S’installer et élargir ses services dans un espace où l’heure est encore à la promotion de l’internet n’est pas tâche aisée. C’est ce lourd fardeau que Google, numéro un mondial dans le secteur des TIC, a confié M. Tidjane Dème. A 39 ans, l’enfant de la Médina est tout simplement Directeur de Google pour l’Afrique Francophone. Autrement dit, M. Dème est chargé de piloter les services de Google dans tous les pays qui parlent français en Afrique. Marchant presque nonchalamment, le téléphone toujours collé à l’oreille, Tidjane semble avoir la tête bien sur les épaules, malgré un poste si prestigieux. «Ce n’est pas une question d’âge. Je pense plutôt que c’est justement parce qu’ils cherchaient un profil qui correspondait au mien et ce qu’il me proposait aussi correspondait vraiment à ce que je voulais faire», explique-t-il.
Déjà, ce jeune Hal Pulaar issu d’un village, quelque part dans le Saloum, a tapé dans l’oeil de bons nombre d’observateurs. Dans tous les cas, depuis qu’il est au Sénégal, on entend beaucoup plus parler de Google, de ses activités et services. Mais à entendre Tidjane parler de sa famille, on comprend aisément une bonne partie de sa réussite. «Je suis issu d’une famille où seul le savoir est valorisé. A part ça, il n’y a rien d’autre qui m’a poussé à être passionné de l’internet. Mais, je pense que l’éducation a été déterminante dans mon parcours», dit-il.
Alors, comment le virus l’a-t-il piqué ? Tidjane explique avec beaucoup de fierté : «quand j’étudiais à l’étranger, je me disais qu’il fallait que je travaille sur des choses nouvelles, loin de la routine. C’est en ce moment que l’internet explosait en Europe. Je me suis dit que ça, c’est quelque chose que je peux faire et avec laquelle je peux servir mon pays, parce qu’on peut innover», raconte-t-il.
Toujours attaché à son terroir, Tidjane, fils de grands érudits, n’hésite pas à y aller à chaque fois que le temps le permet. Mieux, même s’il tente de le cacher, il y est vu comme modèle par bon nombre de ses proches. Ils sont nombreux à vouloir s’inspirer de lui pour réussir. «Beaucoup de cousins me disent qu’ils veulent aller étudier à l’étranger. Je leur dis qu’il n’y a aucun secret. Il suffit de travailler dur, dès qu’on a sa bourse, on obtient le visa facilement», leur conseille-t-il. En effet, après avoir fait ses classes à Dakar, Tidjane décroche son bac C avec mention Assez Bien. Ce qui lui a permis de décrocher une bourse pour la France. Il atterrit à Polytechnique. Le brillant garçon, qui éprouve de la difficulté à parler de sa personne ou de son parcours, s’est trouvé vite un emploi en France, après avoir compilé les diplômes.
Mais quand on est décidé à servir son pays, rien ne vous retient ailleurs. Après avoir travaillé sur des projets de start-up en France, Tidjane plie ses bagages et retourne au bercail. «J’ai créé un premier projet en Europe, mais ça n’a pas marché, c’était le moment où la bulle internet éclatait en Europe. Je suis revenu au Sénégal et j’ai créé une entreprise du nom de Commonsys, avec au début un projet qui était d’offrir l’accès des TIC aux PME. Finalement, ce projet a évolué et j’avais une petite entreprise de conseils qui travaillait dans la gestion de projets informatiques…», se rappelle-t-il.
Malgré des hauts et des bas, Tidjane courageux et persévérant, résiste et croit dur comme fer en ses potentialités, conscient que la réussite ne se donne pas sur un plateau d’argent. «Avant de créer une entreprise qui ait du succès, il faut bien se planter un certain nombre de fois…», reconnait-il.
Ainsi, M. Déme rencontre des responsables de Google qui avaient l’objectif de créer le bureau à Dakar en 2009. «Revenir dans mon pays, y créer une entreprise a toujours été un rêve pour moi. Le Sénégal est le pays où j’aime vivre…», dit-il. Sans doute, une philosophie qu’il a retrouvée chez Oumar Cissé, Directeur de l’incubateur CTIC.
En effet, ce dernier a réussi à créer et à faire prospérer ses entreprises, sans jamais sortir du pays. Aujourd’hui à la tête de Google pour l’Afrique francophone, Tidjane continue de déborder d’ambitions. Il rêve de voir se développer un écosystème internet ouvert et viable en Afrique, avec le Sénégal comme point d’ancrage…
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