Une véritable encyclopédie de la fiscalité et de la comptabilité
Avant de parcourir les premières feuilles de l’ouvrage de notre confrère Ange Mancabou, nouvellement nommé Conseiller technique et Porte-parole du ministère de l’Economie et des Finances, les mots de son préfacier de ministre mettent déjà de l’eau à la bouche. Selon l’ex-Directeur Général des Impôts et Domaines et actuel Ministre de l’Economie et des Finances, ce livre est un vrai privilège pour les lecteurs.
«Les lecteurs sont privilégiés d’ailleurs, puisqu’ils ont la chance de détenir un ouvrage (le premier à ma connaissance) qui est totalement bâti à partir du nouveau Code général des impôts dont le Sénégal vient de se doter. Sans compter que ‘‘Gestion fiscale et comptable de l’entreprise’’ est autant un ouvrage de fiscalité que de comptabilité, cette dernière étant largement présente et ses mécanismes très bien exposés, chaque fois que de besoin, parfois même en recourant à des extraits de journal comptable. Quant à la fiscalité, les amateurs se régaleront d’une démarche chronologique qui part de la phase de constitution des sociétés, avec les régimes de la transparence, de la semi-transparence et de l’opacité, le traitement fiscal des apports, etc. jusqu’au rendez-vous tant redouté avec l’administration : le contrôle fiscal (contrôle sur pièces et vérification de comptabilité), en passant par la gestion courante de l’entreprise (analyse des produits et des charges, détermination du résultat fiscal, traitement fiscal des déficits…), avec un focus sur son patrimoine (mention spéciale pour les développements autour de la délicate question de la valorisation des actifs incorporels !) ainsi que sur son financement. Sous la plume de Ange, le haut du passif du bilan devient enfin accessible aux non-spécialistes», écrit Amadou Bâ.
En effet, par cet ouvrage de 414 pages, Ange Mancabou a pris le risque de s’intéresser à un Code Général des Impôts qui vient à peine de voir le jour. Mais, quand on a fait sa formation de journaliste au CESTI et chef du desk Economie à la radio Walfadjri, puis titulaire d’un DEA en Communication de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 et avoir poursuivi son cycle à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) pour devenir Inspecteur des Impôts et Domaines, on sait bien comment on écrit un livre, surtout sur la fiscalité et la comptabilité de l’entreprise, son nouveau champ d’intervention. Et Ange l’a prouvé.
D’un français digeste, au style simple et parfois comique, le pédagogue Ange, comme devant un auditorium, détaille les contours de la fiscalité, les techniques et astuces pour s’en sortir. «L’impôt est si présent dans la vie quotidienne des personnes physiques et morales qu’on est tenté de dire qu’il est diffus dans l’air qu’on le respire sans le voir. La presque totalité des transactions de biens comporte de la TVA diluée dans la plupart des opérations de vente et d’achat, même si sa présence, parfois envahissante, ne se remarque pas toujours. L’adage ne dit-il pas qu’«en ce monde, rien n’est certain, à part la mort et les impôts», paraphe-t-il. Et conscient de l’importance de la comptabilité dans l’entreprise, Ange, dans son opus édité par L’Harmattan Sénégal, estime qu’elle n’est plus à démontrer, mais à consolider.
«L’importance de la comptabilité pour la fiscalité, elle est indéniable. La fiscalité est à califourchon sur la comptabilité. Comptabilité et fiscalité sont deux disciplines indissociables, tantôt elles accordent si bien leurs violons qu’on dirait des larrons en foire, tantôt elles se comportent comme des ennemis intimes. Elles sont comme les deux faces d’une pièce de monnaie qui se tournent le dos, mais sont accolées l’une à l’autre, faites rouler la pièce et les deux côtés iront naturellement ensemble dans le même sens», dit-il.
Ex-Chef du Bureau de la Communication et des Relations avec le public au sein de la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID), Ange est une voix crédible quand il s’agit de parler du nouveau Code Général des Impôts. Et dans son ouvrage, il touche du doigt la hausse de l’impôt sur les sociétés qui continue de faire débats. Selon lui, l’impôt est la principale mamelle du budget de l’Etat. «L’Etat représente une sorte d’actionnaire privilégié qui s’arroge le bénéfice fiscal d’une société à hauteur de ce montant à travers l’impôt sur les sociétés, mais ne contribue pas aux pertes autrement que par l’octroi d’avantages tels que les reports déficitaires et les mécanismes d’amortissements, notamment dérogatoires», a-t-il dit.
Par ailleurs, il n’a pas manqué de saluer les nombreuses avancées qui ont été notées dans la loi 2012-31 du 31 décembre 2012 portant Code Général des Impôts et permis de lever des obstacles et d’abaisser des taux d’imposition, jugés élevés notamment celui des mutations immobilières passés de 15% à 10%. Selon M. Mancabou, cette baisse de taux doit aller de pair avec un élargissement effectif de l’assiette qui constitue une nécessité afin de mieux répartir les charges fiscales pour plus d’équité. La mise en œuvre d’une telle stratégie passe également par une rationalisation des dépenses fiscales surtout conventionnelles, une sorte de forêt dense, classée et impénétrable pour le fisc. «Le carnaval cannibale d’exonérations fiscales et le cortège des impôts et taux peu rentables doivent entamer une marche funeste vers le cimetière des exonérations farfelues et des impôts disparus», a-t-il conclu.
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