Pour accompagner la volonté du Roi en direction de l’Afrique, la Banque Centrale Populaire (BCP) se positionne comme un allié de taille. Mohamed Jouahri, Project Manager Afrique à la BCP, aborde avec REUSSIR, les nouvelles dimensions du Groupe, le partenariat Sud-Sud, etc.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis ingénieur de formation, diplômé de Centrale Paris, option Océanographie (exploitation en off-shore, hydraulique…). A l’époque, il n’y avait pas les écoles de commerce pour faire un 3ème cycle ou un master. On m’avait recommandé un passage par la banque pour affiner mon diplôme. C’est ainsi que j’ai intégré le Crédit Lyonnais en France, puis le Crédit du Maroc pour lequel j’ai travaillé pendant une dizaine d’années. Par la suite, j’ai monté le groupe JMA Conseil dans l’édition spécialisée (Finance news, Autonews…), avant de revenir au Crédit du Maroc pour prendre en charge la banque d’investissement qui englobait la société de bourse, la société de gestion d’actifs, la gestion de patrimoine et le marché des capitaux. En 2006, j’ai été nommé à la tête de Maroc Soir, premier groupe de presse au Maroc et éditeur, entre autres, du quotidien francophone Le Matin du Sahara et du Maghreb.
C’est en avril 2014 que j’ai intégré le Groupe Banque Populaire, en qualité de Project Manager Afrique, en charge du réseau Banque Atlantique et des filiales en Guinée et en Centrafrique.
Quelle lecture avez-vous du partenariat maroco-africain ?
Personnellement, je suis un fervent partisan de ce partenariat Sud-Sud. J’ai eu l’occasion d’ailleurs et le plaisir de me déplacer en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Togo, au Bénin et au Burkina Faso. Il y a un réel potentiel d’échanges, dans un esprit gagnant-gagnant, basé sur la mise en œuvre de toutes les complémentarités que pourraient offrir de tels partenariats.
Dans cette optique, nous ambitionnons de créer de vraies passerelles entre la maison-mère (BCP) et ses filiales africaines, notamment en ce qui concerne la gestion et la mobilité des ressources humaines. Plusieurs jalons ont déjà été posés à cet effet. Par exemple, depuis quelques années, nous recrutons de jeunes lauréats subsahariens issus d’écoles marocaines que nous formons et acclimatons à la culture d’entreprise du Groupe Banque Populaire. Selon les besoins, certains d’entre eux sont affectés à des postes à responsabilités au sein de nos filiales en Afrique subsaharienne. Et nous comptons poursuivre cette politique, compte tenu notamment de l’importance du capital humain dans notre stratégie de développement.
Plus globalement, le focus sur l’Afrique semble donc découler d’une volonté politique très forte…
Exact ! Dans tous les secteurs et pour tous les opérateurs économiques, on note une réelle volonté d’aller vers l’Afrique. Il faut savoir que chaque jour, chacun œuvre à concrétiser ce partenariat en lui donnant toute la place qu’il mérite. Il y a de la transformation et on est en train de vivre des réussites. Aujourd’hui, la satisfaction commune est surtout dans les échanges culturel et humain… Demain, elle le sera tout autant sur les volets commercial, économique, industriel et financier. C’est cet esprit constructif que nous arrivons à faire passer et qui dépasse un simple retour sur investissement en numéraire.
Quelle est la stratégie de la BCP pour mettre en œuvre cette vision royale ?
Notre volonté à la BCP, c’est d’accompagner le développement socio-économique de ces différents pays où nous sommes présents, voire dans d’autres pays. Le mot d’ordre, c’est l’accompagnement et le financement du développement socio-économique, par l’intermédiaire d’opérateurs marocains ou locaux. L’important, c’est de prendre le projet présenté, indépendamment du porteur ou de sa nationalité. Nous nous attachons plus au projet, à sa finalité et à sa valeur ajoutée. D’ailleurs, en regardant nos financements en Afrique, nous sommes très présents dans les projets d’infrastructures. C’est la manière la plus palpable et la plus concrète de participer au développement économique en soutenant et en accompagnant des projets structurants.
Parlant de retour sur investissement, vous disiez qu’il va au-delà du financier. Alors, quelles sont vos autres satisfactions ?
Notre satisfaction, c’est de conforter la dimension internationale de notre groupe. En effet, en Europe, le groupe n’est plus à présenter, et, depuis le dernier trimestre 2014, nous avons renforcé notre présence en Amérique du Nord par l’ouverture d’un Bureau de représentation à Washington, devenant ainsi le premier groupe bancaire marocain à jouir d’une présence effective aux USA. Mais nous ne saurions prétendre à un statut de groupe international si nous ne disposions pas au préalable d’un fort ancrage continental.
L’Afrique étant plurielle, vous n’avez pas eu, quelque part, des contraintes ou contingences qui ont empêché ou retardé vos projets ?
Franchement, non. J’ai participé en 2014 à la mise en place de deux plans de développement ou de transformation de 2 banques, la BATG (Togo) et la BASN (Sénégal). Nous n’y avons rencontré aucune difficulté particulière. Au contraire, tout s’est plutôt bien passé.
L’autre motif de satisfaction reste le sentiment partagé avec nos collègues d’Afrique subsaharienne de leur pleine appartenance au Groupe.
Alors, ces filiales africaines pèsent-elles lourd en termes de chiffre d’affaires consolidé ?
La contribution est réelle à tous les échelons de notre compte d’exploitation et à tous les niveaux de notre business. Une contribution palpable et évolutive.
Parlant du partenariat Sud-Sud, beaucoup de groupes marocains vont vers l’Afrique subsaharienne, mais n’est-ce pas un partenariat à sens unique ?
Aujourd’hui, les Marocains partent vers l’Afrique subsaharienne mais nos portes restent également ouvertes à nos amis africains qui seraient intéressés par le potentiel d’investissement qu’offre le Royaume.
Certes, en regardant l’évolution des investissements directs étrangers au Maroc, on constate que le ratio des investissements africains reste faible, mais on peut y remédier… C’est dans ce sens que nous avons co-organisé l’année dernière une opération B to B in Africa, l’idée étant de permettre à une centaine d’opérateurs marocains clients ou non de nos dix Banques Populaires Régionales de nouer des contacts d’affaires avec leurs homologues des pays africains concernés par cette mission de prospection.
Notre savoir-faire, c’est de trouver des solutions aux préoccupations des entrepreneurs. La BCP se positionne ainsi dans une démarche volontariste, pour débloquer tous les obstacles et pour que les investissements soient croisés. Nos partenaires nous font confiance et nous les accompagnons, sur le terrain, avec beaucoup de diligence et d’efficacité.
Ce partenariat étant une réalité sur le terrain, à quoi peut-on s’attendre, les prochaines années ?
Nous sommes au début d’une belle aventure et tous les ingrédients sont là pour qu’elle demeure encore fructueuse, dans le respect d’intérêts partagés.
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