Le milieu du commerce est secoué par une série d’événements qui ont poussé l’Unacois à convoquer ses membres pour recueillir les doléances afin de mieux les prendre en compte. Peut-on avoir un aperçu de ses complaintes ?
Nous avons tous constaté, à l’issue de la concertation ouverte organisée par les praticiens du commerce réunis sous la bannière de l’Unacois, qu’un certain nombre de difficultés sont en train de guetter le secteur du commerce. Non seulement les intérêts des commerçants sont en jeu, mais la stabilité du secteur, voire même sa capacité à créer des emplois et à être un facteur de croissance est mise en cause. Ces problèmes sont nourris à la base par un manque d’organisation que nous avons relevé notamment, entre les commerçants et les collectivités locales. Ce manque d’organisation nourri des pratiques anormales faites de concurrence déloyale du fait des foires qui sont initiées et organisées par les collectivités locales dans les marchés. Nous savons tous qu’il n’est pas du tout acceptable que des commerçants régulièrement installés dans un marché soient soumis à la concurrence directe d’une foire organisée sur la même enceinte qu’un marché. Ça c’est problématique. Et c’est devenu récurrents. Le phénomène a vu le jour à Dakar et s’est étendu dans les régions. Nous avons été saisis d’un problème du même genre à Thiès et à Kaffrine. Ces problèmes de concurrence déloyale sont accentués par l’installation de ressortissants asiatiques au sein des marchés. Nous savons que le Sénégal entretient une coopération de qualité aussi bien avec la Chine qu’avec l’Inde, des pays amis. Mais pour autant, cela ne peut justifier qu’on puisse accorder aux ressortissants de ces pays amis des droits et des avantages qui ne sont pas accordés aux Sénégalais qui vont dans leur pays. Donc, nous estimons qu’il y a de l’ordre à remettre dans le fonctionnement normal des marchés et de tirer au clair définitivement la question de la concurrence. Mais les difficultés s’entendent également au niveau des demandes de visa notamment avec l’ambassade de la République Populaire de Chine. À ce niveau en plus des lourdeurs et des tracasseries administratives, nous avons noté des pratiques, à la limite dangereuses, parce que mafieuses. Non seulement les rendez-vous sont très éloignés, la durée de traitement de visas prend beaucoup de temps, mais de surcroît nous avons relevé qu’il y a un certain nombre de pratiques qui font que, quand on donne de l’argent, on peut rapprocher son rendez-vous ou faciliter la demande de son visa. Naturellement, ce sont des pratiques auxquelles les professionnels refusent de s’adonner. Nous avons aussi demandé à nos autorités compétentes de tirer tout cela au clair. La conséquence première d’une telle situation est que la mobilité des importateurs est réduite. Nous sommes un marché essentiellement alimenté par l’importation. Si cette mobilité est réduite l’approvisionnement du marché pourrait en être affecté.
Quelles sont les conséquences sur le marché national et son approvisionnement si de telles difficultés persistent ?
Il y a aussi au niveau du Port de Dakar des difficultés auxquelles font face les acteurs du commerce du fait de sa congestion. Ce n’est pas nouveau, elle date de longtemps. L’Unacois l’a décrié et a posé cette doléance à qui de droit, mais c’est une situation sur laquelle il n’y a pas encore de solution. Nous estimons qu’il y a lieu, dans les meilleurs délais, de tirer au clair cette situation parce que là aussi, l’approvisionnement du marché pourrait en pâtir. Soit en termes de hausse de prix, soit en termes de pénurie. Si pour obtenir un visa là où on mettait une semaine, on met six mois, et que là où on mettait une semaine pour sortir le conteneur, on met six mois, il n’y a plus d’intérêt à importer. Vous voyez les difficultés auxquelles le marché pourrait être confronté.
En dehors de la question des visas, certains acteurs du commerce se plaignent de tracasseries administratives et de la lenteur des procédures au niveau du Port de Dakar pour entrer en possession de leurs marchandises. Qu’en est-il sur ce point ?
Aux difficultés évoquées plus haut, s’ajoutent deux contraintes notées entre la Douane et les importateurs. C’est d’abord la question des valeurs en douane. Nous estimons à ce niveau qu’il y a des efforts à faire parce qu’à chaque fois que nous avons des importateurs qui présentent des factures aux agents de la douane, ceux qu’ils ont en face d’eux préfèrent appliquer le barème interne de la douane plutôt que de se fier à la valeur attestée par Cotecna. C’est une situation qui nous parait difficile. Une situation anormale sur laquelle il va falloir trouver rapidement une solution. L’Unacois estime qu’avec les relations de qualité que nous entretenons avec la douane cette situation peut être rapidement solutionnée.
Vous avez tantôt évoqué deux contraintes, en quoi consiste la deuxième ?
Il y a la question des contrôles excessifs que les agents de la douane opèrent sur le terrain avec les livraisons de conteneurs à Dakar et dans les régions. C’est une pratique qui avait disparu, mais qui refait surface depuis quelque temps. Nous allons voir comment trouver des solutions à ses problèmes. Tout cela, pour dire qu’il y a un danger qui guette la stabilité du secteur. Nous avons vu, ces derniers temps, que le front social s’est réchauffé et à l’Unacois, nous pensons qu’il ne faut pas en rajouter. On pense qu’il vaut mieux faciliter les mécanismes qui ont toujours mené au bon fonctionnement du secteur plutôt que de créer des conditions de tensions qui ne feraient qu’envenimer les choses.
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