Le dynamisme du secteur privé marocain ne fait plus l’ombre d’un doute avec l’émergence de grands groupes privés grâce, en grande partie, à l’Etat et un Souverain protecteur.
Si le secteur privé marocain a conquis, ces dernières années, plus de parts de marchés en Afrique jusqu’à concurrencer les multinationales, c’est bien parce qu’ils ont un soutien de taille en la personne du Roi, himself. Mohamed VI n’a pas du tout ménagé ses efforts pour aider à bâtir un secteur privé fort, capable de jouer dans la cour des grands. La démarche a consisté d’abord à mettre en place un environnement des affaires de classe internationale permettant aux privés de se développer. Ensuite, les accompagner via un système bancaire et financier modernisé et au cœur des enjeux de développement. L’idée était de fédérer les intérêts communs des entreprises pour booster leur compétitivité et défendre un label «made in Maroc» à l’international.
L’administration fiscale a aussi joué le jeu et appuyé le secteur privé au niveau de l’investissement et de l’entrepreneuriat par des réformes d’envergure (baisse des taux d’imposition) qui ont permis une simplification et une modernisation du système. Les autorités ont incité les entreprises à mettre en œuvre bonnes pratiques en matière de gouvernance, améliorant ainsi l’environnement des affaires.
Promouvoir des «champions nationaux»
D’après Jeune Afrique, Khalid Oudghiri, ancien patron d’Attijariwafa Banka, le premier, utilisé le terme de « champion national » pour exprimer sa volonté de créer un mastodonte bancaire capable de rivaliser avec les concurrents à capitaux étrangers et, plus tard, d’élargir son influence à l’international.
Grâce au financement d’Attijariwafa Bank, Moulay Hafid Elalamy (à l’époque président du groupe Saham, aujourd’hui ministre du Commerce et de l’Industrie) a pu racheter la compagnie d’assurances CNIA, pour 500 millions de dirhams (près de 45 millions d’euros). Une étape décisive dans l’émergence de Saham Assurances, devenu aujourd’hui le 1er assureur du continent avec une présence dans 23 pays avec un chiffre d’affaires de 1,1 milliards USD en 2014.
La politique des champions nationaux se fait toujours au détriment de la libre concurrence. Mais c’est un passage quasi inévitable pour un pays qui veut consolider son économie et la mettre sur les rails de l’internationalisation. Si les Coréens et les Japonais sont devenus les superpuissances économiques que l’on connaît, c’est en grande partie grâce à leurs géants industriels, qui ont longtemps été protégés et soutenus par les pouvoirs publics.
Le Maroc se distingue par le dynamisme de son secteur des télécommunications à travers une libéralisation maîtrisée qui a permis à son opérateur historique de tenir le coup, au moment de la libéralisation. Privatisé en 2001, Maroc Télécom a profité d’un long état de grâce pour asseoir son leadership avec 10 filiales africaines contribuant +40% aux résultats. Abdessalam Ahizoune, son PDG, prédit un groupe international avec +50% des bénéfices réalisés hors du Maroc.
Dans le secteur des assurances, le Maroc joue les grands rôles à côté des pays comme le Nigéria ou l’Afrique du Sud. Wafa Assurances, Axa Assurances Maroc, Cnia Saada Assurances y sont des figures de proue. Elles ont réussi leur internationalisation autant dans le reste de l’Afrique qu’au Moyen Orient.
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