Il est facile d’attendre la prestation du premier ministre devant l’assemblée nationale pour critiquer ou amender la politique générale du gouvernement, pour la DPG de Aminata Touré, je prends la peine d’exposer quelques points qui pourraient être l’attente des sénégalais devant cet exercice républicain hautement symbolique. Cette obligation constitutionnelle est aussi une possibilité qui est offerte au chef du gouvernement de sculpter sa stature politique et de lui donner un peu plus de relief. Il faudra donc éviter la platitude et l’ennui en ne rééditant pas l’exercice anormalement long de la dernière DPG (plus de 10 heures d’horloge !). La dimension rhétorique est certes importante pour l’exerce, mais elle doit s’adosser sur la profondeur d’une vision politique construite. Nous attendons alors que Aminata Touré décline la marque de sa gouvernance, qu’elle annonce le programme de réformes du quinquennat de Macky Sall et enfin bien sûr nous dire le programme qui va être celui de son gouvernement. Sur ce dernier point, nous n’attendons pas une grande différence avec le programme de Abdoul Mbaye sachant que la politique de la nation est décidée chez nous par le Président de la république qui lui, n’a pas changé depuis la DPG du Premier ministre précédent.
La marque de gouvernance : «La Patrie avant le Parti» nous semble être un engagement républicain fort qui devra être revivifié, éprouvé et accompagné de la gouvernance sobre et vertueuse, voulue par le Président de la République. Mais les slogans ne suffiront pas, Mme le Premier ministre, il faudra des actes forts !
Les réformes du quinquennat : Le Président s’est engagé à procéder à des réformes majeures pour le devenir de notre pays parmi lesquels les plus emblématiques sont la réforme sur les Institutions, celles de la Décentralisation, du Foncier et du Code des marchés publics, parmi d’autres.
Sur cette question des réformes, il urge que Mme Aminata Touré, en adéquation avec le Président de la République, nous en décline le cap et la méthode.
- D’abord, le Cap : parce qu’il est urgent que le pays se dote de chronogramme que l’on sache où l’on va et à quel rythme. Nous avons l’impression que la CNRI (pour ne prendre que cet exemple) avance sans date-butoir ou en roue libre, contrairement à la Commission sur la Décentralisation qui avait, de fait, les élections locales comme jalon. Sur l’Acte 3 de la Décentralisation, nous avons senti l’élaboration d’un timing dicté par le Président de la République qui a fait travailler la commission en rétro planning. Ce travail ayant abouti à la concertation nécessaire entre le chef de l’Etat et les formations politiques qui ont accepté la main tendue de dialogue du Chef de l’état et c’est tout à leur honneur. Nous saluons cette démarche du Président de la République et l’encourageons à continuer de faire vivre le dialogue dans le pays sur les sujets qui dépassent les clivages «politiciens» afin de maintenir un climat social apaisé.
- Ensuite, la Méthode : il semble se dessiner une méthode que nous saluons, une méthode avec laquelle nous sommes complètement en phase. Car il nous semble bien que le Président de la République puisse confier des travaux d’importance capitale comme ces réformes citées ci-dessus à de hautes personnalités crédibles et consensuelles. Que ces dites commissions, après un travail sérieux, adossé sur leurs expertises et les expériences riches et variées de ses membres, proposent au Président de la République, un projet de réforme bien structuré. Si on se fie à la méthode déroulée concernant l’Acte 3 de la Décentralisation, nous pouvons penser que le Président ouvrira un débat national sur chacun des sujets en dirigeant lui-même des concertations avec la classe politique, la société civile et probablement tous les corps intermédiaires du pays. Après seulement la tenue de ces concertations nationales et après avoir écouté toutes les forces vives de la Nation, il pourra décider du contenu des réformes et formuler le cadre législatif dans lequel elles vont se passer. Il en a la légitimité et le mandat !
Le programme du gouvernement : Sur le programme, nous n’attendons pas une grande différence avec celui du précédent Premier ministre. Seulement, il est important que l’équipe en place, sous l’impulsion du Premier ministre, accélère le rythme des réformes et de l’exécution du programme économique et social arrêté pour soulager les populations dans leur souffrance. Un mot sur la SDMAP nous semble important pour clarifier la réforme de l’état en cours. Vous ne pourrez pas, non plus, passer sous silence, Mme le Premier ministre, l’épineuse question de l’expropriation des privés, dans nos sociétés nationales, par l’Etat pour nécessité publique. Ce débat a passionné nos compatriotes dans la crise de l’eau, vécue dans la capitale.
Madame le Premier ministre, si vous nous rassurez sur ces points en évitant la rhétorique politicienne dans les querelles vaines et nous faire la pédagogie simple de votre action, vous pourrez engranger une adhésion encore plus grande de vos administrés. Ce qui, en soit, sera un gage de réussite de l’action de votre équipe. Bonne chance !
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