Dans quelques mois, vos compagnies seront tenues de procéder à des arrêtés semestriels, à l’instar des autres acteurs du secteur financier. Etes-vous préparés à franchir ce cap ? Quelles sont les difficultés constatées chez vos membres ? Quelles sont les mesures d’accompagnement apportées par la Fédération et les autorités pour permettre de franchir ce cap ?
Les arrêtés intérimaires des comptes entrent dans les prescriptions améliorant la perception précoce des problèmes. De ce fait, les dirigeants sont en mesure de prendre les mesures requises avec de meilleures chances de succès. Les compagnies s’adaptent aux contraintes. Et certains de nos membres sont déjà confrontés à la confection d’états trimestriels. Si le besoin se fait sentir à l’échelle du marché ou de la FANAF, nous pourrons proposer l’organisation de formations appropriées.
Le contrôle de la CIMA est jugé un peu trop directif et pas assez prospectif par la plupart des sociétés. Comment appréciez-vous ce contrôle ? Quelles sont les améliorations que vous souhaiteriez voir apportées dans les relations avec cette institution ?
Le contrôle s’exerce dans le but ultime de défendre l’intérêt des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurance. S’il ne peut que porter sur des états définitifs, sa vocation ne l’implique que secondairement dans l’appréciation de nos projets, quand le commencement d’exécution de ceux-ci impacte l’intérêt du public.
Généralement, le contrôle nous apporte cette appréciation extérieure d’une autorité gardienne de la norme. Sans aller jusqu’à l’effet préventif de la peur du gendarme, la perspective du contrôle légal spécialisé et son exercice continu à la naissance de nos sociétés, au cours et à la fin de chaque exercice, l’élargissement de la norme à l’imposition de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise nous habituent à servir l’intérêt général à travers nos actes de gestion courante.
Cela dit, les marchés de la CIMA ont des spécificités qui sont mises en évidence quand des contrôleurs disqualifient certains actifs de la dignité de pouvoir constituer des garanties suffisantes pour le public. Il est classique de relever la sévérité qui fait refuser la valeurdes actions gratuites attribuées, comme des plus-values renforçant nos actifs. Dans le cas particulier du Sénégal, où les droits réels immobiliers tels que le bail emphytéotique sont de véritables valeurs marchandes, leur admission forcée en non-valeur ne rend pas compte de la réalité économique nationale.
De façon générale, le contrôle nous apporte cette appréciation extérieure d’une autorité gardienne de la norme. Sans aller jusqu’à l’effet préventif de la peur du gendarme, la perspective du contrôle légal spécialisé et son exercice continu à la naissance de nos sociétés, au cours et à la fin de chaque exercice, l’élargissement de la norme à l’imposition de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise d’assurance nous habituent à servir l’intérêt général à travers nos actes de gestion courante.
Cela dit, les marchés de la CIMA ont des spécificités, qui sont mises en évidence quand des contrôleurs disqualifient certains actifs de la dignité de pouvoir constituer des garanties suffisantes pour le public : il est classique de relever l’excès de sévérité qui fait refuser la valeurdes actions gratuites attribuées, comme des plus-values renforçant nos actifs ; et dans le cas particulier du Sénégal, où les droits réels immobiliers tels que le bail emphytéotique, sont de véritables valeurs marchandes, leur admission forcée en non-valeur ne rend pas compte de la réalité économique nationale.
Le Sénégal enregistre, depuis trois ans, des accidents de la circulation très meurtriers. Pouvez-vous nous parler des initiatives que vous avez prises pour endiguer ce fléau qui dégrade les résultats de vos membres ? Qu’en est-il des accidents causés par les camions maliens ?
Avec le concours de partenaires professionnels de l’automobile et des carburants, le marché dispose d’une Nouvelle Prévention Routière soutenue par les assureurs automobiles. En cette matière, nous avons le bonheur de disposer d’équipes imaginatives et efficaces qui portent sur les terrains des grands flux de migration routière, les messages et les moyens de la prévention. C’est le cas lors des grands rassemblements religieux, encadrés par les équipes de la NPR. Celle-ci participe régulièrement à des émissions radio et télé, aussi à des campagnes de sensibilisation de proximité avec le concours des organisations de chauffeurs professionnels.
Quant aux accidents causés par les gros porteurs maliens, leur traitement correct fait l’objet de la plus grande attention de notre part, car l’importance économique de ce flux de transport mérite des mesures d’accompagnement. Notre Bureau National de la Carte Brune, qui gère l’assurance de ces véhicules, va connaître d’importantes réformes qui nous permettront de disposer des moyens de soulager rapidement les victimes locales de ces véhicules, pour exercer ensuite, en professionnels, des recours contre les assureurs maliens de responsables. Cette action sera concrétisée par un accord avec le Comité des Compagnies d’Assurance du Mali (CCAM) et devrait rentrer bientôt en application.
En février dernier, notre compatriote Adama Ndiaye, PCA d’AMSA Assurance Vie, a été porté à la présidence de la FANAF ? Que représente cette élection pour le marché sénégalais ? Quelles sont les retombées attendues ?
C’est avec fierté que nous avons participé à l’élection de notre compatriote Adama Ndiaye à la présidence de la FANAF. Nous connaissons bien le brillant parcours universitaire et professionnel d’Adama. Son élection ne nous surprend pas. Il illustre, aujourd’hui, la place importante du Sénégal dans le marché de la CIMA et la continuation d’une tradition d’excellence attachée aux cadres de ce marché, qui justifie la confiance qu’ils inspirent. Des prédécesseurs méritants d’Adama ont, en leur temps, marqué des changements majeurs dans l’organisation du secteur à l’échelle régionale et qui étaient de véritables révolutions.
