Etat laïc, malgré l’enracinement des religions endogènes dont le Vodou, le Bénin est frappé de plein fouet par le syndrome de la foi, manifesté par la prolifération des religions et autres sectes, financées par la sueur des fidèles.
Au nom de la foi, de la liberté de la religion et des croyances, les lieux de prière et cultes naissent tels des champignons sur le territoire béninois. Au rang des prédicateurs, pasteurs, venus en général, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Congo, figure un cas atypique. Une déesse. Béninoise et résidant au Bénin, dans une bourgade du centre-est, à Covè. «Je suis Dieu, Esprit Saint, le Père…», assène, sans coup férir, Parfaite, née le 18 avril 1990 d’un père instituteur.
Au cours de ses rassemblements, cette déesse autoproclamée vend à ses fidèles, à toutes occasions, des posters, écharpes, porte-clés à son effigie. Elle draine du monde à sa cause. Elle a des évêques et cardinaux de l’église catholique. Des croyants, des créatures sur lesquelles elle affirme avoir droit de vie et de mort.
Chapeau rouge, voix autoritaire, la déesse tient en haleine ses fidèles à qui elle ordonne ce qui lui semble divinatoire. Elle voue aux gémonies les pratiques Vaudou et l’Eglise catholique romaine dont elle use des attributs.
Pour le sociologue, Ildévert Koffi Adomou, l’existence de «gourou» dans l’ordre religieux contemporain est dans la normalité avec la disparition progressive des fondamentaux de la tradition endogène.
«Des Béninois, qui ont toujours violé à dessein certaines règles coutumières, pourront croire que le salut se trouve auprès d’un gourou», justifie-t-il.
Sur le terrain des religions révélées, les vagues de fidèles se côtoient sans s’accommoder de la vision mercantiliste des fondateurs de ces lieux de culte, présentés comme des sanctuaires où se délivrent les âmes des brebis égarées.
Winner Chapel, Eglise des âmes déchaînées, Union des affranchis en Eternel, Union des renaissants d’homme en Christ, etc. les dénominations diffèrent et convergent vers une finalité au nom de la liberté de religion : attirer des fidèles, des croyants pour que vive la laïcité dans l’Etat.
Prolifération des lieux de cultes et de prière
- Adomou, sociologue, estime que les exigences légales constituent le terreau de cette prolifération des lieux de cultes se chiffrant à près de 200 dans les villes du Bénin.
Selon le recensement de la population de 2002, il y a 27% de catholiques, 24% de musulmans, 17% pratiquant le culte Vaudou, 6% des religions traditionnelles locales et 5% le Christianisme Céleste.
Pour le financement, tout y passe. Des confessions religieuses créent des écoles privées, des institutions de microcrédit, des infrastructures génératrices de revenus. Si l’Eglise catholique excelle en la matière, il faut noter que Bethesda, Pepco est une institution confessionnelle qui intervient, de façon onéreuse, dans les soins de santé, le micro crédit, l’assainissement urbain.
Une subvention de 500 millions FCFA est octroyée par l’Etat, sous l’ère de Boni Yayi comme ‘‘soutien aux confessions religieuses’’ (chrétiens, musulmans et religion traditionnelle). Un soutien que le Clergé catholique a toujours rejeté…
Mais malgré ses nombreuses institutions qui lui procurent des revenus, les évêques du Bénin ont organisé en mai 2016, un «Téléthon » pour collecter des fonds pour financer des œuvres sociales et caritatives. «Les charges augmentent tandis que les aides extérieures diminuent», explique le père Éric Okpéicha,
«Pour 2016, ces fonds serviront à renouveler et à construire des infrastructures dans les séminaires, une maison de retraite pour les prêtres, un centre de formation dans chaque diocèse, poursuivre la construction de salles de classe», explique-t-il.
Tandis que plusieurs paroisses des religions révélées sont construites à la sueur du front des fidèles, les mosquées, environ un millier, sont construites avec l’aide des partenaires étrangers dont essentiellement l’Arabie saoudite et des ONG islamiques.
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