauffeur, un étudiant-interprète si le malade ne parle pas français, une cuisinière pour lui concocter les plats de son terroir», révèle le promoteur. Un service 100% personnalisé…
Toujours pour accompagner les entreprises dans leur développement, Alioune a lancé Afrique Events qui organise des missions export, avec des salons et foires, pour dynamiser les échanges intra-africains, informer sur les atouts des pays-phares, accompagner les investisseurs pour la mise en œuvre des projets…
Sachant que les dirigeants n’ont pas souvent le temps de se documenter, d’être au diapason des nouveautés en matière de management et autres best practices, créer une filiale édition s’imposa très vite. Placeà Afrique Challenge Edition, éditeur de African Business Journal, une revue trimestrielle qui traite des études de cas d’entreprises, avec une boite à outils du manager, des success-stories… La filiale édite aussi Managentsia, des résumés de revues spécialisées, des actes de colloques, des ouvrages spécialisés en gestion managériale…Une publication spécialisée, La Lettre du Dirigeant, propose un résumé d’ouvrage rédigé par un expert, permettant de s’ouvrir à des idées nouvelles en stratégie, géopolitique…
Le développement de l’Afrique, chevillé au corps
Après 16 ans d’expériences, Alioune Gueye, qui a fait de la formation des élites africaines, son cheval de bataille, pense que «le continent vit un reclassement géopolitique sans précédent grâce à l’importance et à la rareté des ressources de son sous-sol, sa situation géographique. Mais, c’est sans conteste à la qualité de ses ressources humaines qu’il devra son entrée dans le monde « premier », à savoir développé: il cessera alors de n’être qu’un enjeu pour être un acteur». Aussi, dans ce processus de transformation structurelle, lui et son groupe sont en pôle-position. Et d’ajouter, avec force : «nous sommes convaincus que l’Afrique 2.0 est en marche. Une Afrique qui s’appuie sur ses valeurs culturelles, s’ouvre à de nouveaux partenariats, articule son développement local, régional et international et met à profit les outils web 2.0 et la puissance des TIC».
Pour piloter son groupe, M. Gueye s’est entouré d’une équipe de 15 permanents, pour la plupart polyvalents, et d’une quarantaine d’experts externes intervenant dans les formations. Fidèle à la tradition orale et communautaire, il ne choisit ses proches collaborateurs que sur recommandation. Incarnant l’image du père, il veille à l’épanouissement professionnel et personnel de chacun car, à ses yeux, le progrès doit être collectif. Ici encore, les valeurs africaines entrent en jeu : il accompagne ses employés dans les moments-clés de leur vie privée (mariage, naissance, décès…) et les aide à accéder à la propriété bâtie. Leur réussite est, non seulement, sa fierté mais aussi son plus beau critère de performance car, il le vérifie chaque jour, «seuls les êtres heureux expriment des idées positives»…
Aujourd’hui, le nouveau dada de «l’Africain qui ose», c’est l’Asie du sud-est, Malaisie et Singapour où il se rend assez souvent. Il y a ouvert un bureau avec un associé local et lancé Asia Africa Business Journal. L’objectif, «c’estaccélérer les échanges entre les deux zones qui, quoiqu’en croissance rapide, restent en valeur et en volume, encore trop modestes. Pourtant, des complémentarités évidentes existent mais sont largement sous-exploitées. Pour y parvenir, le secteur privé doit s’impliquer très fortement car les seuls Etats n’y parviendront pas», plaide un des initiateurs de la Chambre de commerce Afrique Asie du sud-est.
Aujourd’hui, le groupe challenge c’est un Portefeuille de 1823 entreprises en Afrique Francophone, 37 Experts et Consultants seniors, +10000 personnes formées de 21 nationalités, 109 forums organisés depuis 1999, 200 patients pris en charge par an au Maroc, +100 grands comptes africains comme références.
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