Avec un Sénégalais à la tête de la FANAF après le Président Diouldé Niane à qui tout le monde reconnait la paternité de la réanimation et de la viabilisation d’un organisme mort-né, Adama aura à relever le défi d’incarner, à son tour, l’entrée de l’organisation dans une ère nouvelle et la poursuite d’une tradition de vaillance pour nos ambassadeurs sur le front régional, au service des entreprises du marché.
Les retombées, que nous attendons de la nouvelle FANAF, conduisent au renforcement de la présence des assureurs et de leurs organisations dans les sphères de décision publiques régionales, afin d’obtenir la domiciliation effective de l’assurance, sur place, des risques locaux ainsi qu’un renforcement de la pénétration de l’assurance dans les économies de nos pays membres.
L’image de l’assurance auprès du public n’est pas toujours très bonne. La plupart des personnes interrogées ne croient pas en l’assurance. Quelles stratégies comptez-vous déployer pour gagner la confiance des assurables ?
L’image de l’assurance est faible et brouillée parce que l’assurance est faible, concerne trop peu de personnes, n’est pas encore pour le plus grand nombre, le moyen de recevoir les marques de solidarité des autres, en cas de besoin. La bataille doit être menée sur deux fronts : élargir le champ des risques assurables obligatoirement et apporter une meilleure qualité de service après-vente dans les risques de masse, comme l’assurance automobile
Votre opinion sur le projet gouvernemental de rendre l’IPM obligatoire, une offre privée au détriment de l’assurance-maladie qui est de même nature et avec des résultats plus probants ? Enfin, quelle est votre appréciation de la politique gouvernementale de la Couverture Maladie Universelle (CMU) ?
Les avancées sociales envisagées légitimement par le Gouvernement au profit des populations ou des salariés devraient certainement tenir compte des expériences de succès et d’échec, ainsi que des capacités actuelles de mise en œuvre ou des avantages acquis par quelques travailleurs. La CMU ne pourrait, en tout état de cause, être introduite que progressivement. En tout cas, conscients de leur rôle social, quelques entreprises nationales ont créé un Pool de micro-assurance Santé qui entend mettre la technique de l’assurance au service d’une généralisation progressive et responsable de l’accès à des soins payants.
Quant à l’imposition des IPM aux entreprises ayant +300 travailleurs, prévue par le décret 2012-832 du 07 Août 2012, notre fédération avait, en son temps, attiré l’attention de l’Autorité sur le fait que, face aux difficultés des IMP à honorer leurs engagements, certaines entreprises, ayant les moyens de leur politique sociale, ont eu recours aux produits d’assurances pour se couvrir en cas de maladie ou d’accident de leur personnel. La sauvegarde des avantages acquis par le personnel ne manquera pas de créer de réelles difficultés d’application. Face à celles-ci, nous semble-t-il, la sagesse commande, sans doute, de remplacer l’obligation de créer une IPM par la faculté de procéder à ces créations, dans la mesure où l’objectif recherché est de garantir l’effectivité des prises en charge de la santé du personnel et de leur famille.
En tant qu’investisseurs institutionnels, quelle pourrait être la contribution des assureurs dans le financement et la couverture des risques relatifs à la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent ?
Le Sénégal était engagé dans une Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES), reconvertie et élargie pour devenir le Plan Sénégal Emergent (PSE). Celui-ci nécessite, notamment «le redressement des finances publiques, le développement de l’épargne intérieure et son orientation vers des outils incitatifs». Il faut relever que la priorité, dans ce plan, a été donnée à trois axes, dont le premier est consacré à la croissance, la productivité et la création de richesses.
Le financement du programme semble beaucoup espérer de l’évolution favorable de la micro finance, comme pourvoyeuse d’épargnes individuelles. Les assureurs vie, en tant que réceptacle de l’épargne des entreprises formelles, ont certainement leur place dans la couverture des besoins exprimés et le dispositif de suivi mis en place. Car l’Etat, par touches successives, a mis en place des mécanismes d’incitation fiscale puissants pour capter l’épargne des employeurs au profit de leurs salariés. Tout le monde est aujourd’hui, sensibilisé au risque de la réduction drastique des revenus, la retraite venue. Les entreprises et les salariés sont aussi de plus en plus conscients de l’intérêt qui peut être tiré, par chacun d’eux, de l’externalisation des Indemnités de Fin de Carrière (IFC).
D’ici la fin du Plan d’Actions Prioritaires (PAP), qui le 1er quinquennat du PSE, on peut estimer que les salaires du secteur formel vont passer de 700 à 900 milliards FCFA l’an. Avec une généralisation progressive de la retraite complémentaire, même limitée à 5% de part patronale et 5% de part ouvrière, d’une part, et d’une IFC concernant seulement 20% de la masse salariale créditée d’une ancienneté moyenne de 5 ans, l’épargne collectée en interne dépassera 400 milliards sur 5 ans.
En plus de la sécurité et du transfert de risque que nous réalisons pour les entreprises et les salariés, grâce à la nouvelle fiscalité, la nouvelle situation nous donne, avec une nouvelle dimension, les moyens de mettre à la disposition du secteur productif une capacité de financement considérable.
Les assureurs doivent donc être pleinement associés à ce grand chantier national, à son orientation et à son financement. Et pas seulement à la couverture de risques assurances, notamment dans le cadre de l’assurance-construction.
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