Mais, la question qu’il faut se poser, c’est de savoir si cela a été jadis une vérité, en quoi elle a eu à impacter l’administration publique du Bénin d’aujourd’hui? Autrement dit, s’il y a eu pour ce pays, des précurseurs d’une telle envergure, en quoi son administration en a-t-elle tiré avantage, comparativement à d’autres pays de la même sphère spatiale ?
Le mot «modèle», l’expression «à la mode» et le terme «module» sont liés par la même racine «mode». Qui traduit soit l’idée de référentiel auquel se reporter pour agir dans un sens (le mode), soit l’idée de reproduction à l’identique par plusieurs personnes d’un comportement typique (vestimentaire ou autre), inspiré d’une nouvelle norme référentielle (la mode), dont ils n’ont pas forcémment connaissance.
Bill Clinton, Ban Kee Moon, Michael Jackson, Yannick Noah, ont tous eu leur idole, que dis-je, leur modèle, exemple ou source principale de motivation. Le premier a déclaré, en pleine campagne ré-élective, qu’il a su qu’il deviendrait président à l’instant où il serrait la main de John F. Kennedy. Le second, qu’il serait Secrétaire Général de l’Onu après avoir vu ce grand dirigeant de très près. L’homme aux 750 millions d’albums vendus dans le monde, l’inventeur du pas de danse Moon Walk, admirait un certain Fred Astaire, icône de la danse au pays de l’Oncle Sam ainsi que l’inimitable James Brown. Yannick Noah, on le sait, a senti sa vocation se révéler à force de courir derrière les exploits d’Arthur Asch, 1er champion de tennis noir aux Amériques.
Tout cela est remarquable, mais savez-vous ce qui l’est le plus? Le fait qu’en ce bas monde, un bébé, abandonné des humains, mais recueilli et adopté par les gorilles, deviennent avec le temps, un homme-gorille.
Vous l’aurez compris, en matière de relation humaine, les puinés et descendants, nés après leurs ainés et ascendants, donc leurs modèles, en sont toujours les modules (ou reflets). Ceci, dans le bon ou le mauvais sens, c’est-à-dire que si les pré-séants sont exemplaires, les suivants le sont à l’imitation inconsciente, si à contrario, ils sont contre exemplaires, les suivants le deviennent tout autant.
Le référent relationnel, qui sous-tend ce lien de cause à effet, s’appelle des individus modules à leurs modèles, le mimétisme inconscient. Et des individus modèles à leurs modules, le magnétisme inconscient. A l’observation, ce lien de cause à effet se déclenche par admiration des leaders par leurs suiveurs.
Toute organisation, qui comprend bien ces paradigmes, doit en principe savoir consciemment les utiliser à son profit. Il en va bien évidemment ainsi d’un pays.
Dans le nôtre, comme dans bien des pays en Afrique au Sud du Sahara, il se passe quelque chose de très triste et contreproductif sur ce plan : les exploits des contre-modèles sont, à longueur de journées, surmédiatisés, impactant à une très large échelle, nos jeunes qui, sans exagération, se retrouvent désaxés, perdus, comme fous. Cela se passe bien sous nos yeux.
A contrario, les vrais self made men ou women, les pionniers, les premiers, les meilleurs, les leaders dans leurs domaines respectifs, les têtes de prou se cachent ou se laissent cacher et volontiers oublier, surtout quand ils ont respectablement réussi.
Vous savez quoi ? Ils le font par éducation. Celle qui veut que pour vivre bien, il faille toujours se cacher. Et l’Etat ne comprend pas quel formidable opportunité de booster le développement, il y a à les honorer systématiquement en public et en grandes pompes.
Il faut pourtant en finir, les jeunes me l’ont dit, dans les classes, dans la rue, dans les entreprises, dans les familles et souvent dans des accents pathétiques. Ils sont seuls, sans repères, sans valeurs, sans formidable envie de «devenir comme toi quand je serai grand», seuls avec des vies qui ont perdu tout sens. Alors, on fait quoi ?
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