En tant qu’expert en développement professionnel, j’ai si souvent entendu les jeunes élites de nos Business schools s’en plaindre que j’ai dû m’en faire une raison. Ils sont, au départ, tout sauf des individus en auto-confiance.
A la question de savoir s’il est facile d’obtenir un stage professionnel, ils font vite chorus pour vous répondre, avant la fin de votre phrase, que c’est très problématique, pour eux, dans ce Sénégal difficile.
Et de vous rajouter, très vite, qu’il y a généralement deux obstacles majeurs qui jouent contre toute tentative d’y parvenir : la demande qui, inlassablement, se fait plus importante que l’offre et l’absence de relationnel favorable à leur cause au sein des entreprises visées, qui s’avère fatale au final.
S’ils étaient les seuls à raisonner de la sorte, on n’évoquerait, peut-être pas, le sujet, mais ce qui s’avère des plus alarmants au final, c’est qu’Administration et corps professoral, dans leur ensemble, les précèdent ou les complètent dans ce raisonnement.
Qu’il s’agisse des stages professionnels à mettre à disposition ou de recrutement à faire, les entreprises qui sont bien naturellement orientées profit sur un marché d’offre et de demande, se positionnent comme des acheteuses de produits. Elles recherchent, par conséquent, des vendeurs de produits.
On comprendra vite que, dans cette perspective, elles s’investiront optimalement pour rencontrer, avant leurs concurrentes, les meilleurs vendeurs des meilleurs produits, soit les profils des meilleurs. Eviter, à tout prix, les non-vendeurs de non-produits, soit les profils de médiocres. Et ne pas se précipiter, du tout, quant aux vendeurs standards de produits standards, soit les profils de médian.
Si, depuis près d’une dizaine d’années, tableaux statistiques livrés aux autorités administratives concernées à l’appui, nous parvenons à coacher nos élites estudiantines pour qu’elles s’auto-insèrent, il s’agit aujourd’hui de voir comment passer à une étape supérieure. C’est-à-dire porter, à un niveau plus élevé encore, l’expertise en relations humaines, le sens relationnel de nos élites académiques ?
Nous avons la joie de partager, avec vous, une expérience tentée et réussie avec des étudiants de 1ère année d’un Institut de formation de la place. Nous sommes partis de 7 classes, respectivement scindées en groupes de travail. Dans chaque classe, les groupes avaient pour mission, sans assistance aucune, de rencontrer de hautes personnalités du monde du business, de la politique ou d’organisations internationales accréditées au Sénégal.
Une fois les nom et prénoms du modèle remis aux différents «challenging competitors», il leur a été demandé d’organiser leurs propres recherches concernant les modèles, monter puis uniformiser leurs référentiels d’interviews, rencontrer les personnalités en question, les interroger, les enregistrer ou les filmer, pendant leurs discussions et cela dans un laps de temps très court. Pour ce faire, on devine bien le mental de battant dont il leur fallait disposer ainsi que la capacité de persuasion hors norme nécessaire.
Ces groupes ont, au départ, tous échoué dans leurs tentatives plurielles de rencontrer leurs icônes. Ils se sont faits proprement renvoyés de tous les endroits où ils se sont présentés, ayant été considérés, dans la plupart des cas, comme des empêcheurs de travailler en paix. Tous ont donc échoué à gagner le challenge dans les délais impartis. Tous sauf…. un seul sur 42 groupes.
Ce groupe, vous le devinez bien, a été porté au pinacle, document vidéo à l’appui de son exploit auprès de tous les autres «loosers». Lesquels ont senti passer l’orage en se faisant maltraiter verbalement pour leur absence de résultat.
Une semaine plus tard, 10 groupes rendaient possible l’impossible. 2 semaines plus tard, 15. Et au bout de 3 semaines, 20 documents inédits de qualité variable, pour 20 rencontres réalisées. Ces étudiants, pleurnicheurs du début, se sont transformés en monstres de volonté, de détermination et d’obstination à obtenir le résultat. Dans certains cas, même la distance spatiale ne les a pas arrêtés. Ils ont réalisé une interview quasi-parfaite au téléphone.
Mais qui les a encadrés ? Personne ! On a juste su leur donner envie de se dépasser et d’interviewer des icônes, au départ, considérées «inapprochables».
Mais la question à un milliard, c’est peut-être, sauront-ils conserver ces relations privilégiées, devenues les leurs ? That’s the question !
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